Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-ès-Liens
L'église Saint-Pierre-ès-Liens se situe à Calviac-en-Périgord, dans le département de la Dordogne. Calviac a connu une vie religieuse importante au haut Moyen Âge avec le monastère dit de Calabre ; selon Jean Tarde, ce monastère comptait quarante moines et avait été restauré par saint Sacerdos. L'abbaye de Calabre fut ruinée par les invasions sarrasines et normandes aux VIIIe et IXe siècles et rattachée à l'abbaye de Sarlat au IXe siècle. Elle apparaît dans la bulle du pape Eugène III de 1153 sous le nom de curia Calabro et était probablement située au lieu-dit Sainte-Radegonde, où existait la paroisse de Calviazès aujourd'hui disparue. Les reliques de saint Sacerdos furent transférées à l'abbaye de Sarlat entre 945 et 980 par un clerc nommé Hubert, acte lié au changement de nom de l'église de Saint-Sauveur à Saint-Sacerdos.
L'église de Calviac dépendait du diocèse de Cahors et comprenait l'annexe de Sainte-Modane. Elle est mentionnée comme donnée à l'abbaye de Sarlat vers 1128, à la fois par les doyens de Souillac et dans un acte du diocèse de Cahors attribué à l'évêque Guillaume II ; elle figure également dans la bulle d'Eugène III sous la dénomination Ecclesia St. Martini de Calviaco. Le pape Alexandre III confirma en 1170 les possessions de Sarlat en rappelant le don de Guillaume de Cahors des églises Saint-Pierre et Saint-Sernin, cette dernière correspondant à une chapelle aujourd'hui disparue au sein de l'église. Le prieuré de Calviac fut uni, à la demande de l'abbé Bernard V de Vaux, au prieuré de Temniac par le pape Clément V, et en 1334 le prieur Guillaume de Sandreux (ou Cedrieux) fut élu évêque de Sarlat.
Le plan de l'édifice est complexe et traduit ses évolutions successives. À l'est subsiste une travée de chœur rectangulaire du XIIe siècle, voûtée en berceau brisé ; le mur oriental porte dans sa moitié sud un arc en décharge brisé, signe que l'édifice devait se prolonger vers l'est. Le chœur communique par un arc ogival avec la nef sud, qui paraît également dater du XIIe siècle, et une porte en plein cintre au sud a été obstruée. Après les destructions liées à la guerre de Cent Ans, l'église fut restaurée au XVe siècle : une seconde nef nord, composée de deux travées voûtées d'ogives, y fut ajoutée et une tour-escalier circulaire fut installée à la jonction des deux nefs, à l'extérieur. Un clocher fortifié fut élevé sur la première travée gothique, sa partie supérieure ayant été remontée au XVIIe siècle et percée de quatre baies.
Un portail gothique fut ouvert à l'ouest au XIVe siècle puis remanié au XVIIe siècle pour la nef romane. Les baies de l'église sont peu nombreuses et leurs parties supérieures présentent une sculpture trilobée. Le pouillé de 1526 indique que l'église était à la disposition de l'évêque de Sarlat et placée sous le patronage de François de Salignac, comte de Lamothe-Fénelon. Au XVIIe siècle, la nomination d'un abbé suscita une protestation de l'évêque de Sarlat, et en 1663 un rôle fut établi pour lever un impôt destiné aux réparations de l'église. Pendant la Révolution, le curé dut se cacher ; retrouvé, il fut conduit à pied à Sarlat, sans qu'aucun document n'atteste une condamnation par un tribunal révolutionnaire. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 18 septembre 1970.
