Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-ès-Liens
L'église Saint-Pierre-ès-Liens, à Clairac (Lot-et-Garonne), est l'ancienne église abbatiale de l'abbaye bénédictine dont l'origine remonte au VIIIe siècle. Sa construction a commencé à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle et son plan, comparable à celui de Moirax, était à trois nefs. Des vestiges médiévaux subsistent notamment au nord : le mur de la nef percé d'un portail roman, une absidiole, un pilier du transept et le clocher, attribués à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle. L'abside et l'absidiole sud ont été détruites au XVIe siècle, et une chapelle gothique a été greffée à l'extrémité du bras nord du transept, peut‑être au XVe siècle. L'abbaye et l'église ont souffert des guerres et des troubles religieux des XVe et XVIe siècles : pillages, destructions et départ massif de religieux sont signalés. En 1604-1606 l'abbaye fut rattachée au chapitre de la basilique Saint‑Jean‑de‑Latran ; le chanoine Paolo (Paul) Garganti, envoyé comme administrateur, entreprit au début du XVIIe siècle la remise en état des bâtiments. De cette campagne de restauration datent vraisemblablement la reconstruction de la façade, le mur sud de la nef, le chevet et le pilier sud du chœur, dans lequel fut aménagé un escalier en vis. Le mobilier a été reconstitué par Paolo Garganti après 1606, puis en grande partie disparu pendant la Révolution, pour être à nouveau reconstitué au XIXe siècle ; un buste‑reliquaire de saint Pierre a peut‑être été conservé. L'édifice, très dégradé après la Révolution — l'abbaye ayant été saisie en 1792 et vendue en 1799 — a fait l'objet de plusieurs campagnes de restauration au XIXe siècle : une estimation pour la façade fut dressée en 1824 par l'architecte bordelais Corcelles avec le maçon François Réservat, puis des travaux d'embellissement intérieur et de restauration eurent lieu en 1840‑1841 sur devis des architectes Chancel et Edouard Dachan. La charpente des nefs fut refaite à neuf et des fausses‑voûtes réalisées par le charpentier Jean Mounié fils, de Tonneins ; la façade a été restaurée de nouveau en 1863. Le chœur fut orné en 1842 d'un baldaquin surmontant un autel en marbre du XVIIIe siècle. L'orgue de tribune construit par Jules Magen en 1846 a été restauré en 1985 par Alain Thomas puis fait l'objet d'un important relevage en 2003 par Daniel Birouste. Le décor en trompe‑l'œil du cul‑de‑four est probablement l'œuvre de Giovanni Carlo Masutti vers 1936‑1937. Le maître‑autel, originaire de l'abbaye bénédictine d'Eysses, a été mis en place en 1988. La suppression de l'enduit intérieur et la réfection du pavement datent des années 1990. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 1er juillet 1996.