Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-ès-Liens
L'église Saint-Pierre-ès-Liens est une église catholique paroissiale située à Condécourt (Val-d'Oise), inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 6 juillet 1925 et rattachée aujourd'hui à la paroisse Avernes et Marines, où les messes dominicales ne sont célébrées que deux ou trois fois par an. Son architecture simple, à un seul niveau d'élévation, résulte de la juxtaposition de quatre espaces carrés issus de campagnes de construction distinctes : la base du clocher (fin du XIe siècle), le premier étage octogonal de style roman archaïque (début du XIIe siècle), le chœur gothique (second quart du XIIIe siècle) et une nef rustique datée du XVIIIe siècle, tandis que le second étage du clocher a été ajouté à la période gothique. La base du clocher, englobée aujourd'hui dans des constructions postérieures, conserve des arcades en plein cintre retombant sur des impostes ornées de dents-de-scie et une voûte d'arêtes caractéristique du roman primitif. Le premier étage octogonal présente des baies flanquées de colonnettes à chapiteaux, certaines torsadées et octogonales, et le second étage, plus sobre, est percé de baies en arc brisé entourées d'un tore et coiffé d'une corniche moulurée. La chapelle de la Vierge, au nord du clocher, se termine par une abside en hémicycle dont la corniche, les contreforts et les fenêtres évoquent le tout début du gothique, tandis que les chapiteaux et les clés de voûte renvoient au début du XIIIe siècle, ce qui suggère une interruption du chantier ; sa voûte à trois branches d'ogives constitue une particularité. Située au centre du village, place de l'Église, dans le Parc naturel régional du Vexin français, l'église est entourée de l'ancien cimetière aujourd'hui converti en pelouse bordée d'arbres et domine les rues voisines depuis un haut mur de soutènement ; on y accède de plain-pied par la rue de Chaumont à l'ouest ou par un escalier au sud, et la RD 169 longe le chevet. Selon l'abbé Vital Jean Gautier, Condécourt aurait été érigé en paroisse au XIIe siècle et l'église porte pour patron saint Pierre ; sous l'Ancien Régime la paroisse relevait du doyenné de Meulan, de l'archidiaconé du Vexin français et de l'archidiocèse de Rouen, les collateurs de la cure étant alternativement les abbés du Bec et de Coulombs. La vieille nef romane a été démolie et remplacée, plus de cinq siècles après, par une grande salle carrée dont l'extérieur affiche un caractère néoclassique sobre tandis que l'intérieur demeure rustique ; l'utilisation de pierres de même teinte contribue à une certaine harmonie entre les parties très diverses de l'édifice. Extérieurement, la nef du XVIIIe siècle présente des murs enduits en moellons, des chaînages d'angle en pierre de taille imitant des pilastres avec bases et chapiteaux doriques simplifiés, un entablement continu et un portail occidental en plein cintre dont le tympan ajouré sert de fenêtre ; la façade sud comporte deux fenêtres en plein cintre encadrant une petite porte rectangulaire et le mur gouttereau nord est aveugle. Le clocher, installé au-dessus de la croisée, offre un plan octogonal rare dans la région et se distingue par la sobriété de son élévation, l'absence de colonnettes d'angle au premier étage et la variété des ornements des baies et des impostes, dont nombre sont aujourd'hui abîmés ou bouchés lors d'aménagements ultérieurs. À l'intérieur, l'église adopte un plan irrégulier légèrement dévié vers le sud-est : une nef carrée sans bas-côtés ouvre à l'est sur la base du clocher et une étroite travée qui communique avec le chœur, tandis que la sacristie occupe l'angle entre la nef et la chapelle ; l'on entre par le portail occidental ou par le portail latéral sud. La nef est une salle moyenne, lumineuse grâce à du verre blanc et dépourvue d'enduit sur les murs, avec un plafond en bois reposant sur solives et chevêtres et un sol pavé de tomettes ; la base du clocher, voûtée d'arêtes, abrite aujourd'hui le chœur liturgique et les arcades à double rouleau retombent sur des impostes décorées de dents-de-scie sans colonnettes. Le chœur, également approximativement carré, est couvert par deux voûtes qui reposent sur faisceaux de trois fines colonnettes à chapiteaux dont les corbeilles sont sculptées de crochets caractéristiques du second quart du XIIIe siècle ; les clés de voûte, percées et ornées de feuilles en bas-relief, témoignent d'une décoration sobre et les enduits conservent des traces de polychromie ancienne, notamment le bandeau noir d'une litre seigneuriale. L'intérieur de la chapelle de la Vierge, plus résolument gothique, associe arcs en plein cintre et arcs brisés : les nervures des voûtes sont reçues sur faisceaux de colonnettes, la première travée présente des faisceaux plus puissants et l'abside en hémicycle, à deux pans, est couverte par trois voûtains triangulaires et trois branches d'ogives ; les clés de voûte en rosace à feuillages dites « tournantes » renvoient à l'usage apparu au début du XIIIe siècle, et la modénature des chapiteaux et tailloirs situe le voûtement au premier quart du XIIIe siècle. Le mobilier est peu abondant et peu classé : deux cloches en bronze datées de 1507 et 1542 sont inscrites au titre des objets, tandis que l'église conserve notamment deux stalles individuelles dans le chœur, un grand cadre provenant d'un retable démantelé, un tabernacle à ailes de style rocaille orné de bas-reliefs et son dais, ainsi que deux petites statues en bois représentant des anges adorateurs attribuées probablement au XVIIIe siècle.