Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre et Saint-Paul
L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul d'Acy-en-Multien, dans l'Oise, est une église catholique paroissiale appartenant essentiellement à la période de transition du roman au gothique et datée du milieu du XIIe siècle. Derrière des abords sobres se révèle un édifice remarquable par sa cohérence stylistique, à l'exception du croisillon nord et de deux chapelles rectangulaires flanquant la seconde travée du chœur. La base du clocher, la partie la plus ancienne, possède l'une des voûtes d'ogives les plus anciennes du département et des chapiteaux archaïques, mais l'emploi de l'arc brisé rend peu plausible une datation antérieure à 1125. Le chœur, daté des années 1140, présente des chapiteaux et des voûtes d'ogives annonçant le style gothique primitif, tandis que la nef basilicale, élevée dans les années 1150, est nettement plus haute. La diversité des profils et des modes de mise en œuvre des voûtes témoigne des recherches esthétiques et techniques qui ont préparé le développement de l'architecture gothique. L'église a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 3 avril 1926. Située au centre du village d'Acy-en-Multien, la façade occidentale donne sur la rue de la Libération et un petit parvis, la rue de l'Église longe l'élévation méridionale, tandis que l'élévation septentrionale est enclavée dans une propriété privée. Le presbytère se situe devant le chevet et reste en grande partie visible depuis la rue. La date de fondation de la paroisse demeure incertaine ; la tradition évoque vers 1010 sans source confirmant cette date, et sous l'Ancien Régime Acy relevait du diocèse de Meaux. Le village a longtemps été siège d'un doyenné et d'une seigneurie importante, ce qui explique sans doute l'ambition architecturale de son église. Outre l'église paroissiale, la paroisse comptait autrefois plusieurs chapelles et établissements religieux, dont des chapelles dédiées à saint Leu et Saint-Prix, un ermitage au XVIIIe siècle et une maladrerie. À la Révolution et au Concordat, les limites diocésaines ont évolué, et la paroisse appartient aujourd'hui au diocèse de Beauvais ; l'église est rattachée à la paroisse Sainte-Jeanne-d'Arc du Multien et reçoit des messes dominicales une à deux fois par mois. Les campagnes de construction commencent par la base du clocher au premier quart du XIIe siècle, puis, à partir des années 1140, la reconstruction générale qui débute par le chœur se poursuit par la nef et les bas-côtés dans les années 1150 ; le troisième étage du clocher octogonal est sans doute réalisé dans les années 1160. Plus tard, des arcades sont ouvertes dans la seconde travée du chœur et deux chapelles rectangulaires y sont ajoutées, avec des réfections attribuées respectivement aux XIVe et XVIe siècles pour les chapelles nord et sud selon certaines observations. La flèche de pierre du XVe siècle a imposé des renforts et bouchages de baies du clocher en raison d'un déséquilibre entre la charge et l'épaisseur des piles du XIIe siècle. L'église suit un plan globalement symétrique et simple : une nef flanquée de bas-côtés, une croisée du transept servant de première travée du chœur avec la base du clocher au sud et un croisillon au nord, une seconde travée de chœur, une abside en hémicycle peu profonde et deux chapelles latérales. Excepté l'abside couverte d'un plafond plat, l'ensemble est voûté d'ogives et chaque vaisseau du chœur ainsi que la nef reçoivent des toitures indépendantes à deux rampants, les bas-côtés étant couverts en appentis. La nef, composée de trois travées barlongues, atteint environ 11 mètres sous clef pour une largeur d'environ 7 mètres ; ses élévations sont organisées sur trois niveaux et ses fenêtres en plein cintre, en grande partie obturées par l'exhaussement des toitures des bas-côtés, laissent la nef relativement sombre. Les voûtes montrent une grande variété de profils d'ogives et d'arc-doubleaux, des colonnettes et chapiteaux sculptés de feuilles d'acanthe, de feuilles d'eau, de palmettes et de motifs animaliers, tandis que beaucoup de sculptures sont altérées par l'humidité et le salpêtre. Les bas-côtés présentent une architecture plus massive, des doubleaux non moulurés et des ogives retombant sur des culs-de-lampe, avec des culs-de-lampe sculptés de têtes et de motifs végétaux qui sont parfois mutilés. Le chœur, plus étroit et moins élevé que la nef, s'ouvre sur un arc triomphal en arc brisé à double rouleau ; ses chapiteaux, d'une grande qualité, portent feuilles d'acanthe, palmettes, volutes et petits masques, et certains rappellent la sculpture de la cathédrale de Senlis. La base du clocher, de plan approximativement carré et très basse, communique avec les travées voisines par trois arcades à double rouleau et conserve des chapiteaux dont la diversité stylistique a été étudiée, certains éléments portant l'influence normande tandis que d'autres relèvent du Valois et du Soissonais. Le croisillon nord et les chapelles latérales présentent des voûtements et des baies remontant à différentes époques, les remplages flamboyants et certains réseaux évoquant des interventions postérieures à la période romane et des reprises jusqu'à la Renaissance ou au XIXe siècle. À l'extérieur, la façade et les élévations de la nef restent sobres, bâties en pierre de moyen appareil, tandis que le clocher, avec son troisième étage octogonal et la flèche du XVe siècle, constitue l'élément le plus remarquable mais a nécessité des réparations lourdes et des contreforts. Le mobilier comprend un retable baroque de la Vierge en bois peint et doré, un grand tableau représentant l'Assomption, des fragments de vitraux du milieu du XVIe siècle, un ancien maître-autel et un tabernacle de style rocaille, ainsi qu'une cuve de chaire à prêcher ornée de bas-reliefs représentant saints et apôtres. La base du clocher reste aujourd'hui interdite d'accès pour des raisons de sécurité et plusieurs chapiteaux des bas-côtés, rongés par l'humidité, n'ont pas été restaurés, de sorte que des problèmes d'humidité subsistent dans l'édifice.
