Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul
L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul est une église catholique paroissiale située à Fitz-James (Oise), en France. Elle a probablement été fondée par l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, qui fut collateur de la cure et entretenait un prieuré attenant, réuni à la paroisse en 1767. Les parties les plus anciennes de l'édifice remontent à la fin de la période romane, vers les années 1140 : il s'agit notamment de la base du clocher, qui conserve sa voûte d'ogives d'origine, de l'élévation extérieure de la travée suivante du chœur et de cinq contreforts. La façade romane existait encore au milieu du XIXe siècle mais a été largement réinventée lors d'une restauration dans la seconde moitié du XIXe siècle et présente aujourd'hui des éléments de pastiche architectural ; la corniche, deux fenêtres au nord de la nef et le clocher du XIIe siècle ont également été modifiés durant ces travaux, et l'intérieur de la nef reçoit désormais des voûtes néo-gothiques. La plus grande partie de l'église appartient toutefois à la période gothique flamboyante, principalement au second quart du XVIe siècle : le vaisseau sud qui double la nef principale, les dernières travées du chœur avec une abside à pans coupés et la chapelle seigneuriale au nord sont issus de cette campagne. Ces parties flamboyantes forment un ensemble stylistiquement homogène mais d'architecture assez courante ; l'originalité du monument tient davantage à son plan dissymétrique à deux vaisseaux. Les huit baies orientales conservent quatre verrières polychromes contemporaines de la construction et quatre fragments ou ensembles de fragments, et, avec les chapiteaux de la base du clocher, ces verrières constituent la principale richesse artistique de l'église. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 23 février 1951. Aujourd'hui Fitz-James est affilié à la paroisse du Cœur du Christ de Clermont et les messes dominicales y sont célébrées environ une fois par mois.
Située rue Jules-Ferry, à la limite est du bourg et à côté de la mairie, l'église ouvre sa façade occidentale directement sur le trottoir ; il n'y a pas de parvis sauf au sud de la première travée. L'édifice est entouré par le cimetière au sud, à l'est et au nord, et la proximité d'un garage au sud de la deuxième travée limite la vue d'ensemble de l'élévation méridionale, tandis que les autres faces restent dégagées et permettent de faire le tour du bâtiment. Orientée avec une déviation de l'axe d'environ 14° vers le sud au chevet, l'église présente un plan complexe : le vaisseau nord conserve l'église primitive qui avait été réservée au prieuré et comprend une nef originellement non voûtée de trois travées, la base du clocher servant de première travée du chœur voûtée d'ogives dès l'origine, puis des travées remaniées à la période flamboyante prolongées par une abside à trois pans et la chapelle seigneuriale au nord. Le collatéral sud, qui servit de nef des fidèles jusqu'en 1767, comprend six travées et se termine par un chevet plat ; une tourelle d'escalier octogonale occupe l'angle entre la quatrième et la cinquième travée et une sacristie se situe devant le chevet du collatéral. L'ensemble de l'église est aujourd'hui voûté d'ogives et on y accède par l'un des deux portails occidentaux ou par une porte nord de la chapelle ducale.
La base du clocher s'ouvre sur la nef par un arc triomphal en tiers-point à double rouleau et conserve une voûte d'ogives romane au profil très archaïque, sans formerets et aux ogives de section carrée aux arêtes chanfreinées, avec une clé de voûte en forme de petite rosace. Les chapiteaux de la base du clocher présentent une facture très particulière, apparentée à celle de Cauffry, et montrent des motifs variés — feuilles de nénuphare, palmettes, volutes d'angle et un motif énigmatique de deux serpents partageant une même tête encadrant un W — qui contribuent à l'intérêt monumental de cette travée. Seule la voûte de la base du clocher reste véritablement romane dans l'ensemble de l'édifice ; d'autres voûtements primitifs ont disparu ou ont été remaniés.
Le chœur flamboyant se compose de deux travées droites et d'une abside à trois pans éclairée par des fenêtres à réseaux élaborés ; les doubleaux et ogives présentent un profil caractéristique de la fin de la période gothique et la chapelle seigneuriale, comparable au chœur par la modénature, se distingue par une voûte à liernes et tiercerons et une abside à quatre voûtains. Le collatéral sud, presque aussi large et haut que la nef nord, affiche des proportions trapues ; ses voûtes sont en pierre, les ogives et doubleaux reprennent le vocabulaire tardif du XVe–XVIe siècle et, si les grandes arcades vers la nef semblent authentiques, plusieurs fenêtres latérales et la voûte de la nef relèvent de campagnes de restauration du XIXe siècle.
À l'extérieur, les murs sont largely en moellons tandis que contreforts, pourtours de fenêtres et parties hautes des absides sont en pierres mieux dressées ; quelques vestiges romans subsistent, notamment des contreforts d'angle et des fragments de corniche beauvaisine, mais la façade et plusieurs éléments ont été profondément remaniés au XIXe siècle. Une niche Renaissance ornée d'un dais héberge une statue de saint Pierre qui a perdu sa main droite et sa clé ; la façade et l'élévation méridionale du collatéral se lisent par un larmier, des contreforts saillants et de nombreux graffitis gravés, parmi lesquels une épitaphe datée du 10 août 1587.
Le mobilier comporte dix-huit éléments classés ou inscrits au titre des objets : huit verrières ou fragments de vitraux, six sculptures, deux plaques, un tableau et les fonts baptismaux. L'ensemble de verrières conservé est daté de la première moitié du XVIe siècle et réparti au chevet du collatéral sud, dans l'abside du vaisseau central, dans la chapelle ducale et au nord de la seconde travée de l'ancien chœur romain ; plusieurs verrières (notamment les numéros 0, 1, 2 et 5) sont presque entièrement anciennes et représentent des scènes telles que la Crucifixion, la Résurrection, la conversion de saint Paul, des saints et des donateurs ; elles ont été restaurées après 1918 puis par Claude Courageux en 1990, tandis que d'autres baies ne conservent que des fragments plus réduits (sainte Catherine, saint Sébastien, anges, etc.). Parmi les sculptures figurent une statue de saint Pierre en pierre du XVIe siècle (main et clé manquantes), une Vierge à l'Enfant en bois polychrome du XVIe siècle mesurant 104 cm, un Christ en croix en chêne du XVIIIe siècle, une Pietà en pierre provenant du cimetière et fortement érodée, un autre Christ en croix du XVIe siècle dans la chapelle ducale et un petit groupe représentant l'Éducation de la Vierge ; les fonts baptismaux sont taillés dans un monolithe octogonal attribué au dernier quart du XVe siècle et classés en 1925. La paroisse conserve également une plaque funéraire du curé Jean de Brie portant la date de sa mort, le 30 août 1607, une plaque en terre cuite datée de 1764 et un tableau du XVIIIe siècle représentant la Vierge à l'Enfant avec saint Nicolas et saint Benoît.
L'ensemble de l'église témoigne de campagnes successives où le roman, le gothique flamboyant et les réfections du XIXe siècle se lisent côte à côte, offrant un monument dont l'histoire architecturale et le mobilier conservent des éléments remarquables malgré les remaniements.