Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul
L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Fouesnant, dans le Finistère, est en grande partie de style roman et constitue l'église paroissiale de la commune. La paroisse est mentionnée dans le Cartulaire de Quimperlé (1084-1107), mais l'absence de sources rend difficile la datation précise de la construction romane : Anne Autissier y voit un édifice du premier tiers du XIIe siècle tandis que Marc Déceneux le situe dans la seconde moitié du XIIe siècle. L'édifice a connu de nombreuses modifications : la façade et les bas-côtés ont été refaits au XVIIIe siècle et le chevet actuel est moderne. Un porche méridional de style flamboyant réutilise probablement une porte du XVe siècle. Un calvaire a été érigé sur le placître en 1661 et une inscription apposée dans la sacristie porte la mention « M : A : PERROT/RECTEVR : 1747. ». Après l'effondrement du clocher central en forme de tour-lanterne à la suite d'un orage qui détruisit une partie du chœur en 1754, l'édifice fut restauré au XVIIIe siècle et la reconstruction du chœur commença l'année suivante. La tour-lanterne est attestée par l'existence d'un escalier contenu dans un pilier et par les amorces des voûtes. Au XIXe siècle, la façade occidentale fut reconstruite et coiffée d'un clocher ; de larges fenêtres furent percées dans les murs des bas-côtés et le chevet à pan coupé pourrait dater de cette campagne. La famille de Guernisac bénéficiait d'un droit de prééminence, attesté par des aveux de 1653 et 1683 et par un procès-verbal de 1776. François Henri de Franquetot de Coigny, propriétaire des terres du Mur Henvez et détenteur du droit de haute justice, était premier prééminencier peu avant la Révolution ; Louis-Jean-Marie de Kerret, seigneur de Quillien, avait le droit à deux tombes dans le sanctuaire. Une mission paroissiale se tint à Fouesnant du 15 au 28 juin 1890, selon une inscription sur le calvaire proche de l'église. L'église a été entièrement restaurée à la fin du XIXe siècle par Joseph Bigot et elle est classée au titre des monuments historiques depuis 1930. Le pardon se célèbre le dimanche suivant la fête de saint Pierre, le 29 juin. Extérieurement très remaniée, l'église ne laisse pas présager la richesse architecturale et sculpturale de l'intérieur, qui en fait l'un des édifices romans les mieux conservés de la région, avec celui de Loctudy. Le plan est en croix latine : trois vaisseaux se terminant par une abside polygonale flanquée de deux chapelles carrées; l'édifice est couvert par une charpente. La nef, longue de cinq travées, s'ouvre sur des bas-côtés étroits éclairés par de grandes fenêtres modernes; les grandes arcades de plein cintre à double archivolte, légèrement outrepassées, sont appuyées sur des piles composites présentant diverses combinaisons de colonnes et colonnettes engagées. Ces arcades, qui occupent les deux tiers de la hauteur du mur, laissent peu de place aux fenêtres hautes, réduites à l'extérieur à de fines meurtrières. Chaque travée est marquée par une colonne engagée, parfois doublée, qui part du sol jusqu'au sommet de la paroi, dispositif que l'on rapproche d'églises comme Langonnet, Perros-Guirec et Yvignac. L'arc diaphragme de la croisée de transept, côté nef, est en tiers point ; il se raccorde mal aux piliers et était probablement à l'origine de plein cintre, à l'instar de celui donnant sur le chœur, qui présente une double archivolte. Les arcs retombent sur quatre piles massives à trois ressauts angulaires flanquées de colonnes engagées ; le pilier sud-est contient l'escalier de la croisée et des renflements aux angles suggèrent que la croisée était peut-être voûtée avant l'effondrement de la tour centrale. La partie basse des parois des bras du transept est animée d'arcatures aveugles portées par des colonnettes engagées, influence de Sainte-Croix de Quimperlé; ce décor se poursuit sur le mur sud du chevet et s'étendait peut-être à l'origine autour du chœur. Les deux chapelles carrées flanquant le chevet communiquent latéralement avec la travée droite par une arcade de plein cintre, disposition originale que l'on retrouve à Priziac. L'église conserve quarante-huit chapiteaux romans d'une grande homogénéité et en faible relief, bien que leur nombre ait probablement été plus important. Ces chapiteaux sont décorés principalement de motifs géométriques (damier, étoiles à huit branches, spirales, entrelacs), de végétaux stylisés (bossages en pomme de pin, feuillages étagés, crossettes) et de personnages schématiques ou fantaisistes, parfois accroupis ou formant des cariatides. On y décèle l'influence de Loctudy et des églises du Pays Pourlet, principalement Priziac et Langonnet ; ces sculptures illustrent la préférence de la Bretagne méridionale pour le décor abstrait géométrique et la stylisation des éléments figuratifs. Les bases des piles sont masquées par le dallage, mais l'une d'elles, partiellement visible dans le bas-côté sud, laisse apparaître un possible décor sculpté. Le mobilier comprend un orgue inauguré en 2000, réalisé par Henri Saby dans la Drôme, ainsi que de nombreuses statues et objets : saint Pierre tenant la clé, saint Paul, saint Sébastien, sainte Marguerite accompagnée d'un dragon, saint Antoine avec son cochon, saint Jean-Baptiste portant un agneau, saint Michel terrassant une créature, une Vierge à l'Enfant, une pietà, un Christ en croix, une bannière de procession de saint Pierre, un tabernacle et un confessionnal.
