Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul
L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul est une église catholique paroissiale située à Jouy-sous-Thelle, dans le Vexin-en-Thelle, dans le département de l'Oise. Elle se dresse à l'ouest du rond-point RD 129 / RD 6, reliée par une courte allée de tilleuls au portail occidental ; à proximité se trouvent le monument aux morts et un parking, sur l'ancien emplacement du cimetière transféré en 1866. Une mare située entre la rue Saint-Michel et le chœur servait autrefois de réserve d'eau en cas d'incendie, et un étroit passage permet de faire le tour de l'édifice, qui n'est mitoyen d'aucune construction. La construction de l'église est traditionnellement attribuée au cardinal Nicolas de Pellevé, natif de la commune, mais cette attribution fait l'objet de débats d'historiens ; certains auteurs mettent plutôt l'édifice dans la mouvance de la Renaissance tardive, sans influence gothique marquée. La dédicace a été célébrée en 1588, mais la nef est restée inachevée après la saisie des biens du cardinal en 1585, et les voûtes n'ont été mises en chantier qu'en 1606 grâce à un don de Françoise de Pellevé. Une plaque scellée dans une voûte commémore la réalisation des voûtes en 1606. Sous l'Ancien Régime la paroisse relevait de l'archidiaconé du Vexin français et de l'archidiocèse de Rouen ; après la Révolution, elle fut rattachée au diocèse de Beauvais, puis annexée au diocèse d'Amiens entre 1801 et 1822. Le clocher posé sur le chœur fut remplacé en 1743 par un clocher au-dessus de la croisée du transept, modification qui suscita l'opposition des paroissiens. L'église a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 10 janvier 1921, puis le porche du XIXe siècle et le fragment de retable qu'il abrite ont été classés par arrêté du 11 août 1932. Aujourd'hui l'édifice est affilié à la paroisse Sainte-Thérèse d'Auneuil et les messes dominicales y sont célébrées le samedi soir précédant le premier dimanche du mois à 18 h 30.
Orientée dans un axe légèrement dévié vers le sud‑ouest, l'église présente un plan cruciforme avec une nef courte, sans travées ni bas-côtés, un transept dont chaque croisillon comprend une partie droite et une abside hémicylindrique, et un chœur plus profond mais analogue aux croisillons. L'ensemble est voûté en berceau, la croisée présentant une voûte d'arêtes résultant de la rencontre des berceaux ; un petit narthex moderne précède la nef, une sacristie en brique occupe l'angle entre le croisillon sud et le chœur, et un petit clocher en charpente s'élève au-dessus de la croisée. L'architecture intérieure s'appuie principalement sur des pilastres corinthiens fortement stylisés, des dosserets et un entablement à métope aniconique, tandis que les fenêtres interrompent la corniche en arrivant jusqu'aux impostes des baies en plein cintre. Les voûtes sont ornées de larges bandeaux sculptés et de motifs alternant rosaces, coquilles Saint-Jacques et gerbes, certains éléments présentant une polychromie architecturale. L'intérieur se caractérise par une homogénéité générale, mais aussi par l'absence de continuité stylistique entre élévations latérales et voûtes, traduisant des interventions successives.
Le mur extérieur est presque entièrement en pierre de taille, les soubassements des fenêtres étant fréquemment réalisés en moellons de silex ; le narthex et la sacristie sont en briques. Il n'existe pas de façade occidentale et le pignon de la nef est fermé par une cloison provisoire revêtue de bardeaux, tandis que des pierres en attente signalent l'inachèvement de l'ouvrage. Les pilastres cannelés extérieurs, plus larges que ceux de l'intérieur, portent des chapiteaux doriques sobres et un entablement élevé agrémenté de biglyphes et de consoles irrégulièrement répartis ; des niches à statues avec frontons en plein cintre ponctuent le chevet des croisillons. L'ensemble extérieur, soigné mais d'une certaine austérité, ne comporte pas de motifs religieux sculptés.
Le mobilier comprend des éléments remarquables et classés : la poutre de gloire, d'origine ancienne et classée en 1912, présente un Christ en croix flanqué d'une Vierge et d'un saint Jean, avec des éléments de fer forgé figurant le sang et des médaillons figurant le Tétramorphe ; l'ensemble formé par le maître-autel, le tabernacle et le retable, de style rocaille et daté du milieu ou du troisième quart du XVIIIe siècle, est en bois sculpté, vernis blanc et doré, et a été classé au titre des objets. Les retables latéraux encadrant l'entrée du chœur abritent deux grands tableaux anonymes du XVIIIe siècle, représentant respectivement la réception du Rosaire et saint Roch, restaurés en 2009 ; les boiseries proviennent d'un atelier de Gisors. L'ensemble classé du maître-autel, naguère remisé dans le porche et restauré, présente un tabernacle richement orné et un retable couronné d'une gloire rayonnante et d'une rocaille.