Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul
L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, dédiée aux saints Pierre et Paul, se situe au bourg de Langonnet, dans le Morbihan. D'origine romane, elle a été remaniée à plusieurs reprises et conserve de l'édifice primitif la partie orientale de la nef, composée de quatre travées romanes au sud et de trois au nord, ainsi que le chœur. Les autres arcades et le transept datent du XVe siècle, tandis que les bas-côtés, la façade ouest, les premières arcades ouest, la chapelle des fonts et la partie orientale actuelle ont fait l'objet d'importants travaux au XVIe siècle. L'ossuaire et la sacristie remontent au XVIIe siècle; les sablières de la nef portent la date de 1662 et la croisée a été remaniée au XIXe siècle. La tour carrée et le clocher ont également été refaits au XIXe siècle après la destruction de l'ancienne flèche en bois par la foudre. L'édifice succède à un établissement monastique fondé par les moines de l'abbaye de Landévennec et les parties les plus anciennes datent du XIIe siècle. Au XVIIe siècle, les seigneurs de Runellou, de Collobert, de Cosperec et de Kermain jouissaient de prééminences; un écu écartelé mi-parti Bouteville, mi-parti Du Chastel est visible sur la façade occidentale. Le cimetière a été transféré hors de l'enclos entre 1935 et 1958. À l'intérieur l'édifice mesure 32 × 12 m et présente une nef à trois vaisseaux couverts de charpente, où les premières travées à l'ouest sont gothiques. Les grandes arcades en plein cintre, qui occupent une large part de la hauteur des murs, reposent sur des piles complexes composées, pour la plupart, d'une colonne flanquée de quatre colonnettes; une pile au nord adopte la composition d'un pilier carré flanqué de deux colonnettes sur chaque face. Les chapiteaux, souvent plats, rectangulaires ou en demi-disque posés de chant, sont parfois sculptés en bas-relief et forment l'originalité majeure de l'édifice. Ils offrent une grande diversité de motifs stylisés — crossettes, feuillage, décors géométriques, masques, animaux — ainsi que des scènes ou figures plus explicitement figuratives, comme une Crucifixion entourée d'oiseaux, un personnage tenant une croix et une gerbe, ou une main tenant une croix se terminant en gerbe de feuillage. La partie romane de la nef alterne travée aveugle et travée percée d'une petite fenêtre géminée très ébrasée, séparées par des demi-colonnes engagées partant des impostes, à l'exception d'une demi-colonne au nord qui part d'une console plus haute; à la base de la première demi-colonne nord se trouve une statue-colonne représentant un personnage accroupi tenant sa barbe, et la face plate d'un chapiteau porte l'inscription Jesus nazarenus rex judeorum, la face latérale figurant une Crucifixion. Ces chapiteaux s'inscrivent dans un courant important de la sculpture romane bretonne, marqué par le goût du décor géométrique et la stylisation poussée des éléments figuratifs; ce degré d'abstraction est plus rare dans d'autres régions. Des traits de structure et de sculpture rapprochent l'édifice d'autres églises romanes du pays Pourlet, notamment la Trinité de Calan, Saint-Béheau de Priziac et Saint-Pierre de Ploërdut. Le mobilier intérieur est pour l'essentiel du XIXe siècle; les vitraux contemporains datent de 1993 et sont l'œuvre de Gérard Lardeur. L'édifice est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 28 octobre 1980.