Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre et Saint-Paul
L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul est une église catholique paroissiale située place de l'Église à Précy‑sur‑Oise, dans l'Oise, en région Hauts‑de‑France, près de la rive droite de l'Oise et du Parc naturel régional Oise‑Pays de France. L'édifice, entièrement dégagé de constructions voisines et visible de tous côtés à l'exception de sa façade occidentale voisine du domaine du château, s'ouvre habituellement par un porche situé devant le bas‑côté nord. La partie la plus ancienne est le chœur, de style gothique primitif daté de la fin du XIIe siècle et voûté d'ogives sexpartites ; son chevet plat, d'une composition équilibrée, témoigne d'une grande finesse d'exécution et d'influences issues de la première cathédrale Notre‑Dame de Paris. La nef, aussi large et élevée que le chœur, a été reconstruite à partir de 1570 sous la direction du seigneur Louis de Saint‑Gelais ; elle relève d'un gothique flamboyant tardif qui s'harmonise avec le chœur malgré un langage architectural moins raffiné. Le clocher combine des éléments des différentes campagnes de construction et a été exhaussé au XVIIIe siècle ; il présente au second étage un beffroi de style flamboyant et une tourelle d'escalier polygonale à l'est. Les deux portails principaux ont été refaits au dernier quart du XIXe siècle et un porche néo‑flamboyant a été ajouté au nord en 1885. Classée aux monuments historiques par inscription en 1950, l'église a fait l'objet de campagnes de restauration et se présente aujourd'hui en bon état.
L'édifice s'inscrit dans un plan rectangulaire sans transept ni déambulatoire, avec un vaisseau central et deux bas‑côtés se terminant par un chevet plat ; la structure est entièrement voûtée d'ogives et les toitures alternent toit à deux pentes pour la nef et appentis pour les bas‑côtés. Le chevet se distingue par un triplet de lancettes et une grande rosace à onze rayons, entourée d'un décor de dents de scie et de têtes de clous, tandis que les contreforts et les larmiers témoignent d'une recherche d'harmonie rare. À l'intérieur, la nef impressionne par ses proportions élancées et sa sobriété : les piliers cylindriques simples, les grandes arcades et les voûtes ornées de liernes et tiercerons produisent un effet de recueillement. Le chœur conserve un décor sculpté de grande qualité avec colonnettes, chapiteaux aux motifs végétaux et tailloirs ornés d'un rang de perles, évoquant dans ses proportions et son esprit l'élévation primitive de Notre‑Dame de Paris. Les bas‑côtés, plus étroits, servent principalement de circulations et accueillent des chapelles d'extrémité ; leurs voûtes et clés de voûte portent des motifs variés parfois liés aux métiers et à la vie locale.
Le mobilier est en grande partie néo‑gothique, mais l'église conserve des éléments médiévaux remarquables : un retable en pierre fragmentaire du XIIIe‑XIVe siècle, deux Vierges à l'Enfant du XIVe siècle, des fonts baptismaux flamboyants et plusieurs dalles funéraires anciennes. L'orgue de tribune, offert par l'abbé Joseph Quertier, est une œuvre du facteur Narcisse Martin (1859–1861) de dix‑sept jeux sur deux claviers et pédalier ; il a été classé au titre d'objet et restauré en 1987. Le retable en pierre, reconstitué à partir de fragments découverts au XIXe siècle, présente au centre le Christ en croix entouré de la Vierge et de saint Jean, tandis que les panneaux latéraux figurent saint Pierre et saint Paul, patrons de la paroisse. Parmi les peintures, figure Le retour de David vainqueur de Goliath, tableau sur bois de la première moitié du XVIIe siècle classé au titre d'objet, ainsi que d'autres toiles de grand format représentant des épisodes hagiographiques. L'église conserve aussi un riche ensemble de dalles funéraires, notamment celles de la famille de Rasse et de Jehan de l'Amaury, qui témoignent de la présence seigneuriale et des patronages successifs.
Le site a une longue histoire religieuse : une église antérieure aurait succédé à un lieu de culte païen lié à Cérès, puis une abbaye Saint‑Martin fondée au VIIe siècle est attestée dans des chartes avant de disparaître à partir du Xe siècle ; l'église actuelle fut édifiée vers la fin du XIIe siècle et consacrée à Notre‑Dame. Des reliques rapportées de Terre‑Sainte, dont une portion de la Vraie Croix attribuée au seigneur Philippe de Précy, ont longtemps renforcé le culte local ; ces reliques furent reconnues par l'évêché en 1694, en partie dispersées à la Révolution puis préservées et replacées dans des châsses néogothiques au XIXe siècle. Sous l'Ancien Régime, la paroisse dépendait du doyenné de Beaumont et du diocèse de Beauvais, et de nombreuses chapellenies y furent fondées par des seigneurs locaux ; malgré la présence de chapelains, elles ne formèrent pas un chapitre canonial stable.
La Révolution entraîna la profanation des tombeaux, la vente des biens et la destruction d'objets liturgiques, et le curé Louis‑Florent Delaunoy fut emprisonné puis rétabli dans son ministère après la période révolutionnaire. Aux XIXe et XXe siècles, l'entretien et les restaurations se sont poursuivis : transfert du cimetière, installation et restauration de vitraux touchés par la Seconde Guerre mondiale, acquisitions et réparations du mobilier. Depuis la réorganisation paroissiale de 1996, l'église appartient à la paroisse Saint‑Louis, la plus petite du diocèse de Beauvais, qui regroupe Précy‑sur‑Oise, Boran‑sur‑Oise et Blaincourt‑lès‑Précy ; des messes dominicales anticipées y sont célébrées la plupart des samedis à 18 h 30.