Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-et-Saint-Romain
L'église Saint‑Pierre‑et‑Saint‑Romain de Savennières, en Maine‑et‑Loire, est une église paroissiale dont la nef remonte au Ve siècle. La datation par carbone 14 et par luminescence optiquement stimulée des briques et des mortiers indique une construction entre 362 et 519, avec un pic de probabilité autour de 427. Sa fondation a pu être liée à la présence de saint Maurille, la Vita mentionnant un passage à Savennières vers 450, et la découverte de nombreux sarcophages du haut Moyen Âge confirme l'existence d'inhumations sur le site. La valeur patrimoniale de l'édifice est reconnue dès la première moitié du XIXe siècle et l'église figure sur la première liste des monuments historiques établie en 1840.
La première mention écrite de Savennières se trouve dans la Vie de saint Maurille, conservée en deux versions rédigées vers 620 et 905, mais probablement composée à l'origine vers 500. La première mention directe d'une église à Savennières n'apparaît cependant qu'au troisième quart du XIe siècle, lorsque les moines de Saint‑Serge d'Angers achètent trois églises du bourg : Saint‑Pierre (l'église du centre‑bourg), Saint‑Romain (prieuré disparu en 1773) et Saint‑Jean‑Baptiste, dont l'emplacement est inconnu et qui n'est plus citée au XIIe siècle.
Le chevet est reconstruit dans le deuxième tiers du XIIe siècle. La charpente est refaite au XVe siècle et un collatéral nord est ajouté à la fin de ce même siècle pour répondre à l'accroissement de la population et à la transformation du bras sud en chapelle privée. À la fin du Moyen Âge, l'église abrite cinq confréries et le siège de quatre chapellenies en plus de la paroisse.
À partir de la fin des années 1720, la famille de la Tullaye, seigneurs de Varennes, contribue au financement d'une sacristie et au renouvellement d'une grande partie du mobilier. Les travaux se poursuivent par la réparation du clocher en 1730, la refonte de la grosse cloche en 1734, le blanchiment intérieur en 1736, l'ajout d'une cloche en 1743, la construction d'un ballet en bois au portail occidental en 1746 et la réfection du portail sud. Après la suppression du prieuré Saint‑Romain et la démolition de son église en 1770, son mobilier, dont une cloche, est transféré à Saint‑Pierre.
L'édifice n'est pas endommagé pendant la Révolution, mais son état se dégrade au début du XIXe siècle ; il est classé parmi les monuments historiques en 1840, alors que des voix municipales signalent qu'il « menace ruine ». Après le refus d'un projet d'Édouard Moll, Prosper Mérimée impose en 1842 le projet de Charles Joly, qui prévoit notamment la démolition des ballets, la suppression des enduits extérieurs et d'une niche au‑dessus du portail sud, la restauration de certains chapiteaux et le plâtrage de la voûte lambrissée. La flèche du clocher est foudroyée le 14 juin 1846 pendant les travaux ; les dégâts sont importants sans incendie, les réparations se font l'été 1846 et deux nouvelles cloches sont installées en septembre.
Un nouveau chantier commence en 1848 pour le chœur : réouverture des baies de l'abside, réfection des chapiteaux, suppression du badigeon et pose de vitraux ; un maître‑autel de style du XIIe siècle est posé en 1849 et un autel avec retable est installé dans le bras nord du transept en 1850. La flèche est de nouveau frappée par la foudre en 1858 et deux cloches supplémentaires sont ajoutées en 1877, après consolidation du clocher. Malgré les alertes du maire et de l'évêque dans les années 1867‑1874, peu de travaux sont réalisés dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Un chantier de réfection des toitures a lieu en 1912 pour lutter contre des infiltrations qui détériorent les voûtes en plâtre ; des joints de maçonnerie sont refaits puis repris en 1928 à la suite d'une mauvaise exécution. La toiture du clocher est restaurée entre 1966 et 1967 ; frappé par la foudre en 1969, il reçoit alors un paratonnerre, et le clocher fait l'objet d'une restauration en 2004 en raison de maçonneries très dégradées, en partie à cause de l'emploi antérieur de ciment.
Orientée dans le sens habituel, l'église présente un plan globalement cruciforme. La façade occidentale et le mur sud de la nef sont bâtis en moellons de roches métamorphiques, traversés par des rangées régulières de briques disposées en arête‑de‑poisson et encadrées par de petits cordons de deux rangs de briques posées à plat. Parmi les éléments remarquables figurent les deux portes, le chevet et un cadran solaire vertical apposé sur un contrefort du mur sud. L'intérieur conserve une nef, un chœur et une abside, et abrite divers éléments de mobilier et œuvres d'art tels que des autels, un autel dédié à la Vierge, une statue de saint Romain, des vitraux et une cuve baptismale.