Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-le-Guillard
L'église Saint-Pierre-le-Guillard se situe à Bourges, dans le département du Cher. L'« ecclesia sancti Petri Jaillardi » est mentionnée dans une bulle du pape Alexandre III en 1164 parmi les biens du monastère Saint-Hippolyte, ce qui renvoie à une implantation antérieure. L'édifice actuel a été bâti au deuxième quart du XIIIe siècle. La tradition rapporte que saint Antoine de Padoue, lors d'un passage à Bourges, aurait contribué à la conversion d'un riche banquier appelé Zacarie dit le Guillard, qui aurait financé la construction et fait consacrer l'église par l'archevêque Simon de Sully. Au XVe siècle, des chapelles latérales ont été ajoutées entre les culées des arcs-boutants et le nombre de chapelles rayonnantes a été porté à cinq. Après l'effondrement des voûtes, l'élévation latérale nord, les voûtes de la nef, du collatéral nord et la tribune sur le porche ont été reconstruites ; Jacques Barge attribue cette ruine au mauvais positionnement des arcs-boutants, tandis que l'abbé Rochereau la relie à l'incendie de 1487. Le mur nord de la nef a été relevé en modifiant son aspect et le vaisseau central a temporairement été couvert par une charpente apparente, la face méridionale restant intacte. Au début du XVIe siècle, une restauration a rendu la voûte actuelle de la nef et du chœur, masquant la charpente et modifiant les fenêtres hautes du côté nord ; c'est aussi à cette époque que furent aménagées deux chapelles formant un ensemble au chevet. La foudre a touché le clocher le 29 juin 1547 et le clocher a été renversé par le vent le 22 décembre 1707. La quatrième chapelle latérale du bas-côté nord a été transformée en sacristie en 1674 puis rénovée en 1744. Entre 1827 et 1830, l'église a fait l'objet d'une restauration portant sur la reconstruction des arcs-boutants, la reprise des voûtes et la restitution de cinq baies ; les bâtiments qui enfermaient l'église ont été détruits en 1851 et le retable du XVIIe siècle qui masquait le sanctuaire a été supprimé en 1855. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques le 9 décembre 1929.
Sur le plan architectural, l'église, contemporaine de la cathédrale Saint-Étienne, est dépourvue de transept et présente un déambulatoire à chapelles rayonnantes ; elle comprend une nef centrale de cinq travées flanquée de bas-côtés, un porche à deux étages surmonté d'une tour et un chevet pentagonal entourant le déambulatoire. Son plan, rare dans le département, la rattache au deuxième quart du XIIIe siècle et montre des affinités avec les écoles gothiques champenoise et bourguignonne, notamment l'implantation des piles à l'entrée des chapelles et la présence d'une coursière à l'étage supérieur. Selon Jacques Barge, la charpente associe deux systèmes indépendants : un premier, composé de sept fermes avec poinçon et entrait espacées d'environ 4,50 m et reliées par deux pannes et des contreventements, et un second formé de chevrons portant des fermes, environ six par travée ; ces deux ensembles n'étaient solidaires que par les sablières basses, le voligeage et un lambris intérieur aujourd'hui disparu, dont subsistent seulement des rangées de pointes. Les chapelles latérales ont conservé l'essentiel de leur décor : bas-reliefs en pierre sculptée, peintures murales, un tableau de l'école française du XVIIe siècle représentant l'Ascension et des verrières de l'atelier Lobin au XIXe siècle, tandis que des fragments de vitraux du XVe siècle sont conservés dans la chapelle des fonds baptismaux.