Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-le-Puellier
L'ancienne église Saint-Pierre-le-Puellier se situe dans le quartier dit du Vieux-Tours, à mi‑chemin entre la basilique Saint‑Martin et la Loire, au nord de la place Plumereau. La tradition attribue la fondation d'une communauté de femmes à sainte Clotilde en 512, mais cette origine n'est pas attestée par des sources contemporaines ; le monastère est en revanche encore mentionné en 780. Les fouilles montrent une occupation du site dès l'époque romaine avec des vestiges de murs, de céramiques, puis un grand édifice peut‑être thermal transformé ultérieurement par des installations artisanales comme des tanneries ; le site connaît ensuite une phase d'abandon avant une réoccupation médiévale. Le monastère apparaît dans les sources au VIIIe siècle et, à partir du XIe siècle, il évolue en paroisse puis en collégiale ; l'érection en collégiale est attestée en 1073. Une nouvelle église de style gothique angevin est construite entre la fin du XIIe siècle et la première décennie qui suit, après une reconstruction engagée dans la seconde moitié du XIIe siècle. En 1199, des lettres patentes permettent aux religieux de pratiquer le jugement « de l'eau et du feu », une épreuve qui se déroulait dans une salle voûtée datée de la fin du XIVe-début du XVe siècle. La collégiale est agrandie en 1406 et le cloître rebâti vers 1416 ; des vitraux sont attribués aux frères Le Pellerain et le jubé est abattu en 1738 pour être remplacé par une grille en ferronnerie. En 1562, les bâtiments sont pillés par les Huguenots et les reliques de sainte Monégonde y conservées disparaissent. Vendue comme bien national le 7 décembre 1791, l'église et le cloître sont largement démolis par leurs acquéreurs et les décombres sont probablement revendus comme matériaux de construction. Il ne subsiste aujourd'hui qu'une partie de la première travée et la totalité de la seconde travée du collatéral nord, vestiges datables stylistiquement de 1150–1170, ainsi que quelques éléments déplacés au musée de la société archéologique de Touraine. Ces vestiges ont été intégrés à des constructions ultérieures et transformés en habitation : des murs prennent appui sur les arcades, un plancher divise le volume en deux niveaux et une salle conserve une voûte de type gothique de l'Ouest. Le mur septentrional de la seconde travée présente deux baies en plein cintre à cordon d'origine, un modèle identique existe sur la première travée conservée, et plusieurs chapiteaux sculptés subsistent au nord‑est; ceux du sud‑est ont été remaniés. Contiguë au mur nord du collatéral, une longue salle à trois voûtes en berceau brisé date de la phase d'agrandissement du début du XVe siècle et pourrait avoir servi de passage vers le cloître. Les vestiges de Saint‑Pierre‑le‑Puellier font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis 1946.