Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-Saint-Paul
L'église Saint-Pierre-Saint-Paul de Courbevoie, située dans les Hauts-de-Seine, est un lieu de culte catholique inscrit au titre des monuments historiques depuis le 11 juin 1971. Dès le XIVe siècle une chapelle dédiée à Saint-Pierre et Saint-Paul occupait le site ; détruite pendant la guerre de Cent Ans, elle fut reconstruite au XVIe siècle puis élargie au début du siècle suivant par deux chapelles latérales consacrées à Notre‑Dame et à saint Sébastien, avant de tomber en ruines vers 1770. Nommé vicaire de Courbevoie en 1769, l'abbé Pierre Hébert œuvra à la création de la paroisse autorisée en 1784 et fut nommé curé en 1785 ; il engagea la construction de la nouvelle église dont la première pierre fut posée le 9 mai 1790. L'édifice fut conçu et dirigé par Louis Le Masson, architecte et ingénieur des Ponts et Chaussées, élève de Claude‑Nicolas Ledoux ; sa réalisation, menée entre 1790 et 1793, présente un plan elliptique surmonté d'un dôme. Le Masson adapta son projet à l'étroitesse du terrain en disposant la nef principale en rotonde elliptique précédée d'un petit péristyle à quatre colonnes et en plaçant, sur le petit axe, un sanctuaire rectangulaire flanqué de collatéraux ouverts par des arcades sur la rotonde. La voûte ovale de la rotonde, percée d'un oculus central, et la sobriété des éléments décoratifs — corniche dorique, niches et péristyle à fronton triangulaire — participent de la rigueur du décor intérieur et extérieur. Après la destitution de Louis Le Masson en 1793, les travaux s'interrompirent et, pendant deux décennies, l'édifice resta inachevé et se détériora. En 1819 la duchesse d'Angoulême réunit et offrit des fonds qui permirent la restauration et l'achèvement du monument. De 1868 à 1870 l'architecte Jean‑Baptiste Guenepin dirigea une campagne d'agrandissement qui modifia l'orientation de l'église : la nef fut prolongée vers l'est pour ouvrir sur un nouveau chœur et les chapelles latérales furent allongées et élargies ; le portique d'entrée, formé de quatre colonnes ioniques, d'un entablement et d'un fronton triangulaire, fut réalisé à cette occasion. Les décors picturaux et les grandes toiles du chœur sont pour la plupart installés à partir de cette période et structurent visuellement le sanctuaire. Après la loi de séparation de 1905, les inscriptions «République française» puis «Liberté, Égalité, Fraternité» furent peintes au fronton ; la première disparut lors du bombardement du 15 septembre 1943 et la seconde fut effacée lors de la restauration de la façade en 1992‑1993. L'abbé François Neuville, curé de 1907 à 1942, fit édifier le clocher prévu par les plans d'origine en 1932 et demanda à reposer sous la tribune d'orgue ; son action paroissiale est rappelée par une épitaphe. Depuis la chaire de cette église fut lancé, le 31 janvier 1954, un appel à la solidarité nationale en faveur des sans‑abri, relayé ensuite par les stations de radio. Menacée de destruction par un projet immobilier en 1971, l'église échappa à la démolition grâce à l'intervention du docteur Henri de Frémont et à son inscription à l'inventaire des monuments historiques le 11 juin 1971 ; le clocher de 1932 n'était pas inclus dans la protection. Des travaux d'entretien et de restauration ont été menés par la suite : ravalement de la façade et du péristyle en 1980, réfection de la toiture en 1987‑1988 et restauration intérieure complète en 1992‑1993. Au fil du XIXe et du XXe siècle des adjonctions furent réalisées, notamment une chapelle des catéchismes construite par l'architecte Daubin en 1925 et le clocher de 1932. La coupole de la rotonde, construite en poterie assemblée sur une armature en fer et recouverte d'un enduit, avait été à l'origine protégée par une couverture en ardoise remplacée ensuite par un toit en plomb à la suite des dégradations. Avec l'église Saint‑Nicolas‑et‑Saint‑Marc de Ville‑d'Avray, l'édifice constitue l'un des rares monuments religieux construits en France pendant la période révolutionnaire ; il conserve la singularité de son plan en T, formé d'une rotonde elliptique accolée à un vaisseau rectangulaire, et les principes structurels et décoratifs imaginés par Le Masson.