Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-Saint-Paul
L’église paroissiale Saint-Pierre-Saint-Paul de Rueil-Malmaison trouve ses origines dans une paroisse mentionnée au VIIIe siècle, et une première église y est attestée au XIIe siècle. Le clocher roman actuel remonte à l’élévation réalisée entre 1420 et 1432, puis l’édifice fut en grande partie détruit à la fin de la guerre de Cent Ans. La reconstruction engagée à partir de 1584 a été entreprise sur l’ordre d’Antoine Ier, prétendant au trône du Portugal en exil, en conservant le clocher roman de l’ancien bâtiment. Entre 1632 et 1635, la façade actuelle a été édifiée pour Richelieu par l’architecte Jacques Lemercier et présente une forte parenté avec celle de la chapelle de la Sorbonne. Le portail nord, de style Renaissance, date de 1603 ; il porte la trace d’une restauration menée par Joseph-Eugène Lacroix en 1857, avec l’ajout des armes impériales et des lettres J et H en hommage à Joséphine et Hortense. L’église a subi de nombreuses vicissitudes à la Révolution : ses sculptures et verrières furent détruites et certaines cloches et orgues vendues comme biens nationaux.
Sous le Second Empire, Napoléon III confia les travaux de restauration à l’architecte Joseph-Eugène Lacroix : l’église fut restaurée et le transept agrandi entre 1854 et 1857, le clocher y fut reconstruit à l’image du clocher roman primitif, et les clefs de voûte sculptées furent réalisées par l’entreprise Savreux ; les travaux se sont achevés en 1857. Le buffet d’orgue actuel, œuvre du sculpteur florentin Baccio d’Agnolo et exécuté entre 1490 et 1520 pour Santa Maria Novella de Florence, fut offert par Napoléon III ; les orgues, de la maison Cavaillé‑Coll, ont été restaurées en 2017. L’église figure sur la liste de Prosper Mérimée en 1862 et a été classée au titre des Monuments historiques en 1941. Des campagnes de restauration notables ont eu lieu en 1990 pour la façade, qui reçut de nouvelles statues — les apôtres Pierre et Paul et des anges — et en 1993 pour l’intérieur.
Parmi les œuvres, le fond du chœur abrite un bas-relief en bronze doré représentant la Descente de croix de François Anguier, réalisé en 1667 et doré par Dizy ; cette pièce, acquise par Napoléon en 1805 pour Malmaison, fut donnée à l’église par Jonas‑Philip Hagerman en 1837. Un tableau de Charles‑Nicolas Lafond, Jacob mourant en Égypte, fut redécouvert au début des années 2000. Dans les chapelles latérales du chœur se trouvent le tombeau de l’impératrice Joséphine et le mausolée de la reine Hortense ; Hortense repose, quant à elle, dans une crypte creusée sous l’église en 1856.
Le tombeau de Joséphine, œuvre de l’architecte Louis‑Martin Berthault et du sculpteur Pierre Cartellier, est en marbre de Carrare et représente l’impératrice en orante ; le monument, achevé en 1825, renferme le corps de Joséphine dans trois cercueils successifs de plomb, de chêne et d’acajou, et porte l’épitaphe « À Joséphine, Eugène et Hortense 1825 ». À proximité se trouve le tombeau de Robert de Tascher de La Pagerie, gouverneur de la Martinique et parent de Joséphine. Le mausolée actuel d’Hortense est une réalisation de Jean‑Auguste Barre conduite sous la direction de Lacroix et inaugurée en 1858 ; il représente Hortense à genoux accompagnée d’un ange, tandis que le mausolée antérieur de Bartolini (1846), refusé par Napoléon III, repose désormais dans la chapelle du château d’Arenenberg en Suisse. L’église a également accueilli des cérémonies et funérailles marquantes, dont celles de l’impératrice Joséphine en 1814, de la reine Hortense en 1837 et, en 1947, les obsèques des victimes de l’incendie du cinéma Le Select.