Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-sur-l'Hâte
L'église Saint-Pierre-sur-l'Hâte se situe à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin), au-dessus du hameau d'Échéry en direction du col des Bagenelles. Selon la tradition, elle aurait été érigée à l'emplacement d'un ancien couvent devenu prieuré bénédictin et liée au petit hameau appelé Zillhart, francisé en Surlhates. Son existence est attestée au XIIe siècle : une bulle du pape Innocent II du 11 décembre 1140 mentionne l'église d'Échéry parmi les biens de l'abbaye de Moyenmoutier. Initialement placée sous le vocable de saint Guillaume, elle reçut plus tard celui de saint Pierre. L'édifice actuel est le fruit d'une construction composite menée aux XVe et XVIe siècles, réalisée en plusieurs campagnes visibles dans son architecture hétérogène. Le chœur, voûté en arête avec nervures naissant des murs, est attribué à la fin du XVe siècle ; il contient une armoire eucharistique en grès ornée d'entrelacs, datée 1504 et portant les armes de Guillaume dit le Grand, seigneur de Ribeaupierre. De nombreuses dates gravées témoignent d'une édification lente et intermittente entre le début du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle : on relève notamment 1506 au-dessus de la porte d'entrée du porche, 1511 sur la clef de l'arcade séparant la tour de la nef, 1531 et 1538 sur des portes latérales, 1536 sur la cloche, 1561 sur le portail sud, 1576 au revers de l'arc triomphal, puis 1604 et 1609 sur les poteaux de la tribune ; la porte du cimetière porte 1531 et 1839. Ces inscriptions, parfois recopiées ou restaurées (une date a été mal reportée en 1538 sur un vantail remplacé en 1911), montrent des interruptions fréquentes des travaux. Le clocher-porche, souvent présenté comme la partie la plus ancienne, voit son attribution au XIIIe siècle discutée et pourrait correspondre à une phase antérieure ou à une réfection marquée par la date de 1506. La nef présente des dispositions gothiques qui ont été modifiées au fil du temps. Dès le milieu du XVIe siècle l'édifice fut largement investi par la Réforme : les réformés l'utilisent pour leur culte dès 1550, la communauté locale étant renforcée par des mineurs et des huguenots venus de France. En 1561, les sires de Ribeaupierre cédèrent l'édifice aux mineurs français de confession réformée travaillant dans les mines du secteur. Au cours des années 1680 le partage des lieux de culte fut organisé : en 1686 le chœur fut attribué aux catholiques tandis que la nef resta aux réformés, et l'église conserva depuis lors le statut de simultaneum. La vie liturgique locale a ensuite évolué vers le bourg de Sainte-Marie-aux-Mines, où un temple réformé fut construit en 1634. L'édifice a fait l'objet de restaurations au XXe siècle, notamment en 1911 et 1934, et il est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1932. Parmi les éléments intérieurs figurent une grille de fer forgé datée 1776 qui sépare le chœur, un vitrail posé en 1886 et plusieurs sépultures anciennes, dont celle d'Antoine Tiusler, inhumé en 1563. L'église demeure aujourd'hui l'un des rares édifices œcuméniques d'Alsace et accueille occasionnellement des manifestations culturelles.