Origine et histoire de l'Église Saint-Placide
L'église Saint‑Placide se situe à Saint‑Plaisir (Allier, Auvergne‑Rhône‑Alpes) et est dédiée à saint Placide, acolyte du Berry fêté le 1er septembre ; saint Eustache en est le second patron. L'édifice, inscrit au titre des monuments historiques le 28 décembre 1926, est orienté ouest‑est et occupe une place dans la partie est du bourg. Elle a été édifiée au XIIe siècle et repose sur des vestiges plus anciens, dont des traces d'une nécropole mérovingienne et d'un cimetière carolingien, ainsi que des céramiques antiques résiduelles. Des éléments découverts sous la nef et le chevet indiquent qu'un bâtiment préroman a précédé l'église actuelle, mentionnée pour la première fois dans la bulle d'Eugène III en 1152. L'édifice présente une nef centrale et deux bas‑côtés divisés en quatre travées et terminés par un chevet plat carré ; deux chapelles voûtées d'ogives ont été ajoutées au XIVe siècle, une de chaque côté du chœur. Le clocher carré, élevé au‑dessus de la dernière travée de la nef centrale, est d'aspect moderne et a fait l'objet de restaurations au XXe siècle, après des travaux destinés à consolider les contreforts. Le portail occidental s'ordonne en trois archivoltes plein cintre moulurées de gorges et de tores, accueillant trois colonnes de chaque côté dont les chapiteaux portent des feuilles stylisées. L'intérieur montre des voûtements divers : la nef centrale et le sanctuaire sont en berceau brisé, les bas‑côtés sont voûtés d'arêtes très bombées et l'édifice a été voûté en tiers‑point postérieurement à sa construction ; les arcs retombent sur des impostes chanfreinées. Certaines voûtes actuelles paraissent postérieures au gros œuvre et il est envisageable qu'une abside ronde ait d'abord terminé l'église ; un arc doubleau transformé et bouché dans le parement postérieur du chevet laisse cette hypothèse ouverte. À l'angle nord‑est de la dernière travée du bas‑côté nord, un cul‑de‑lampe unique représente un homme soutenant de ses mains la tablette d'appui d'une arête de voûte. Des pilastres et dosserets irrégulièrement implantés séparent les nefs, tandis qu'un cordon mouluré court le long de la grande nef et du chœur ; dix modillons anciens, figurant bouts de solives et têtes grimaçantes, ont été conservés. Une niche datée du XVe siècle a été aménagée dans l'épaisseur du mur sud du chœur et, un siècle et demi plus tard, une porte fut percée pour donner accès à la chapelle contiguë ; cet accès est aujourd'hui muré mais son arc en plein cintre est encore identifiable. Des traces de polychromie ancienne, des fresques et une décoration peinte du XIXe siècle composées de rinceaux de feuillages ont été signalées ; des peintures plus anciennes semblent avoir existé mais ont en grande partie disparu. La chapelle nord est traditionnellement décrite comme chapelle seigneuriale ; on y relève la trace d'un blason attribué à la famille de Saint‑Plaisir, mentionnée dans un acte de 1489. Le matériau de construction est un grès local provenant de la carrière du Moulin de la Tour, à environ 2 km, dont la pâte fine a facilité les moulures encore visibles. Le mobilier comprend notamment deux bancs en bois à balustres tournés du XVIIe siècle, une chaire et une huile sur toile représentant l'Assomption de la Vierge ; l'église abrite également deux cloches dont la plus ancienne porte la date de 1626 et une cloche en acier datée de 1866. Les archives mentionnent en outre une cloche baptisée en 1633 sous le nom d'Antoinette et divers aménagements comme un tabernacle signalé en 1641 puis un autre en 1731. Des fouilles et découvertes archéologiques ont livré des sarcophages, des éléments de mobilier funéraire et des objets : lors de sondages récents on a mis au jour une bague de fidélité en or des XVIIe‑XVIIIe siècles, une bague en cuivre sous le pavé, des tessons antiques et une petite bouteille funéraire médiévale. Une découverte remarquable est celle d'un sarcophage carolingien d'enfant contenant près de quatre‑vingts perles de terre cuite, de verre et d'ambre ; ces parures semblent remonter à la fin du Ve ou au début du VIe siècle. Des mentions d'entretien et de restauration se succèdent du XVIIe au XXe siècle et le bâtiment a été signalé en état préoccupant à plusieurs reprises ; le clocher fut sérieusement endommagé par la foudre en 1976. L'église est fermée au public depuis le 14 août 2008 pour des raisons de sécurité et une importante campagne de restauration a été lancée en 2021, avec pour objectif une restauration totale d'ici 2035.