Origine et histoire de l'Église Saint-Pothin
L'église Saint-Pothin est un édifice religieux de Lyon, située place Édgar Quinet dans le quartier Foch du 6e arrondissement ; elle a été inscrite dans son intégralité au titre des Monuments historiques par arrêté préfectoral du 2 mai 2007. Sa création répond à l'accroissement de la population et s'inscrit dans l'urbanisation du quartier des Brotteaux organisée à la fin du XVIIIe siècle selon un plan de Jean-Antoine Morand ; cette partie appartenait alors à la commune de La Guillotière, rattachée ensuite à Lyon. Une chapelle avait été ouverte dès 1818, une ordonnance royale facilita la création de la paroisse en 1826 et ses limites furent fixées en 1827. Les Hospices civils de Lyon firent don du terrain en 1835 et un concours municipal fut remporté par l'architecte Christophe Crépet ; les travaux furent réalisés de 1841 à 1843 et l'église fut inaugurée à Noël 1843. Le budget, initialement sous-évalué, tripla, ce qui entraîna l'ajournement de la décoration prévue et l'emploi de matériaux de moindre qualité, à l'origine de désordres ayant nécessité d'importantes restaurations ultérieures. Des campagnes de restauration furent menées par l'architecte de la ville Tony Desjardins en 1867 puis par Claudius Porte dans les années 1870. L'organiste Adrien Rougier obtint que Maurice Duruflé vienne interpréter en personne la première de son Requiem dans sa version pour orgue. L'édifice, de style néoclassique, présente un plan en croix latine et se signale par une façade en pierre de Villebois ornée d'un portique hexastyle d'ordre dorique surmonté d'un fronton triangulaire. La croisée du transept est couronnée d'une coupole et le clocher se situe au-delà du chevet. L'intérieur comprend une nef centrale aveugle voûtée en plein-cintre, flanquée de deux collatéraux dont les voûtes en berceau sont supportées par une colonnade d'ordre ionique. Le transept n'altère pas l'impression de basilique dégagée par la nef ; le chœur, terminé en cul-de-four, occupe un espace réduit en raison de l'emplacement des grandes orgues, et les sacristies sont disposées au-delà du chœur. Christophe Crépet avait prévu un programme décoratif qui ne fut pas réalisé pour des raisons d'économie ; l'aménagement décoratif intérieur fut repris à partir de 1892 par l'architecte Sainte-Marie Perrin. La coupole reçut une verrière de Lucien Bégule et une fresque peinte par Étienne Couvert représentant la Vierge et les douze apôtres entre 1893 et 1894 ; le cul-de-four fut orné au début du XXe siècle. Le programme de vitraux des murs latéraux, réalisé en 1932 par Émile Bégule dans les ateliers grenoblois Balmet, met en parallèle les fondateurs de l'Église de Lyon et ceux de la France : les saints occupent le collatéral nord, guidés par l'évangéliste Jean, et les saintes le collatéral sud, conduites par la Vierge, gardienne de la cité. L'église conserve également un chemin de croix monumental statufié et, dans le transept sud, un bas-relief de marbre représentant la Cène. Le premier orgue aurait été construit en 1846 par la société Daublaine-Callinet ; en 1876 la manufacture J. Merklin & Cie construisit un instrument neuf à deux claviers et pédalier, augmenté ensuite en 1880 et en 1910. En 1945 la société Ruche & Cie livra un nouvel orgue à trois claviers et pédalier réutilisant du matériel Merklin, et l'orgue actuel a été construit en 2004 par la société Kern en réemployant l'instrument ancien. L'orgue de Saint-Pothin tint un rôle important dans la vie musicale lyonnaise après la Seconde Guerre mondiale : Adrien Rougier, titulaire à partir de 1945, invita de nombreux interprètes de renom ; après Loïc Mallié, le titulaire actuel est Octavian Saunier.
