Origine et histoire de l'Église Saint-Quentin et de la croix
L'église Saint-Quentin de Nucourt, isolée au milieu du cimetière à un kilomètre du village dans le Vexin, présente une apparence extérieure homogène qui masque une importante diversité stylistique intérieure. Son plan rectangulaire cache un édifice complexe, reconnaissable surtout à ses deux clochers de périodes différentes : un clocher-porche occidental inachevé de style Renaissance et un clocher central en bâtière d'allure gothique primitive. La base du clocher central et le croisillon sud constituent les parties les plus anciennes, tandis que le chœur et les chapelles ont été édifiés lors de campagnes successives relevant du gothique primitif et du gothique rayonnant. La nef, à trois travées accompagnée de bas-côtés, montre une influence tardive du style flamboyant mêlée à des éléments de la Renaissance, avec un vaisseau central à deux niveaux d'élévation dépourvu de fenêtres latérales. L'église conserve une vaste toiture unique qui recouvre les trois vaisseaux, seul le clocher gothique dépassant de la toiture. Plus encore que pour son architecture, l'édifice est remarquable par son grand retable en pierre situé au chevet du vaisseau central, daté du début du XVIe siècle et illustrant la Passion du Christ avec un degré de sculpture et de détail exceptionnel pour la pierre. Les volets peints du retable, contemporains et datés de 1533, racontent le martyre de saint Quentin ; pour des raisons de conservation ils ont été déposés et présentés en exposition avant d'être conservés en dépôt. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 24 mars 1915, l'église a bénéficié d'une restauration au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Elle dépend aujourd'hui du secteur paroissial Vexin-Ouest et n'accueille plus que quelques offices annuels. Les élévations intérieures révèlent une riche diversité de profils de voûtement et d'ornementation : voûtes d'ogives, clés de voûte de type Renaissance et cul-de-lampe sculptés, chapiteaux aux motifs variés et décors de la période flamboyante tardive. Le clocher-porche Renaissance, dont le couronnement n'a jamais été réalisé, porte la marque d'un maître-maçon connu et d'une exécution inachevée ; il contraste avec l'étage de beffroi du clocher central, plus sobre et considéré comme prototype des clochers gothiques du Vexin. À l'extérieur, les élévations montrent des pierres de qualité locale, des contreforts variés selon les campagnes et la tourelle d'escalier qui flanque le chevet. Le mobilier de l'église compte dix-sept éléments classés au titre objet, parmi lesquels treize statues, le retable en pierre avec ses volets peints, les fonts baptismaux, un lutrin et une plaque funéraire ; plusieurs pièces ont été déposées dans des musées régionaux pour conservation. Le retable de pierre au chevet, d'environ 1530, occupe toute la largeur du vaisseau central, associe niches sculptées et statuettes en plusieurs registres et se distingue par la finesse de sa sculpture, son iconographie centrée sur la Passion et la profusion ornementale. Les volets peints, retraités au XXe siècle et présentés en expositions, forment l'ensemble le plus important de panneaux peints du département et témoignent de l'importance du retable dans le patrimoine local. Enfin, le cimetière qui entoure l'église abrite également deux autres monuments historiques : une croix de pierre du XVIe siècle et la sépulture de Jacques comte de Monthiers, classés à part.