Origine et histoire de l'Église Saint-Quentin
L'église Saint-Quentin, paroissiale et prieurale, est située au centre de Valmondois (Val-d'Oise), dans le parc naturel régional du Vexin français, près de la vallée de l'Oise. Un prieuré y est attesté lors du don d'Adam de Valmondois à l'abbaye Saint-Martin de Pontoise en 1093 ; à cette époque l'édifice devait être une chapelle. La construction de l'église actuelle a commencé au début du XIIIe siècle par le chœur, entièrement voûté d'ogives et orné de chapiteaux sculptés proches de l'architecture d'Île-de-France de la fin du règne de Philippe Auguste. La nef, prévue sur le même principe, n'a pas été achevée par manque de ressources et une nef provisoire non voûtée, étonnamment courte, fut élevée à la place ; sa partie occidentale a probablement disparu. Au début du XVIe siècle, le collatéral nord du chœur fut remplacé par une chapelle seigneuriale de deux travées, dotée de voûtes à liernes et tiercerons aux clés pendantes richement sculptées; elle a été remaniée au XVIIe siècle et restaurée au XIXe siècle. La chapelle seigneuriale doit sa célébrité à ses clés de voûte pendantes, où statuettes d'apôtres et de saints, chérubins, écussons et motifs de feuillage témoignent d'influences de la Renaissance italienne, le blason du seigneur figurant sur une clé de la seconde travée. Le chœur et le bas-côté nord ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 31 janvier 1935.
L'église, irrégulièrement orientée nord-ouest–sud-est, n'a pas de façade occidentale et s'ouvre principalement par un portail latéral au sud ; un parvis engazonné et le monument aux morts se trouvent devant la façade méridionale, tandis que le chevet donne sur le chemin du Moulin sous l'Église. Le plan est simple : une courte nef de deux travées accompagnée de bas-côtés, un chœur à chevet plat de la même longueur et deux collatéraux ; la sacristie occupe le nord de la première travée du bas-côté nord et un petit clocher de charpente repose sur la toiture du chœur. Nef et bas-côtés sont plus bas que le chœur et non voûtés ; ils sont couverts de fausses voûtes en berceau plâtré mises en place au début du XIXe siècle et ornées de bandeaux moulurés dans un goût classique.
L'intérieur révèle un contraste marqué entre la simplicité de la nef, inspirée des nefs-granges romanes, et l'élégance gothique du chœur, élevé et entièrement voûté d'ogives. La porte d'entrée, percée au milieu du mur, donne sur un pilier et oblige à descendre plusieurs marches ; les arcades en tiers-point qui séparent la nef des bas-côtés sont moulurées côté nef mais dépourvues de colonnettes et chapiteaux côté bas-côtés. Les bas-côtés ont été rehaussés et leurs fenêtres en plein cintre datent au plus tôt du milieu du XVIe siècle ; leurs toitures formaient à l'origine des appentis indépendants, comme le suggèrent des ouvertures hautes désormais obstruées. L'arc triomphal repose sur chapiteaux à crochets et colonnettes engagées, et des traces de pierres de réserve et de faisceaux de colonnettes témoignent d'un projet initial d'une nef plus haute et voûtée auquel on renonça en cours de chantier, selon Louis Régnier.
Le chœur, éclairé par lancettes fortement ébrasées, forme une entité homogène avec le collatéral sud voûté à la même hauteur ; les travées diffèrent de dimensions et la diversité des chapiteaux montre une grande variété stylistique, même si bases et socles ont été refaits au XIXe siècle. Le principe d'équivalence entre la charge et le nombre de supports n'a pas été mené à terme : des faisceaux de colonnettes subsistent dans certaines travées tandis que d'autres n'ont reçu que des supports réduits, signe d'un changement d'option en cours d'exécution. La chapelle seigneuriale, plus basse et sombre, communique avec le vaisseau central et le bas-côté nord ; ses voûtes présentent des liernes et tiercerons, des culs-de-lampe sculptés de rinceaux et de grappes de vigne, et des clés pendantes où niches à statuettes et anges supportant un écusson composent l'ornementation. Les thèmes sculptés y reprennent principalement des feuilles d'acanthe et des motifs végétaux; la clé principale de la première travée montre des apôtres et des saints identifiables à leurs attributs, et la seconde travée porte le blason de Charles de Villiers de L'Isle-Adam entouré de petites clés figurant d'autres saints.
À l'extérieur, la dissymétrie entre la nef et le chœur, liée au raccourcissement de la nef, ainsi que le raccordement des pignons et des toitures rendent la silhouette de l'édifice singulière ; la charpente de la partie occidentale date de 1667 et la plupart des baies ont été agrandies, le portail méridional étant néogothique et susceptible de dater de 1860. Le chevet conserve des vestiges d'une corniche à modillons cubiques et des contreforts à ressauts, seuls éléments extérieurs clairement lisibles de la période primitive ; la chapelle nord, sauf pour des percements modifiés, présente une architecture assez sobre.
Sur le plan ecclésiastique, la paroisse fut rattachée après la Révolution au diocèse de Versailles puis, lors de la création du diocèse de Pontoise en 1966, réintégrée dans celui-ci ; elle appartient aujourd'hui au « secteur pastoral du Sausseron », regroupant huit communes de l'est du Vexin, et le curé réside à Nesles-la-Vallée. L'église contient plusieurs éléments de mobilier remarquables : le grand tableau Le Christ chez Marthe et Marie, d'origine italienne daté de 1679 selon une inscription et attribué par certains à Agostino Scilla, ainsi qu'un Saint Jérôme anonyme du XVIIe siècle ; ces deux œuvres sont classées ou inscrites au titre des objets. D'autres peintures, copies d'après des œuvres célèbres, une verrière occidentale représentant le Mariage de la Vierge offerte en 1885, des bas-reliefs en bois provenant d'un retable du XVIIe siècle, une chaire néogothique, un tabernacle, une statue de la Vierge à l'Enfant et la dalle funéraire de Godegrand Bernay (décédé en 1620) figurent aussi parmi les éléments d'intérêt.