Origine et histoire de l'Église Saint-Remi
L'église Saint-Remi et le couvent des Cordeliers se situent au cœur d'Amiens, rue des Cordeliers, dans le département de la Somme. Le couvent, établissement des franciscains (ordre des Frères mineurs, appelés cordeliers), s'installa à Amiens en 1233. Au début du XIVe siècle il fut agrandi, puis incendié lors de l'attaque des partisans de Charles le Mauvais en 1358 ; l'église fut reconstruite en 1360 grâce au roi Charles V et à nouveau agrandie en 1484. Adrien de Hénencourt fit édifier le cloître en 1485. Ravagé par un incendie en 1585, le couvent fut ensuite reconstruit et agrandi. Entre 1630 et 1632, Nicolas Blasset réalisa le tombeau de Nicolas de Lannoy et de son épouse Magdeleine de Mutterel, initialement placé dans le chœur de l'église du couvent, puis transféré au XIXe siècle dans l'église Saint-Rémi. À la Révolution française, dix-huit moines résidaient encore au couvent, qui disposait de 7 431 livres de revenus ; il fut déclaré bien national et accueillit un temps le club des Jacobins. En 1793 on décida l'ouverture d'une rue sur les terrains de l'ancien couvent, et en 1802 Charlotte Pingré racheta les parcelles restantes pour les donner à la paroisse Saint-Rémi. Le couvent fut démoli au début du XIXe siècle et n'est connu que par des représentations tardives, notamment le cadastre de 1812 ; la description d'E. Soyez en 1895 concernait principalement l'église, de plan allongé à deux vaisseaux, qui conservait un portail du XIIIe siècle. Une première église paroissiale avait été construite en 1503 puis démolie en 1850. À la fin du XIXe siècle, le doyen de la paroisse lança un projet de reconstruction de l'église des Cordeliers dans un style néo-gothique conçu par l'architecte Paul Delefortrie ; seules la chapelle du chœur et le transept furent édifiés, puis les travaux furent arrêtés en raison du coût. La nef, dont la construction remontait au XVIe siècle, fut en grande partie détruite pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Endommagée durant ce conflit, l'église fit l'objet de travaux qui permirent à l'architecte Pierre Ansart et à son fils Gérard, artiste verrier, d'édifier la sacristie, de restaurer des vitraux et d'en composer de nouveaux. Les verrières de l'abside illustrent la vie de saint Rémi par des médaillons superposés ; le triforium est consacré à la vie des moines et des cordeliers d'Amiens, et les fenêtres hautes représentent les douze apôtres de part et d'autre d'un tableau central réunissant la Vierge et l'Enfant et le thème de la Trinité. Il ne subsiste aujourd'hui du couvent que quelques ruines ; en 1937 on aménagea le square Pierre-Marie-Saguez dans ces vestiges, où l'on peut voir les restes du portail occidental de l'église (voussures et piédroits), des éléments de la nef (bases de piliers, contreforts), des murs et fenêtres gothiques en élévation ainsi que divers vestiges lapidaires, notamment des sarcophages. L'ancienne nef du couvent des Cordeliers est inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 17 août 2001, conjointement avec l'église Saint-Rémi et sa sacristie.