Origine et histoire de l'Église Saint-Remi
L'église Saint-Rémi, paroissiale catholique d'Asnières-sur-Oise (Val-d'Oise), est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1985. Elle occupe un promontoire du pays de France, près de la rive gauche de l'Oise, au cœur du village et à proximité de l'ancienne abbaye de Royaumont ; la façade ouest et le clocher donnent sur la rue du Crocq, la façade sud longe la ruelle Bovin et le chevet, bien que mitoyen de terrains privés, reste accessible par un passage étroit. Selon la tradition, le site aurait été choisi par saint Rémi et accueilli dès le VIe siècle un oratoire primitif ; l'église est mentionnée parmi les biens de l'abbaye de Saint-Denis en 775 et la paroisse apparaît dans un acte de 907. Un chœur roman est édifié vraisemblablement au début du XIIe siècle : les deux premières travées voûtées en berceau constituent la partie la plus ancienne encore visible. Lors de la première période gothique, la nef est reconstruite avec de larges arcades en tiers-point posées sur piliers cylindriques, sans voûtement, tandis que l'ancienne abside romane est remplacée par deux travées et un chevet polygonal voûté en arêtes ; le clocher-porche, attribué à la même phase, est considéré comme l'élément architectural le plus remarquable de l'édifice. À la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, deux chapelles latérales sont ajoutées au nord et au sud du chœur et seules ces chapelles reçoivent des voûtes d'ogives ; la première travée de la chapelle nord, chapelle seigneuriale, est plus tardémment remaniée dans le style flamboyant. En 1409, le clocher est frappé par la foudre et incendié, entraînant la destruction d'une partie de la charpente de la nef, mais l'étendue précise des dégâts reste mal documentée. Au cours des siècles suivants, des réparations et des aménagements ponctuels interviennent — parmi lesquels la reconstruction du beffroi intérieur en 1731 et la suppression en 1763 de monuments funéraires seigneuriaux — puis des restaurations importantes aux XIXe et XXe siècles préservent l'édifice. En 1792, le retable provenant de l'abbaye de Royaumont, encadré de deux colonnes de marbre, est installé au maître-autel ; le monument funéraire d'Henri de Lorraine, sculpté par Coysevox, y est transféré avant de revenir à Royaumont en 1959. Au XIXe siècle des paroissiens financent plusieurs vitraux et, aux XXe et XXIe siècles, des travaux portent notamment sur le clocher (1971), le gros œuvre (1979-1981), la sacristie (1995) et les chapelles et le chœur (2001). Trois cloches récentes de la fonderie Bollée voisinent désormais dans le beffroi avec la cloche antérieure à la Révolution, dite Marie, datée de 1692. Jusqu'à la Révolution la paroisse dépendait du doyenné de Beaumont-sur-Oise dans le diocèse de Beauvais ; elle a ensuite été rattachée au diocèse de Versailles puis, dès 1966, au diocèse de Pontoise ; aujourd'hui Asnières forme un groupement paroissial avec Noisy-sur-Oise, Saint-Martin-du-Tertre et Viarmes et l'église est desservie par le curé de Viarmes, avec une messe dominicale régulière. Le plan de l'édifice, d'orientation régulière, associe un clocher-porche, une nef de quatre travées flanquée de deux bas-côtés de même longueur, un chœur de trois travées terminant par une courte abside à pans coupés et deux chapelles latérales communiquant avec les bas-côtés et les premières travées du chœur ; la sacristie occupe l'angle entre le clocher et le bas-côté nord et une tourelle d'escalier, curieusement implantée au sud‑est, empiète sur la première travée de la nef. La nef et les bas-côtés ne sont pas voûtés ; seuls les deux premières travées du chœur sont en berceau, la troisième en voûte d'arêtes et l'abside présente un type de couvrement dérivé du voûtement d'arêtes, tandis que les deux chapelles latérales sont voûtées d'ogives. L'intérieur se caractérise par des grandes arcades en tiers-point et des chapiteaux qui associent motifs romans et traits d'une sculpture inachevée ou remaniée, parfois attribuée aux travaux de réparation après l'incendie de 1409 ; un faux plafond du XIXe siècle masque la charpente d'origine. Les bas-côtés ont subi des reconstructions qui leur ont donné des murs aux fenêtres en plein cintre et des faux plafonds inégaux, mais l'ensemble demeure un témoignage significatif des églises rurales du pays de France aux débuts du gothique. À l'extérieur, le clocher-porche, de plan carré, présente des étages en pierre de taille ornés de baies en arc brisé et de colonnettes, une frise de feuilles d'acanthe et une flèche octogonale en ardoise, tandis que le reste de l'édifice est bâti en moellons sobres et butté par des contreforts. Le mobilier est riche : stalles du XVe siècle provenant de Royaumont, retable, tabernacle et colonnes de marbre, lambris du chœur et de la chapelle de la Vierge des XVIIIe et XVVe siècles, fonts baptismaux et statues, dont plusieurs éléments sont protégés au titre des objets historiques. L'église conserve également six dalles funéraires restaurées et redressées, dont cinq sont classées, ainsi qu'une épitaphe commémorant André de Joigny (décédé en 1645). Sept vitraux de styles variés, offerts par différents donateurs et ateliers entre la fin du XIXe siècle et 1934, ornent les travées et présentent des thèmes tels que saint Joseph, Notre-Dame de Lourdes, l'Immaculée Conception, l'Assomption, des épisodes de l'enfance du Christ, sainte Hélène et le baptême de Clovis. L'église, bien entretenue et encore en activité liturgique, peut être visitée sur rendez-vous auprès de l'office de tourisme.