Origine et histoire de l'Église Saint-Remi
L'église Saint-Remi de Ponchon (Oise) est une église catholique paroissiale implantée au centre du village, rue du pont Delettre. Sa nef unique, non voûtée et couverte d'un lambris en berceau, remonte au XIe siècle. Ponchon fut l'une des paroisses primitives du diocèse de Beauvais et, en tant que paroisse matrice de plusieurs villages voisins, bénéficia de privilèges sous l'Ancien Régime. Le sanctuaire roman primitif a été remplacé par un chœur gothique plus vaste à partir de la fin du XIIe siècle, et le voûtement d'ogives du vaisseau central fut achevé vers 1230 environ. La chapelle latérale, engagée au dernier quart du XIIe siècle puis reconstruite pour ne compter que deux travées, n'a jamais été voûtée, mais a reçu de nouvelles fenêtres aux XIIIe et XIVe siècles. À la seconde moitié du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, l'ensemble intérieur fut doté d'une polychromie architecturale et d'une vaste série de fresques. Réalisées en plusieurs tons d'ocre, ces peintures forment une frise continue illustrant essentiellement des épisodes de la Genèse et de la Passion du Christ ; environ les deux tiers sont aujourd'hui conservés. Les peintures monumentales, redécouvertes vers la fin des années 1970, ont été classées au titre des monuments historiques et l'édifice inscrit par arrêté du 18 décembre 1980. La restauration des toitures débuta en 1979 avec l'aide de la Sauvegarde de l'art français et la restauration des peintures commença en 1982 ; des campagnes de restauration se sont poursuivies jusqu'en 2006, état actuel excellent. Ponchon est aujourd'hui affilié à la paroisse Saint-Yves-d'Auteuil du pays de Noailles et des messes dominicales y sont célébrées environ tous les trois mois.
L'église est orientée et présente un plan simple mais non symétrique : un porche devant le portail occidental, une nef unique lambrissée, un chœur de deux travées dans l'axe de la nef, un collatéral au sud et un chevet plat. Une cage d'escalier hors-œuvre flanque le chœur au nord et un clocher en charpente, coiffé d'une flèche octogonale, s'élève au-dessus de la première travée du chœur ; l'ensemble est couvert d'ardoise. La longueur totale est de 35 m, dont plus des deux tiers relèvent de la nef. La nef, bien que simple dans son plan, est spacieuse et peut accueillir plus de deux cents fidèles ; son lambris rustique rapproche la facture d'exemples locaux. On distingue six entraits visibles de la charpente, disposés à équidistance mais sans correspondance précise avec des travées.
Le mur sud de la nef comporte quatre ouvertures : une porte dans la troisième travée et trois grandes fenêtres, deux en plein cintre d'époque classique et la dernière en tiers-point de style flamboyant ; des traces des anciennes baies romanes se lisent en partie en élévation. Le mur nord est dépourvu de grandes baies ; on y observe une niche en plein cintre près du chœur, dont le fond porte une peinture de la période classique représentant une scène de trahison et divers personnages légendés, ainsi qu'une niche aménagée au XIXe siècle pour un poêle. Les parties basses des murs ont souffert de reprises en sous-œuvre qui ont effacé les peintures jusqu'à près de deux mètres de hauteur, mais les fresques débutent au‑dessus de cette zone et restent globalement bien conservées.
La polychromie architecturale médiévale utilise ocre jaune et rouge et lait de chaux blanc ; elle se compose de trois frises horizontales non figuratives, d'un décor en faux-appareil et de frises au-dessus des ouvertures, ainsi que de croix de consécration inscrites dans un double cercle. Les fresques figuratives, hautes d'environ 1,50 m, représentent des scènes bibliques disposées en frise continue et traitées de façon fortement stylisée avec une palette restreinte ; elles montrent entre autres la Visitation, des vestiges du Massacre des Innocents, la Présentation au Temple, Hérode et ses soldats, le miracle de Théophile, la création d'Ève, la Tentation et l'Expulsion, des scènes de la vie d'Adam et d'Abraham, la trahison de Judas, le Christ de douleur, la Flagellation, le Portement de la Croix, la Crucifixion, la Descente de Croix et une scène angélique au tombeau.
Le chœur constitue un exemple rare dans le Beauvaisis d'un sanctuaire continuant la largeur et la hauteur de la nef ; il est composé de deux travées nettement barlongues et percé de lancettes élancées au nord et de deux lancettes géminées au chevet, inscrites sous un arc de décharge commun. Le chœur conserve ses voûtes d'ogives polychromes, des clés de voûte finement sculptées (rosace et agneau mystique) et des profils d'ogives caractéristiques de la première période gothique ; les arcs sont traités en deux rangs de claveaux chanfreinés sans mouluration, choix sobre et plutôt rare pour le XIIIe siècle. Les supports associent fortes colonnettes engagées et fines colonnettes adossées, conférant légèreté à l'architecture, tandis que les chapiteaux, de plan circulaire, présentent feuilles striées, nénuphars et feuilles polylobées ; les bases d'origine ont disparu.
La chapelle latérale sud apparaît comme une construction disparate et inachevée : elle n'a jamais été voûtée depuis sa réduction à deux travées, présente des chapiteaux et des fenêtres de plusieurs époques, un plafond en pente répondant au toit en appentis et une seconde travée utilisée comme sacristie séparée du sanctuaire par une cloison basse. Des chapiteaux placés en attente montrent qu'un voûtement avait été envisagé, mais l'abandon du projet a laissé l'espace sans formerets et avec un arc-doubleau du même type que celui du chœur.
L'extérieur témoigne d'un usage important de moellons de silex, employé notamment en opus spicatum sur la moitié basse du mur sud, tandis que la pierre de taille est réservée aux contreforts, chaînages et entourages de baies. La façade occidentale est épaulée par contreforts et percée d'un oculus singulier taillé dans un bloc unique ; le portail occidental a été remanié en arc parabolique sans tympan et le porche ouest est en charpente avec remplissages de briques évoquant le colombage. Le porche méridional, de facture remaniée, possède un petit pignon orné d'une croix en antéfixe et une entrée en arc parabolique ; le portail méridional en anse de panier, plus ancien, paraît de style XVIe siècle. Les parties orientales présentent des contreforts saillants et divers ornements de fenêtres, dont des têtes de clous et une tête grimaçante au chevet.
Parmi le mobilier, un tableau à l'huile intitulé Le désespoir de Judas, signé Paul-Émile Destouches (1847), est inscrit au titre des objets ; les peintures monumentales de la nef et du chœur sont classées et ont fait l'objet d'une restauration. L'église conserve également un tableau représentant le baptême de Clovis, plusieurs vitraux inspirés des dessins de Raymond Joly et une Pietà en pierre offerte par l'artiste, qui vécut à Ponchon et dont la maison est aujourd'hui le musée municipal Raymond Joly-Clare.