Origine et histoire de l'Église Saint-Rieul
L’église Saint-Rieul de Brenouille, dédiée au premier évêque de Senlis, est une paroisse catholique rare dans la région et présente des parties anciennes remontant au milieu du XIIe siècle. Les éléments les plus anciens sont la croisée du transept et le croisillon sud; le croisillon nord et une chapelle latérale datent de la fin du XIIe siècle, et le chœur-halle de deux fois deux travées appartient au XIVe siècle, montrant différents stades de l’architecture gothique. La nef et les bas-côtés ont été entièrement remplacés dans un style classique au cours des années 1780, quelques mois avant la Révolution. L’édifice a été inscrit aux monuments historiques le 2 avril 1927 et restauré en 1962 ; des travaux récents sur les parties orientales ont permis la mise au jour de peintures murales anciennes, tandis que des travaux engagés sans autorisation en 2021 ont endommagé les dalles du chœur. Sous l’Ancien Régime la paroisse relevait du doyenné de Pont‑Sainte‑Maxence, de l’archidiaconé de Breteuil et du diocèse de Beauvais, le prieuré de Saint‑Leu‑d’Esserent étant collateur et gros décimateur. Les archives antérieures à 1780 font défaut et les principales datations s’appuient sur l’étude archéologique menée par le Dr Parmentier. L’église est bâtie sur un tertre au versant sud du mont de Rocq, près de la rive droite de l’Oise, et reste entourée de son cimetière ceint d’une muraille, accessible par des escaliers depuis la rue Léon‑Jouhaux et, rarement ouvert, depuis la rue de l’Église ; l’accès aux personnes à mobilité réduite n’est pas assuré. Jusqu’à l’urbanisation commencée en 1973, l’édifice était isolé du bâti ; des graffiti de 1879 sur une pile du clocher témoignent d’un ancien moulin à vent signalé par Louis Graves, et ce dernier avance que la muraille pouvait dépendre d’une fortification. La réorganisation de 1780 a donné lieu à un partage des charges entre paroissiens et décimateur, matérialisé par une plaque commémorative apposée dans l’église et rappelant l’arrangement notarié de 1789. Le plan de l’église est cruciforme mais dissymétrique à la suite de l’agrandissement de la fin du XIIe siècle : nef de trois travées avec bas‑côtés, transept réduit à la croisée servant d’assise au clocher, chapelle nord de deux travées, chœur‑halle de deux fois deux travées et sacristie au nord‑est. La nef est voûtée en berceau cintré, les bas‑côtés sont plafonnés, et les parties orientales sont voûtées d’ogives ; l’ensemble ne comporte qu’un unique niveau d’élévation et les toitures présentent des dispositions variées. L’intérieur révèle la juxtaposition des époques : la nef classique, aux grandes arcades en plein cintre reposant sur des piliers cannelés d’inspiration toscane, contraste avec les parties médiévales orientales. La croisée du transept est dissymétrique, les arcades y présentent des profils variés et l’on relève des décors peints en faux‑appareil et une peinture murale sommaire représentant un buste. Le croisillon sud, conservé presque intact depuis le milieu du XIIe siècle, comprend un ensemble de colonnettes et chapiteaux à crochets ainsi que des traces de polychromie architecturale. Le chœur‑halle du XIVe siècle se caractérise par la retombée des voûtes sur un pilier monocylindrique central, des fenêtres à réseau de lancettes et oculus hexalobe au chevet, de nombreuses traces de polychromie et plusieurs peintures murales, dont des animaux ailés dont l’interprétation reste délicate ; certaines peintures ont été redécouvertes en 2012. La chapelle latérale nord, aujourd’hui dédiée au Sacré‑Cœur, illustre le gothique primitif soigné, avec formerets, clés de voûte en petites rosaces et supports composés de faisceaux de colonnettes. À l’extérieur, la façade occidentale présente un portail massif de style classique surmonté d’un fronton triangulaire, tandis que le clocher, daté des années 1780, comporte un étage de beffroi et une flèche octogonale en charpente couverte d’ardoise; le croisillon sud conserve des contreforts et des ouvertures d’origine romane et le chevet affiche deux pignons et de grandes baies rayonnantes. Aucun élément du mobilier liturgique n’est classé au titre objet, mais trois dalles funéraires devant l’autel de la chapelle du Rosaire, une dalle dans la chapelle latérale nord et l’une des deux cloches sont protégées ; la cloche de 1777, classée depuis 1912, a subi un accident en 1987 puis a été réparée et replacée après restauration des anses en 1999. Parmi les pierres tombales remarquables figurent plusieurs dalles gravées appartenant à la famille Le Bel, notamment des œuvres réalisées par le tombier Jean Boucher de Senlis, et au moins dix autres pierres subsistent dans le dallage au sol. On relève enfin des fonts baptismaux d’apparence XVIIe siècle, une chaire de la fin du XVIIe siècle et un tabernacle baroque du maître‑autel, élément mobilier le plus intéressant pour son décor d’édicule et de colonnettes torsadées ; plusieurs retables et statuettes anciens ont disparu. Aujourd’hui l’église fait partie de la paroisse Sainte‑Maxence de Pont‑Sainte‑Maxence et a été, jusqu’à la fin décembre lors de la période de l’Avent, le lieu d’une exposition de crèches organisée par l’association locale au profit de la restauration du monument.