Origine et histoire de l'Église Saint-Roch
L'église Saint-Roch de Saint-Sulpice, située au centre du bourg de Saint-Sulpice-et-Cameyrac le long de la D13, est un édifice roman médiéval en Gironde. Son vocable et la présence de vestiges gallo-romains suggèrent une implantation antérieure à la période romane; les recherches de Léo Drouyn et d'historiens locaux situent une construction primitive vers 1090. L'abside et le chœur sont d'origine médiévale (XIe-XIIe siècles) et leurs voûtes ont fait l'objet de restaurations au XVe siècle. Le clocher, élevé au XIIIe siècle, a conservé un soubassement voûté en berceau ogival dont les extrémités retombent sur des colonnes aux chapiteaux nus. Deux cloches y sont installées : la cloche principale de 891 kg qui sonne le mi et une cloche secondaire de 460 kg qui sonne le la ; on y accède par un escalier à vis en pierre menant à la tribune. À la fin du Moyen Âge, le chœur, le bas-côté nord et la chapelle Saint-Roch (actuelle sacristie) sont voûtés, tandis que la nef conserve alors un lambris sous charpente. Aux XVIIe et XVIIIe siècles l'abside est étayée de contreforts, le contrefort médian de l'abside est élevé en 1724 et divers travaux de décoration intérieure sont entrepris. Au début du XVIIe siècle la cloche est installée au-dessus de l'arc triomphal et des tableaux remplacent les anciens retables. La partie supérieure du clocher est reconstruite en 1806 après l'abandon d'un projet confié à Garitey. En 1851 un bas-côté sud est ajouté et, lors de la voûtement général de l'édifice en 1898, le bas-côté nord est agrandi vers l'ouest; la voûte de la sacristie avait déjà été détruite. Le cimetière est déplacé vers le nord au début du XXe siècle; les enduits extérieurs sont refaits en 1996 et un contrefort du chevet est supprimé en 1998. La façade occidentale à trois niveaux date du XIIIe siècle; son portail s'ouvre par quatre archivoltes ogivales et le premier étage portait une arcature d'arcs ogivaux subtrilobés dont l'une des arcades a été détruite lors de la reconstruction du clocher en 1806. La corniche de l'abside repose sur seize modillons romans dont le décor nous est connu par les dessins de Léo Drouyn réalisés en 1847. Ces modillons représentent des entrelacs, des tonneaux, des obscénités, des têtes de lion et de bœuf, des figures hybrides et diverses scènes figuratives, dont un joueur de psaltérion, un homme nu, deux oiseaux entrelacés avec des dragons et une croix sur l'axe central. Sept modillons ont toutefois été détruits lors des restaurations de la seconde moitié du XIXe siècle et remplacés par des corbeaux simples; certains motifs se retrouvent sur des églises voisines comme Saint-Martin d'Izon. L'intérieur conserve quatre chapiteaux du XIIe siècle en très bon état : deux encadrant l'arc triomphal et deux séparant le chœur du sanctuaire. Sur le chapiteau nord de l'arc triomphal un lion dévore les jambes d'un homme renversé tandis qu'à côté se tient une femme enchaînée et parturiente, composition qui met en garde contre la chute du séducteur. Le chapiteau sud représente un monstre ailé emportant l'âme d'un défunt, image de la victoire du démon sur l'âme et de la séparation entre enfer et paradis. Entre le chœur et le sanctuaire, le chapiteau nord présente une tête monstrueuse tenant des fleurs, un animal hybride et deux serpents enlacés, thèmes apparentés au lion, au basilic et à l'aspic; le chapiteau sud est orné de sarments entrelacés aux feuilles disposées en quinconce, témoignage de l'influence de l'abbaye Sainte-Croix de Bordeaux. La chapelle Saint-Roch abrite un retable de la fin du XVIIe siècle avec une niche sculptée accueillant la statue de saint Roch, surmontée d'un fronton végétal et d'un chérubin. La table de communion, l'autel majeur et l'autel de la Vierge datent de la fin du XIXe siècle; la balustrade en bois de la tribune, au-dessus de l'entrée, est l'ancienne table de communion des XVIIe-XVIIIe siècles. La sacristie, restaurée, conserve un fragment de bas-relief représentant la Cène; l'édifice compte de nombreuses statues en plâtre de la fin du XIXe siècle figurant notamment saint Roch, saint Sulpice, sainte Thérèse et sainte Jeanne d'Arc. Les vitraux, offerts par les familles Garros, Bechau et Vinatie, ont été réalisés par le peintre verrier bordelais François Henri Curcier en 1895. À l'extérieur, une croix de cimetière du XVIe siècle se trouve à droite de l'entrée ouest et une autre croix, offerte en 1894, est au centre du cimetière; un cadran solaire sur la face sud de la façade orientale date des XVIe-XVIIe siècles. Le monument aux morts, placé devant la face nord, comporte un socle surmonté d'un soldat en bronze signé Edmond Chrétien (1921) et est entouré de huit obus. L'abside de l'église est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 21 décembre 1925.