Origine et histoire de l'Église Saint-Romain et de la croix
L'église Saint-Romain se dresse à Wy-dit-Joli-Village, dans le Val-d'Oise, et présente une silhouette pittoresque résultant de la juxtaposition de volumes et de campagnes de remaniements successives ; elle est classée monument historique depuis 1981. Elle occupe l'angle nord-est du village, rue Saint-Romain (RD 159), entourée d'une pelouse bordant l'ancien cimetière, avec une impasse derrière le chevet et un petit parvis devant la façade ; une maison proche du chœur masque partiellement la vue sur ce dernier. Selon la tradition, la fondation remonterait à saint Romain vers 625, hypothèse renforcée par la découverte d'un cimetière mérovingien attenant et par des indices de liens avec Rouen, mais rien de l'édifice primitif n'a subsisté. Les parties les plus anciennes de l'édifice actuel — le mur nord et le mur ouest de la nef et les piles de la base de l'ancien clocher — datent du XIe ou du début du XIIe siècle. À la fin de la période romane, le chœur est reconstruit puis, au milieu du XIIe siècle, l'ensemble est voûté d'ogives, la progression du chantier semblant s'être faite d'est en ouest ; la consécration par Eudes Rigaud en 1255 intervient après l'adjonction de la chapelle sud, de style gothique rayonnant. Après la guerre de Cent Ans, une chapelle nord de style gothique flamboyant est élevée ; elle constitue la partie stylistiquement la plus homogène de l'ensemble, tandis que le reste de l'édifice a subi de profonds remaniements et le repercement des baies. En 1682 la flèche octogonale en pierre du clocher central s'effondre et endommage le croisillon sud et la dernière travée de la nef ; la reconstruction engagée à partir de 1695 installe un nouveau clocher au sud-est de la chapelle sud et entraîne la transformation du croisillon, la chapelle étant rebâtie sans style réel. Le porche date du XVIIIe siècle et certains travaux du versant sud de la nef sont attribués soit à la restauration de la fin du XVIIe siècle, soit à des interventions du XIXe siècle. L'église adopte un plan globalement cruciforme mais irrégulier : nef de trois travées sans bas-côtés, ancienne base du clocher correspondant à la croisée du transept, deux travées de chœur à chevet plat, chapelles latérales nord et sud, sacristie et tourelle d'escalier ; l'ensemble est intégralement voûté d'ogives. L'élévation nord de la chapelle, soigneusement appareillée et encore intacte, comporte des baies flamboyantes en tiers-point à meneaux aigus et constitue l'élément le plus homogène de la façade extérieure, tandis que la corniche du chœur, de type romane beauvaisine, rappelle l'ancienne origine de l'édifice. Le clocher, implanté de façon inhabituellement déportée, comporte un étage intermédiaire ajouré d'oculi et un beffroi percé de baies en plein cintre sur chaque face ; son intégration modifie la silhouette du pignon sud et la distribution des travées de la chapelle. À l'intérieur, la qualité du voûtement de la nef et du chœur retient l'attention : ogives, doubleaux et formerets adoptent des profils de la première période gothique et reposent sur des faisceaux de colonnettes de trois diamètres différents, tandis que les chapiteaux, conservés dans un état remarquable, sont sculptés de feuilles plates, de feuilles d'eau et de palmettes, parfois travaillées au trépan. La base de l'ancien clocher, qui forme la première travée du chœur, montre la continuité stylistique entre le chœur et la nef et conserve des cul-de-lampe originaux sculptés en têtes d'animaux ; les piles carrées du clocher, intégrées aux voûtements, expliquent certaines irrégularités d'exécution. Le sanctuaire présente des clés de voûte à rosaces feuillagées et des chapiteaux d'une qualité exceptionnelle, mêlant feuilles d'acanthe, volutes et entrelacs, tandis que l'entablement à la limite des allèges répond à un décor de la Renaissance ajouté ultérieurement. La chapelle nord, largement unifiée et ornée de réseaux flamboyants, conserve une clé armoriée martelée à la Révolution et des culs-de-lampe naïfs ; la chapelle sud, dédiée à saint Romain, est plus étroite, encombrée par les piles du clocher et marquée par une reconstruction de la fin du XVIIe siècle, aux voûtes d'apparence sobre et aux retombées sur culots. Le mobilier comporte plusieurs œuvres notables : quatre éléments sont classés au titre des objets monuments historiques et, pour raisons de conservation, ont été déposés en mairie, des photographies en étant exposées dans la nef ; parmi les pièces encore sur place figurent des statues polychromes de la Vierge à l'Enfant et de saint Romain, des groupes sculptés et une poutre de gloire du XVe siècle. Deux tableaux à l'huile du second quart du XVIIIe siècle, représentant Salomé apportant la tête de saint Jean-Baptiste et saint Jean-Baptiste prêchant au désert, ont été classés en 1980 ; une Annonciation attribuée à l'abbé Dheilly, d'époque XIXe, n'est pas classée. L'église conserve également des dalles funéraires et des plaques de fondation qui témoignent de libéralités des XVIIe et XVIe siècles, une inscription relative à la reconstruction de 1695, ainsi qu'une bannière et des fragments de vitraux, dont une verrière du chevet représentant la Vierge immaculée, le Sacré-Cœur et saint Romain. À proximité se trouve la croix de cimetière du XVe siècle, déplacée après la suppression du cimetière et classée en 1946 ; elle est très mutilée mais laisse deviner une Vierge sous dais sur la face principale. Wy n'est plus paroisse indépendante ; l'église fait aujourd'hui partie du secteur paroissial Avernes et Marines, où les messes dominicales ne sont célébrées à Wy que trois fois par an.