Origine et histoire de l'Église Saint-Ronan
L'église Saint‑Ronan, reconstruite entre 1430 et 1480 grâce aux dons des ducs de Bretagne Jean V, Pierre II et François II, a été élevée sur l'emplacement de la chapelle romane du prieuré dépendant de l'abbaye Sainte‑Croix de Quimperlé, fondée en 1031 par le comte de Cornouaille Alain Canhiart. La première mention de Locronan figure en 1031 dans un acte par lequel Alain Canhiart donne l'église et ses terres à l'abbaye, date toutefois discutée car la fondation de Sainte‑Croix ne semble pas antérieure à 1050. Le sanctuaire doit sa renommée au culte de saint Ronan, ermite originaire d'Irlande qui vécut au IXe ou, plus vraisemblablement, au Xe siècle. À partir du XIIIe siècle, le pèlerinage se développe et attire des personnages comme Pierre Mauclerc — qui selon Ogée élève l'église au rang de prieuré par son testament — ainsi que saint Yves. La lignée comtale et ducale de Cornouaille manifeste un soutien constant au sanctuaire ; Jean IV accorde des exemptions fiscales aux habitants du bourg à la fin du XIVe siècle, mesures confirmées par ses successeurs, et Jean V prend part au chantier en finançant l'amorce du pignon. Les travaux, conduits principalement d'ouest en est, s'étendent sur environ un demi‑siècle et leur progression est attestée par des armes de prieurs sculptées sur des clés de voûte. Le maître tailleur de pierre Pierre Le Goaraguer, lié aux chantiers de la cathédrale de Quimper, est présent à Locronan en 1485 et semble associé à l'ouverture de la chapelle du Pénity, accolée au sud‑ouest de l'église. La chapelle du Pénity, entreprise à la fin du XVe siècle et achevée au début du XVIe siècle grâce à un mécénat attribué à Anne de Bretagne, est aussi présentée par la tradition comme financée en 1530 par Renée de France ; ces attributions divergent selon les sources. L'édifice présente une grande unité stylistique : volume compact adapté au relief, nef qui suit la pente du terrain en montant vers le chevet, pignon central marqué par un clocheton et deux porches d'accès — un porche ample en façade occidentale et un second, plus modeste, au niveau de la seconde travée nord. Une tour massive domine la première travée ; la voûte de celle‑ci fut détruite par la chute de la flèche en 1808 et la travée est depuis coiffée d'une couverture en dôme reposant sur la base octogonale de la flèche. La nef, de plan rectangulaire, comprend six travées barlongues voûtées en croisées d'ogives à liernes et est traversée en son milieu par un arc diaphragme qui soutient le pignon de liaison. Le chœur, à chevet plat, est éclairé par un ensemble flamboyant à six lancettes, et la sacristie nord porte sur ses clés les armes de G. de la Villeblanche, prieur en 1443. La chapelle du Pénity conserve le tombeau de saint Ronan : un cénotaphe en kersanton daté de la première moitié du XVe siècle représentant un gisant posé sur une dalle soutenue par six anges cariatides portant des blasons, encadré par deux autres personnages ; le gisant perce la gueule d'un monstre et bénit de la main droite, au‑dessus du caveau renfermant les reliques. Le style du cénotaphe laisse penser qu'il est antérieur d'environ un demi‑siècle à la construction de la chapelle. Le mobilier de l'église est riche et varié : bannières de procession peintes par Pierre Toulhoat (1953), maître‑autel du début du XVIIIe siècle avec tabernacle sculpté et anges, statues de saints en pierre, bois polychrome et plâtre, le retable du Rosaire sculpté en 1688 par l'atelier Maurice Leroux et restauré en 2015, la chaire sculptée en 1707 par Louis Bariou et Guillaume Le Poupon ornée de neuf médaillons relatant la légende de saint Ronan, et un orgue moderne de Benoist et Sarélot (1983). Trente objets et mobiliers de l'église sont recensés et protégés dans la base POP du ministère de la Culture. Le clocher pyramidal qui couronnait la tour occidentale fut renversé par la foudre en 1808; l'architecte diocésain Bigot entreprend des réparations et reconstructions à partir de 1846, des travaux de protection des chéneaux et de reprise des joints sont effectués en 1850, et le service des Monuments historiques mène, depuis 1893, des opérations d'entretien et de restauration. L'église Saint‑Ronan, classée au titre des monuments historiques depuis 1846, demeure un lieu de pèlerinage et un élément structurant du patrimoine religieux et architectural de Locronan.
