Origine et histoire de l'Église Saint-Sardos
L'église Saint-Sardos occupe le centre de la commune de Saint-Sardos, dans le Lot-et-Garonne ; elle est l'ancien prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye de Sarlat, fondé en 1153 d'après Georges Tholin. Une bastide s'était développée autour du monastère, mais les violences de 1323 — et plus largement les conflits des XIVe au XVIe siècles — ont entraîné la destruction partielle du prieuré et de son église. À l'origine, l'église romane comportait un vaisseau central flanqué de deux bas-côtés et terminé par trois absides orientées ; elle fut gravement endommagée lors de la guerre dite de Saint-Sardos et au cours des siècles suivants. Avant 1668, après la destruction de l'ancienne église matrice, l'église priorale était devenue église paroissiale. Il ne subsiste essentiellement de l'édifice roman que le portail nord, encadré par une tour demi‑hors‑œuvre élevée pour servir de clocher, et probablement le départ du mur du chœur, utilisé comme sacristie. D'après J. Marboutin, l'édifice a été largement reconstruit en 1730 ; un bâtiment attenant au sud, visible sur le cadastre napoléonien et peut‑être vestige des bâtiments conventuels, a été reconstruit au XIXe siècle. L'église elle‑même a été remplacée au XIXe siècle par un bâtiment neuf dans lequel ont été incorporées des parties anciennes, puis restaurée complètement entre 1875 et 1877 par l'architecte villeneuvois Adolphe Gilles. Le portail nord a reçu des interventions au XXe siècle et a été restauré dans les années 1950 ; lors d'une campagne de restauration au début des années 1950, deux chapiteaux extérieurs ont été déposés et placés à l'intérieur, remplacés par des copies. Le portail roman, classé au titre des monuments historiques le 16 juin 1939, s'ouvre au nord dans la tour à deux étages. Quatre colonnes décorent les montants en retrait ; un des chapiteaux porte un décor de feuillages, les trois autres présentent des scènes historiées. Les archivoltes plein cintre sont formées de quatre tores séparés par des gorges, et un bandeau orné de palmettes court le long des abaques. Le tympan se compose d'un linteau sur lequel appuie une pierre montant jusqu'aux clés des cintres ; ces deux pierres sont décorées d'entrelacs et de rinceaux. Deux triangles du décor sculpté portent des peintures à l'ocre figurant des échassiers becquetant des fleurs dans des vases ; ces compositions peuvent dater du XVe ou du XVIe siècle. L'édifice conserve enfin des chapiteaux sculptés provenant d'un emplacement originel.