Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin
L'église paroissiale d'Aignan, aujourd'hui dédiée à saint Saturnin mais anciennement à saint Laurent, présente une double titulature attestée notamment à la fin de l'époque moderne. L'édifice, de tradition romane et daté des XIe–XIIe siècles pour ses phases anciennes, conserve des éléments architecturaux et sculptés remarquables. La première église, à nef unique non voûtée, est représentée par le collatéral sud actuel : le mur sud percé de grandes baies en plein cintre très ébrasées, l'absidiole méridionale et la partie sud du mur occidental, réalisés en petit appareil irrégulier de grès molassique. Dès le début du XIIe siècle, l'absidiole sud reçoit une voûte en cul-de-four, des contreforts plats et un décor sculpté abondant, marqué par l'influence de Saint-Sernin de Toulouse. Au cours de la première moitié du XIIe siècle, l'église est agrandie vers le nord : la nef, le chœur et le portail monumental actuels appartiennent à cette campagne, caractérisée par un appareil de pierre plus régulier et un riche décor sculpté d'influence Saint-Sever. L'absence de soubassement décoré au nord de l'abside confirme qu'il n'y a jamais eu de collatéral ni d'absidiole nord. À la charnière des XIIe et XIIIe siècles, la nef et le chœur sont voûtés en berceau brisé sur doubleaux et l'abside est couverte en cul-de-four ; les arcs en plein cintre sont soutenus par des chapiteaux romans, plusieurs figurés. Le porche sud, installé dans un léger avant-corps, présente des chapiteaux à personnages et une corniche ornée de modillons grotesques. Vers le XIVe siècle, l'église est intégrée au système défensif du bourg : la toiture primitive et la corniche de l'absidiole disparaissent au profit d'une surélévation des murs et de créneaux encore visibles sur la maçonnerie du mur sud et de l'absidiole, et un chemin de ronde est partiellement conservé au niveau des combles. Ce dispositif comprend un système d'évacuation des eaux par chenaux intérieurs aboutissant à des gargouilles ; le contrefort sud-ouest est contemporain de ces aménagements, tandis qu'aucun vestige défensif n'est observable sur le chevet et le mur nord. Le clocher, de datation incertaine, pourrait remonter à cette campagne de fortification et a été partiellement reconstruit après sa destruction par la foudre en 1545, le beffroi relevant probablement de la même période. Après la guerre de Cent Ans, des travaux d'embellissement remplacent les petites fenêtres plein cintre du mur sud par des baies à remplage flamboyant et introduisent des voûtes d'ogives dans le collatéral sud ; les profonds contreforts de l'élévation nord accueillent la chapelle Saint-Joseph, elle aussi voûtée d'ogives. Une surélévation ultérieure des murs fait disparaître le système défensif et permet l'installation de la toiture dans sa configuration actuelle ; cette transformation, non précisément datée, intervient entre le XVIIe et le XIXe siècle. Au XIXe siècle, plusieurs campagnes modifient l'intérieur : fausses voûtes de la nef, déplacement de la sacristie du sud vers le nord du chevet et création des fonts baptismaux et d'un débarras en avant de l'élévation occidentale. L'église, située au centre de la commune rue Saint-Saturnin dans le département du Gers et la région Midi-Pyrénées, est protégée au titre des monuments historiques : le portail a été inscrit en 1927 et la protection étendue à l'ensemble de l'édifice en 2015.