Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin
L'église Saint-Saturnin d'Antony, située dans les Hauts-de-Seine, est le principal lieu de culte de la paroisse et l'un des éléments majeurs du patrimoine communal. Elle conserve des vestiges d'une chapelle mentionnée en 829 dans une charte de l'abbaye de Saint‑Germain‑des‑Prés : la base du clocher renferme une excavation rectangulaire avec deux cuves dite « lave‑mains » et, lors de rénovations, une fenêtre haute aux proportions carolingiennes a été mise au jour. Les murs est et nord du chœur datent du premier quart du XIIe siècle et le chœur a été achevé au milieu du XIIe siècle; cette phase illustre le passage de la charpente à la voûte d'arêtes, signe de la naissance de l'art gothique. Des chapiteaux à pommes de pin et des travées de facture variée témoignent de l'agrandissement roman puis gothique mené sous l'essor du XIIe siècle, période au cours de laquelle la chapelle fut érigée en paroisse en 1177. La nef et les bas‑côtés actuels datent du XVe siècle, reconstruits après la guerre de Cent Ans, tandis que la façade et le portail principal appartiennent à la transition entre les XVe et XVIe siècles. Au XIXe siècle l'édifice connut plusieurs transformations : la flèche actuelle remplaça l'ancienne couverture entre 1825 et 1830, la sacristie fut reconstruite en 1841‑1842, la façade reçut un nouveau décor vers 1850‑1851, une tribune fut bâtie en 1855‑1856 et les tuiles furent remplacées par de l'ardoise en 1863. L'église a été inscrite au titre des monuments historiques le 19 octobre 1928 et a fait l'objet de restaurations notables de 1919 à 1925, puis en 1980‑1982, 1989 et 2000‑2002; lors des opérations menées dans les années 1970‑1980 l'intérieur a été remanié et une grande partie des ornements du XIXe siècle a été supprimée. La couverture et le beffroi ont été refaits en 2002 : la toiture a reçu des ardoises naturelles d'Angers et le beffroi, entièrement reconstruit en chêne, soutient les cloches tout en limitant la transmission des vibrations. Le beffroi porte quatre cloches ; la plus ancienne, Charlotte‑Geneviève, date de 1730, sonne le mi bémol et pèse 700 kg, et trois autres cloches ont été ajoutées en 1923 et 1935. Un coq daté de 1891, restauré en 2001, orne le sommet du clocher. Hors œuvre, l'église mesure 19,5 m de large sur 30,5 m de long et offre environ 600 places assises, réparties entre la nef, les bas‑côtés, le chœur et la chapelle. L'intérieur présente des éléments remarquables : la base massive du clocher, l'arc carolingien dégagé en 1981 et la transition stylistique entre roman et gothique perceptible dans le chœur. La nef reconstruite au XVe siècle compose un volume harmonieux autour de piliers hexagonaux, dont l'exécution reflète l'apprentissage des artisans de l'époque. Les vitraux, majoritairement de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, comprennent le grand vitrail du fond du chœur, inscrit aux monuments historiques et offert en 1900 par M. Bidoire, réalisé par Charles Champigneulle, ainsi que des œuvres de maîtres verriers tels qu'Émile Janiaud, Jacques Grüber et d'autres artistes, et un vitrail moderne non figuratif posé en 1982 par M. Guevel. Le pavement noir et blanc de la nef, en pierre de liais et marbre, date de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, et des dalles en brique de Beauvais conservent des fragments du sol plus ancien. La statuaire comprend un crucifix en chêne exécuté en 1930 par Louis Rabeau et une copie de 1930 en ciment‑pierre d'une Vierge à l'Enfant du XIIIe siècle ; les fonts baptismaux, en pierre et décorés, datent du XVIIIe siècle. Une mosaïque du IVe siècle, venue du nord de la Syrie et déposée en 1991, mesure 4 × 3,84 m et représente le triomphe de la Croix, associant symboles bibliques et motifs végétaux. L'inventaire général signale par ailleurs de nombreux éléments liturgiques et mobiliers anciens — reliquaires, croix de procession, bannières, bénitier, chapiteaux du XIIe siècle et autres pièces — qui complètent le riche ensemble patrimonial de l'édifice. L'église reste le lieu central de la paroisse Saint‑Saturnin, laquelle entretient des liens de solidarité avec plusieurs paroisses à l'étranger et fait l'objet d'études et de publications locales.