Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin
L'église Saint-Saturnin de Calvisson, située dans le Gard en Occitanie, est une église gothique d'origine romane. Le village est mentionné dès 1060 et l'église apparaît dans les cartulaires de Nîmes et de la Font en 1114 et 1156. De la première église recensée en 1156 il ne subsiste rien ; l'édifice actuel fut achevé en 1486 et remanié à la fin du XVe siècle. Les guerres de Religion ont fortement endommagé le prieuré et le cloître, entraînant la disparition du clocher et de trois chapelles latérales sud. L'édifice a connu d'autres transformations et restaurations : en 1665, avec des interventions à partir de 1686 sur les deux travées ouest, après un incendie en 1703 qui n'affecta pas le gros-œuvre, puis une remise en état confiée à la municipalité en 1816. Durant la Révolution l'église fut utilisée comme « Temple de la Raison » en 1794 puis remise aux protestants, qui la restituèrent aux catholiques en 1816. Elle est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 6 décembre 1949. Une importante campagne de restauration, réhabilitation et mise en valeur a été menée de janvier à juin 2009 : toitures, maçonneries, encadrements en pierre tendre et vitraux ont été restaurés et les baies protégées par des grillages en cuivre et en laiton. L'édifice mesure 35 mètres de long et offre 400 m2 de surface intérieure ; la nef unique de quatre travées, voûtée sur croisées d'ogives, s'étend sur 27 m de long et 11,50 m de large. Les voûtes culminent à 14,50 m tandis que le faîtage de la toiture, d'une surface de plus de 500 m2 munie d'une « ligne de vie », atteint 15 m. Des piles polygonales supportent les retombées des ogives et des doubleaux ; la nef est éclairée au sud par des baies à lancettes et des roses, et à l'ouest par une grande rosace au-dessus du porche. Le bas-côté sud a possédé des chapelles latérales dont subsistent les amorces des voûtes et les formerets ; ces emplacements abritent aujourd'hui deux garages (dont l'un doit être démoli) et le bâtiment de la sacristie. Le chevet est plat et se divise en trois parties, la partie centrale abritant un autel qui fait saillie à l'extérieur. De l'architecture romane originelle, il ne reste que quelques traces, notamment une arcade apparente et une baie cintrée murée dans le mur septentrional. L'appareil de pierre varie : régulier dans les parties basses, plus irrégulier dans les parties hautes. La façade ouest présente un portail ogival en saillie, une porte de style néo-classique édifiée à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle, un grand oculus avec vitrail de la seconde moitié du XIXe et un clocheton du XIXe siècle. Le clocheton abrite une baie campanaire et une cloche datée de 1845, provenant de la fonderie avignonnaise Pierre Pierron ; la façade est encadrée par deux contreforts nettement asymétriques, dont l'un contient un escalier en colimaçon. La façade méridionale, rythmée de contreforts en pierre de taille et percée de grandes fenêtres ogivales terminées par des roses, conserve les vestiges des chapelles latérales ; la façade septentrionale, plus austère, laisse apparaître l'arcade romane évoquée. Le chœur comprend trois chapelles alignées dotées de fenêtres gothiques et de vitraux de la seconde moitié du XIXe siècle (atelier Martin, Avignon), et comporte des voûtes sur croisées d'ogives ; la chapelle principale est plus basse que la nef. Le chœur renferme des fragments de colonnes gallo-romaines, dont deux éléments superposés supportant une cuve circulaire, et chaque chapelle latérale présente des culs-de-lampe historiés représentant des moines en avant et des visages grotesques à l'arrière. Au fond de la nef, côté nord, se trouvent des fonts baptismaux en pierre taillée du XVIe siècle : une cuve cylindrique au décor géométrique reposant sur un socle octogonal et entourée d'une clôture de pierre à fortes balustres ; ces fonts sont classés au titre des monuments historiques depuis le 30 septembre 1911. L'église abrite enfin une copie du XVIIe siècle du Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie attribué au Corrège et classée au titre des objets monuments historiques depuis le 7 décembre 1965.