Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin
L'église Saint-Saturnin se situe dans la commune de Cardan, en Gironde, et se trouve au nord-ouest du bourg, le long de la D120 près du cimetière du village. D'origine romane du XIIe siècle, elle est une petite église qui mesurait moins de 100 m2 à l'origine et a conservé sa façade occidentale et son chevet décorés de sculptures. La nef principale, rectangulaire et lambrissée, précède une abside plus resserrée composée d'un rectangle prolongé d'un demi-cercle et couverte en cul-de-four ; deux pilastres marquent la séparation entre l'abside et le chœur. Un bas-côté sud, daté 1685, a agrandi l'édifice au XVIIe siècle. La cloche provient d'un fondeur bordelais, Élie Deyres, et porte la date de 1849. Jusqu'en 1850 l'église remplit la fonction paroissiale ; par la suite elle fut de plus en plus délaissée avant d'être restaurée au milieu du XIXe siècle par l'architecte Durassie et l'entrepreneur Videau. La restauration de 1855-1856 a notamment entraîné le remplacement de plusieurs éléments décoratifs extérieurs. Le portail roman sur la façade ouest s'ouvre en trois arcades en retrait sur colonnes ; les archivoltes présentent des motifs en dents de scie et des entrelacs, et une corniche soutenue par quinze modillons sculptés supporte l'ensemble. Cinq des six chapiteaux du portail sont romans ; le plus au nord a été ajouté lors de la restauration du XIXe siècle. Les chapiteaux et modillons offrent une iconographie variée, mêlant personnages en costume, quadrupèdes, oiseaux, une sirène, palmes et pommes de pin, ainsi que scènes moralisantes opposant voies de la vie et de la mort. Le tympan, sans linteau, comporte une Vierge en majesté tenant l'Enfant et une statuette de saint Pierre, tandis qu'un médaillon inférieur renferme une croix grecque ; deux "fausses portes" flanquant l'entrée présentent la même ornementation. Sur la façade et le chevet subsiste un ensemble modillonnaire dont certains sujets, décrits dès le XIXe siècle comme obscènes, ont été en partie remplacés ou altérés. À l'intérieur, des remaniements du XVIIe siècle ont effacé la plupart des figures romanes ; les seuls chapiteaux romans intacts se trouvent dans la baie axiale de l'abside et représentent des dragons à têtes colombines se désaltérant à un calice au milieu de lianes feuillues. L'arc triomphal a vu ses chapiteaux romans remplacés par des bas-reliefs représentant un lion et un aigle, sans doute emblèmes évangéliques. Les ébrasements des trois baies du sanctuaire sont décorés en trompe-l'œil. Parmi les éléments mobiliers, la chaire à prêcher en bois de chêne ou de châtaignier date du XVIIIe siècle et ne possède ni dorsal ni abat-voix ; le retable en pierre peinte au mur nord de la nef, également du XVIIIe siècle, présente deux colonnes encadrant trois niches et une sculpture de Dieu le Père, tandis que l'autel et le tabernacle sont disparus mais leurs traces demeurent. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1907 pour son portail et son abside, puis inscrit dans son ensemble en 1925.
