Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin de la Libarde
L'église de la Libarde, dédiée à saint Saturnin, se situe dans le lieu-dit La Libarde, à un kilomètre au nord du village de Bourg (Gironde). Autrefois paroisse indépendante jusqu'à la Révolution, elle fait aujourd'hui partie de la commune de Bourg ; il ne subsiste de l'édifice primitif que des fondations et surtout une crypte intacte dont les dernières modifications remontent à la seconde moitié du XIe siècle. La crypte, la totalité des vestiges et l'enclos du cimetière ont été inscrits aux Monuments historiques en 1965. Selon Léo Drouyn et des documents anciens, l'église romane du XIIe siècle comprenait une nef centrale flanquée de bas-côtés et un sanctuaire situé au-dessus de la crypte ; elle aurait été édifiée sur le site d'une villa gallo-romaine, la crypte pouvant être le vestige d'une chapelle carolingienne ou d'un temple antérieur. L'église connut plusieurs événements et transformations : elle fut incendiée avant la fin du XIIe siècle, fit l'objet de remaniements au XVIIe siècle — la nef étant alors séparée du chœur par douze marches — et ses fresques intérieures furent retirées par une ordonnance de l'archevêque en 1669. Au XVIIIe siècle un titre décrit un édifice pourvu de deux ailes et d'une grande voûte centrale soutenue par des colonnes ; la foudre détruisit la façade ouest en 1765, l'église fut pillée après 1789 et rasée en 1823. La crypte, rare en Gironde comme celles de Saint-Seurin à Bordeaux, Saint-Christophe de Baron et Saint-Cyr de Saint-Ciers-d'Abzac, se compose d'une nef et de deux bas-côtés, chacun formé de deux travées voûtées en berceau, et se prolonge vers l'est par une abside semi-circulaire qui contient un sanctuaire élevé d'une marche. L'espace voûté repose sur un dispositif de piliers composés de quatre colonnes accouplées formant un plan en quatre-feuilles, tandis que des colonnes engagées portent les arcs et l'arc triomphal en plein cintre ; l'ensemble est parcouru par de petites fenêtres étroites éclairant l'abside et les extrémités orientales des bas-côtés. De dimensions modestes, la crypte présente une nef longue de 5,40 m (10 m avec l'abside), une largeur totale de 6,25 m, une nef centrale de 2,80 m, une hauteur sous voûte de 3,10 m et des arcs séparateurs mesurant 1,83 m. Les murs et les voûtes portaient à l'origine une décoration polychrome géométrique, aujourd'hui masquée par des badigeons, et l'abside comporte une petite piscine liturgique incrustée dans la maçonnerie. Vingt-trois chapiteaux sculptés ornent la crypte : trois chapiteaux encadrant la porte et ceux de l'arc triomphal sont romans, liés à la restauration du XIIe siècle, tandis que dix-huit chapiteaux de la nef et des bas-côtés sont beaucoup plus anciens, peut‑être carolingiens ou gallo-romains ; leurs décors végétaux et figurés (lions, personnages, oiseaux ou griffons) présentent des affinités avec des ensembles pré-romans des environs. La crypte, tombée dans l'oubli, fut redécouverte au moment du démantèlement de l'église en 1823 et étudiée au XIXe siècle par des savants locaux et des membres de la Société pour la conservation des monuments historiques. Des travaux de sauvegarde ont été entrepris dès le milieu du XIXe siècle, puis régulièrement entretenus, malgré des problèmes d'humidité et d'infiltrations signalés en 1860 ; des études et opérations d'assainissement ont été menées au début du XXIe siècle, avec une première phase programmée en 2007. Les interventions plus récentes, notamment l'installation d'un drainage en 2011 et la restauration intérieure de 2013, ont mis au jour une nécropole du haut Moyen Âge avec sarcophages mérovingiens et plusieurs sépultures, ainsi que des inhumations datées de la première moitié du XVIIe siècle, révélant l'importance archéologique du site.