Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin
L'église paroissiale Saint-Saturnin de Limeray (Indre-et-Loire) est un petit édifice rural mêlant des éléments romans et gothiques. À l'origine située dans l'ancienne province de Touraine, elle présente une abside voûtée en cul-de-four et une façade occidentale qui semble dater du XVIe siècle, percée d'un portail composé d'un arc en plein cintre reposant sur deux colonnettes à chapiteaux feuillagés. L'édifice comporte des percements de style gothique flamboyant réalisés aux XVe et XVIe siècles et une voûte remaniée au XVIe siècle selon le style angevin. Selon certaines sources, sa construction remonterait au début du XIe siècle, attribuée au seigneur Hugues de Limeray, puis elle a fait l'objet de remaniements aux XIIe, XVIe et XVIIIe siècles. La base du clocher conserve des vestiges d'un clocher primitif et la tour a été reconstruite au XVIIIe siècle après l'effondrement du clocher en 1711. Suite à des désaccords financiers avec l'abbaye de Moncé, des décisions du Conseil d'État ont ordonné au XVIIIe siècle l'exécution des travaux nécessaires au clocher. Vers le milieu du XVIIIe siècle, la galerie qui servait de porche fut remplacée par un hangar, puis transformée à la fin du XIXe siècle par l'abbé Blaive en narthex intégrant six colonnettes de marbre provenant d'Amboise et un chapiteau roman venu de l'abbaye de Moncé ; ce narthex fut démoli en 1963 et la façade primitive restaurée en 1964 sous l'égide des Monuments historiques. La crue de la Loire de 1856 envahit l'édifice et provoqua d'importants dégâts aux murs, au sol, au carrelage et au mobilier, ainsi qu'une forte humidité. L'église a été inscrite à l'inventaire des monuments historiques le 30 mars 1926, et la base du clocher roman a été classée le 16 octobre 1992. Depuis 2013, une campagne de restauration a été menée en plusieurs tranches : couverture et maçonneries extérieures de l'abside et du faux carré (115 819 €) en 2013 ; couverture de la nef (155 000 €) en 2014–2015 ; maçonneries extérieures de la nef (190 000 €) en 2014–2015 ; puis évacuation des eaux pluviales et restauration des intérieurs (167 000 €) en 2017–2019. La plupart des statues de l'église proviennent des recherches et acquisitions de l'abbé Blaive, qui avait fait de l'édifice un petit musée dont seules les pièces essentielles ont été conservées ; il a rédigé en 1893 un manuscrit décrivant l'église et son frère Alfred Lucien Blaive était propriétaire du Manoir d'Avisé à Limeray. Parmi les statues, de droite à gauche depuis le porche, figurent notamment un Saint Sébastien (XVIIe siècle), une Sainte Véronique (XVIe siècle), un Christ en croix (XVIe siècle), une Vierge assise (XVe–XVIe siècle), un saint en chasuble (XVIe siècle), une Sainte Marie‑Madeleine (XVIe siècle) et une Pietà (XVIe siècle). Sous le Christ en croix se trouve un ex‑voto gravé sur ardoise d'un marinier de Loire qui commémore le mariage en secondes noces de Philippe Véron, âgé de 47 ans, et de Madeleine Diot, âgée de 29 ans, célébré dans l'église le 1er septembre 1811 ; les autels seraient issus de la cathédrale Saint‑Maurice d'Angers et les motifs de comètes feraient référence aux apparitions de la grande comète de 1811. Les vitraux du XIXe siècle ont été réalisés par l'atelier Lobin de Tours et l'atelier Charlemagne de Toulouse, et les médaillons du XVIe siècle inclus dans les verrières de l'abside proviennent de l'abbaye de Moncé ; ces verrières représentent notamment Ermengarde du Plessis, saint François de Paule, saint Pierre et saint Paul, ainsi que saint Saturnin. Le vitrail dédié à Ermengarde du Plessis porte une inscription relatant que, l'an 1209, Jean de Faye, archevêque de Tours, a ratifié la fondation du monastère de Moncé et désigné Ermengarde comme prieure, avec pour compagnes Pérégrine, Pétronille et Agnès.