Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin
L'église Saint-Saturnin se situe au cœur du village de Mauriac, en Gironde, dans le lieu-dit « À l'église ». D'origine romane, l'édifice conserve des vestiges d'une chapelle du XIe siècle, visible aujourd'hui sous la forme d'une absidiole et du croisillon nord. La construction principale, de plan ramassé, comprend une courte nef à une travée, un vaste chevet à trois absides ouvrant sur un transept débordant et une coupole sur pendentifs à la croisée. La nef paraît inachevée ou partiellement détruite ; elle est fermée à l'ouest par un mur pignon, ou clocher-mur, daté du XIIIe ou XIVe siècle, et surmontée d'un pignon aigu installé vers la fin du XVIe siècle. Au XIXe siècle, la calotte de la coupole a été refaite en 1868 et, à la même époque, un berceau a remplacé le lambris de la nef tandis que deux baies y furent percées. Le chevet et le transept furent élevés et aménagés pour la défense pendant les guerres de Religion au XVIe siècle ; une bretèche à mâchicoulis en témoigne encore. L'édifice dépendait à l'origine d'une commanderie templière, passée aux Hospitaliers de Saint-Jean vers 1282.
L'intérieur livre un riche décor sculpté : douze chapiteaux historiés dans le presbyterium et deux chapiteaux à décor végétal dans la nef, dont le style s'apparente aux ateliers de l'abbaye de Saint-Ferme et de la région de Duras. Ces chapiteaux, répartis entre les croisillons, le chœur et les colonnettes des fenêtres de l'abside, privilégient des thèmes moralisants souvent non bibliques destinés à rappeler les dangers et les tentations, en particulier pour le clergé. Parmi les sujets figurent des saltimbanques et un monstre hybride, la danse de Salomé et la décapitation de Jean‑Baptiste, la tentation et la chute d'Adam et Ève, la délivrance de saint Pierre, deux personnages dans une barque et une scène dite d'« eucharistie sacrilège » où oiseaux et créatures bicorporées évoquent une mise en garde.
Les six chapiteaux qui ornent les colonnettes des baies de l'abside montrent un mélange d'hommes et d'animaux et des tailloirs décorés de palmettes et d'entrelacs, mais la pierre tendre a fortement érodé certains sujets. On y reconnaît notamment un diable terrassant un clerc, des rapaces dévorant leurs proies, un moine aux prises avec un renard tenant des volailles, une lutte autour d'un bouc et deux corbeilles presque illisibles représentant des mammifères et des félins.
La voûte de l'absidiole sud conserve un décor peint du XVIe siècle représentant les douze apôtres, avec phylactères en gothique, mais ces peintures sont aujourd'hui dégradées par des infiltrations d'eau. Sur le mur sud de la nef subsistent les vestiges d'un cadran canonial probablement daté du XIIe siècle. Dans le cimetière proche se dresse une croix de cimetière gothique sur socle à trois degrés, datée du XVe siècle, au fût richement sculpté et classée au titre des monuments historiques le 20 décembre 1907. L'église elle-même a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 22 novembre 2002.