Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin de Meschers
L'église Saint-Saturnin de Meschers est la paroissiale de Meschers-sur-Gironde, dans le département de la Charente-Maritime et le diocèse de La Rochelle et Saintes. Réédifiée en 1837 et reconstruite à plusieurs reprises, elle présente une architecture néo-classique sobre qui évoque les temples protestants de la région. Le clocher gothique du XVe siècle, inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 23 février 1925, est le seul vestige notable de l'édifice médiéval. Il repose sur une souche romane du XIIe siècle et conserve des baies gothiques polylobées ; sa partie haute, refaite à partir de 1480, rappelle le clocher de l'abbaye de Sablonceaux. Autrefois couronné d'une flèche encadrée de quatre pinacles, il ne présente aujourd'hui que deux pinacles, la flèche ayant été abattue au XVIIe siècle. Restauré au XIXe siècle par l'architecte Marc Roberti, le clocher a vu l'un de ses pinacles frappé par la foudre en 1993 et remis en état en 1996. La cloche Jeanne, bourdon de 675 kg sonnant le fa, a été bénite en 1890 ; deux cloches plus petites, Lucie (96 kg, fa) et Anne-Radegonde (128 kg, mi bémol), y ont été installées le 6 décembre 2000.
L'histoire du lieu remonte probablement au IXe siècle, lorsque la villa de « Miscaria » fut donnée à Saint-Seurin de Bordeaux, même si l'existence d'un édifice à cette époque n'est pas attestée. Une église est reconstruite au XIIe siècle, puis remaniée au siècle suivant sous l'impulsion des moines de Saint-Jean-d'Angély, qui édifièrent également un prieuré. Après des déprédations probables pendant la guerre de Cent Ans, un nouvel édifice est élevé vers 1480 dont subsiste le clocher ; l'église est ensuite sérieusement endommagée lors d'attaques et de combats au XVIIe siècle, perdant alors le couronnement de son clocher. Une construction simple succède à ces destructions ; sous ses voûtes fut prêté le serment fédératif le 14 juillet 1790. Jugée dégradée, l'église fit l'objet d'une reprise presque totale décidée en 1827, aboutissant à la réédification mentionnée en 1837 et suscitant des débats en raison du parti néo-classique retenu. Des campagnes de restauration eurent lieu en 1958 et des aménagements intérieurs furent réalisés pour tenir compte des décisions du concile Vatican II.
La façade occidentale, monumentale et néoclassique, s'organise autour de trois portails en plein cintre séparés par quatre pilastres doriques, surmontés d'un entablement orné de glyphes et d'un grand fronton triangulaire portant une inscription latine du psaume 117. L'édifice adopte la disposition en croix latine ; l'intérieur, sobre, comporte toutefois des éléments de mobilier et des œuvres remarquables. Quatre vitraux historiés représentent saint Paul, saint Pierre, saint Michel terrassant le dragon et saint Jean-Baptiste ; ceux de saint Paul et saint Pierre sont signés Gustave Pierre Dagrant, peintre-verrier de Bordeaux, et datés de 1898. Le chevet aveugle, derrière un maître-autel de grande simplicité, est orné de boiseries de l'ébéniste Redeuilh ; un christ en ivoire placé sous un fronton classique, une huile sur toile représentant le martyre de saint Saturnin installée à droite du maître-autel en 2002, et une reproduction agrandie d'une médaille en l'honneur du saint placée en 1997 complètent le décor. Le croisillon droit, dédié à saint Joseph, conserve une statue du saint sur fond de boiseries ; le croisillon gauche, voué à la Vierge, abrite une statue de la Vierge à l'Enfant dans une niche et une chapelle peinte en bleu pâle. Près de l'entrée se trouvent les fonts baptismaux ; une statue de saint Saturnin près de la porte principale et un ex-voto représentant un trois-mâts offert par des pêcheurs sont également remarquables. L'édifice comporte enfin une riche série d'objets et de vues d'ensemble : façades et portails, autels et absidioles, statues et vitraux, bénitier et autres éléments liturgiques.