Origine et histoire de l'Église Saint-Saturnin
L'église Saint-Saturnin, église catholique située à Nissan-lez-Enserune (Hérault, Occitanie), est mentionnée dès 1099 dans une bulle du pape Urbain II parmi les bénéfices relevant de l'abbaye bénédictine de Psalmodi ; la paroisse dépendait du diocèse de Narbonne. L'étude architecturale attribue l'essentiel du gros œuvre à une campagne du XIVe siècle, qui comprend le chevet polygonal — incluant l'ancienne sacristie nord — la nef, le portail sud et, à l'extérieur, les bâtiments du prieuré adossés au mur du fond devenu l'actuel baptistère. L'épaisseur notable des murs nord et ouest a d'abord été interprétée comme la réutilisation des assises de l'édifice roman primitif ; le décapage intérieur n'ayant pas confirmé ce point, cette épaisseur peut aussi s'expliquer par des considérations défensives ou par la nature et la pente du terrain. Le chevet a conservé sa voûte gothique primitive, tandis qu'un arc formeret au fond constitue le seul témoin de la voûte originelle de la nef, détruite à une époque inconnue et remplacée par un plafonnage dont subsistent les trous de boulin des charpentes. Des voûtes d'arêtes en brique ont été établies en 1852. Le clocher, importante tour carrée surmontée d'une flèche pyramidale en pierre, remonte au XVIIe siècle ; la disposition de l'arcade de la nef et des assises des deux contreforts laisse penser qu'une chapelle latérale, peut‑être pourvue d'un clocher primitif, a précédé sa construction. La première chapelle sud, dans la dernière travée, a été aménagée en 1643, et les chapelles latérales voûtées en brique, la sacristie sud, la voûte du porche et l'ouverture du mur du fond datent des environs de 1850. L'ancien prieuré se trouvait à environ deux mètres au-dessous du niveau de la nef ; le bâtiment prolonge vers l'ouest l'axe de l'église et ses murs reposent sur des piliers qui, au nord et au sud, portent trois grandes arcades en arc brisé. À la hauteur du seuil des portes, des traces d'embouts et de chevrons le long de la façade indiquent la présence d'un plancher de galerie extérieure, qui pourrait correspondre à l'étage supérieur d'un cloître installé dans la cour du presbytère. Les peintures murales intérieures paraissent remonter au XIVe siècle. Le tombeau des prieurs est placé dans le chœur, au nord, sous une pierre de dallage gravée d'une croix, et quelques vestiges du prieuré restent visibles dans la cour du presbytère et à l'ouest de l'édifice. Grâce au chanoine Joseph Giry, l'église conserve plusieurs œuvres d'art : les fonts baptismaux, réutilisés dans une reconstitution de baptistère à l'ouest, une table d'autel wisigothique et une table d'autel carolingienne à lobes, de tradition narbonnaise et catalane. Sur le mur sud‑est du transept subsiste une fresque du Couronnement de la Vierge accompagnée d'anges musiciens, attribuée au XIVe siècle, et la voûte précédant cette chapelle porte les traces, partiellement effacées, des symboles des quatre évangélistes. Les grandes orgues, construites en 1834 par Prosper‑Antoine Moitessier pour la chapelle des Visitandines de Montpellier, ont été transférées à Nissan, détériorées et partiellement complétées en 1965 ; classées monument historique depuis 1984, elles conservent un double buffet — grand corps et positif dorsal — réalisé dans des tons acajou et or, dont la structure reste classique mais dont la décoration mêle éléments d'inspiration Empire, Louis‑Philippe et déjà néo‑gothique. L'église Saint-Saturnin est protégée au titre des monuments historiques par un classement du 16 février 1965 et une inscription du 23 novembre 1982.