Origine et histoire
L'ancienne église paroissiale du Vieux-Bourg de Nozay, en Loire-Atlantique, est située au lieu-dit le Vieux-Bourg, à environ 300 mètres du centre-ville. Propriété de l'Association de sauvegarde du patrimoine historique et artistique de Nozay, créée à la fin des années 1970 pour sa protection et sa restauration, elle forme avec la cure attenante du XVIe siècle un ensemble paroissial médiéval remarquable dans le département. Classée aux monuments historiques en 1989 sous l'appellation « Saint-Saturnin du Vieux-Bourg », l'édifice a pourtant porté, depuis sa fondation jusqu'à sa désacralisation, le nom de Saint-Pierre-aux-Liens ; une confusion avec un prieuré voisin, constatée et corrigée dans les années 2000, explique cette erreur de toponymie restée dans l'acte de classement. Une communauté chrétienne s'est installée au bourg à la suite de l'évangélisation du pays nantais, autour d'un édifice lié à une fontaine et implanté au milieu de vestiges d'un cimetière mérovingien ; des éléments de maçonnerie en « épi » sur le mur nord de la nef témoignent de la phase romane. L'édifice primitif, modeste, a été agrandi par étapes du XIIIe au XVe siècle et la majeure partie des maçonneries relève du style gothique ; l'église est mentionnée dans les sources de la seconde moitié du XVe siècle. À la croisée des transepts subsistent des vestiges d'un clocher du XIIIe siècle et une charpente de facture gothique, peut‑être antérieure au XVe siècle ; le bras nord du transept, de style gothique flamboyant, conserve des peintures murales illustrant le martyre de saint Étienne et de saint Blaise. Au XVIIe siècle, une sacristie fut adjointe sur le mur sud et les petites fenêtres de la nef furent remaniées ; au XIXe siècle le chœur fut restructuré en prenant la forme d'un vaste chevet flanqué de deux sacristies. L'ancienne paroisse, devenue insuffisante pour sa population, célébra sa dernière messe en 1870 après la construction d'une nouvelle église en 1869, et le nom de Saint-Pierre-aux-Liens fut alors transféré à cette nouvelle église. Après avoir échappé à la démolition, le bâtiment médiéval fut vendu en lots à partir de 1873 et transformé en grange, garage, entrepôt et écurie, ce qui entraîna d'importantes détériorations, la suppression d'un petit cimetière sud et l'excavation intérieure pour rattraper le niveau de la route. Des passionnés de patrimoine se mobilisèrent à la fin des années 1970 et l'association acquit progressivement les différentes parties de l'édifice entre 1980 et 1987, alors que l'église restait divisée entre plusieurs propriétaires. Classée en 1989, elle fut dégagée en 1995 grâce à une acquisition municipale et la découverte des fonts baptismaux médiévaux dans le sol permit de mieux appréhender son ancien usage liturgique. Les travaux de restauration, engagés à partir de 1983 avec l'aide de subventions et de mécénat et sous le conseil des services compétents, ont porté sur la dépose et la réfection de charpentes, la consolidation et l'étanchéité des murs, la pose de nouvelles couvertures et la restauration des ouvertures ; la restitution du sol de la nef occidentale et la reconstitution du petit cimetière côté sud ont été réalisées notamment par des chantiers de jeunes bénévoles. La restauration de la charpente et de la couverture de la nef s'est achevée au début du XXIe siècle, un plancher en bois a été posé en 2013 et l'électrification ainsi que la fermeture des ouvertures ont permis l'organisation d'activités culturelles ; les prochaines opérations concernent la couverture du chœur et de la sacristie sud, encore séparés du reste du bâtiment par une cloison provisoire. L'église présente un plan en croix latine orienté est-ouest avec abside en hémicycle, une longueur totale d'environ 45 mètres dont 25 mètres pour la nef, une largeur de 8 mètres, une hauteur des murs de 5 mètres et une élévation jusqu'au faîtage de 11 mètres, pour une surface au sol proche de 380 m² ; elle est couverte d'une toiture à forte pente en ardoises posées en pureau décroissant. Le portail ouest en plein cintre était autrefois protégé par un porche d'ardoises et l'intérieur a conservé quelques traces de sols en palis et de pierres tombales, en grande partie détruits par les décaissements du XIXe siècle. La nef unique et les transepts reposent sur une charpente en chêne de type « nef de vaisseau renversé », couverte à l'origine d'un lambris dont une porte porte la date de 1770, et une partie plus ancienne de la charpente, antérieure aux transepts, conserve des tirants importants et des traces attestant de l'existence d'un clocher aujourd'hui démoli. Des inscriptions médiévales découvertes sur les enduits de la nef complètent un décor comprenant des croix de consécration et une litre armoriée dédiée à Henri II de Bourbon, prince de Condé, portant les blasons de la famille de Bourbon‑Condé liée à la seigneurie de Nozay. Les cinq fenêtres en plein cintre de la nef, refaites au XVIIe siècle dans un goût roman, ont remplacé des ouvertures du XVe siècle dont une a été retrouvée et réouverte en 2000. Le transept nord, reconstruit au XVe siècle en gros appareil de schiste et de style flamboyant, s'ouvre sur une petite porte à cintre brisé ornée d'une corniche sculptée et est éclairé par une haute fenêtre moulurée ; il abrite une niche et trois peintures du XVIe siècle, restaurées en 1986, représentant la lapidation de saint Étienne et le martyre de saint Blaise. Le transept sud, ouvert par un arc légèrement brisé, conserve une petite fenêtre faîtière en grès roussin d'époque romane et une niche énigmatique ; il était dédié à sainte Anne et portait autrefois une inscription « O Dieu Amour » aujourd'hui disparue. Le chœur remodelé en 1828 possède quatre pots acoustiques remarquables dans la région, alors que le chœur d'origine était peu profond et orné d'un grand vitrage dont les dimensions furent ensuite réduites.