Origine et histoire de l'Église Saint-Sauveur
L'église Saint-Sauveur de Beaumont-en-Auge est un édifice catholique issu d'un ancien prieuré bénédictin devenu école militaire, situé dans la commune de Beaumont-en-Auge, dans le Calvados en Normandie. Le prieuré, appelé Belli Monti et rattaché au diocèse de Lisieux, dépendait de l'abbaye de Saint-Ouen de Rouen. Il a été fondé au XIe siècle par une charte de Robert Bertrand le Torz, seigneur de Roncheville et de Bricquebec, qui y associe son épouse Suzanne ainsi que le duc et la duchesse de Normandie. Robert Bertrand y fit de nombreux dons comprenant terres, dîmes, églises, foires, moulins, salines, fiefs et fermes. De nouvelles donations sont attestées en 1221 et 1225 par des membres de la famille Bertrand, d'autres dons en 1264 et une confirmation par Philippe de Valois en 1328. Lors de sa visite en 1268, l'archevêque Eudes Rigaud signale la présence de douze religieux. Le monastère fut édifié sous le prieurat de dom Nicole de Godarville ; deux prieurs de Beaumont devinrent ensuite abbés de Saint-Ouen de Rouen, dom Thomas Bruyère et dom Jean Marc-d'Argent. Vers 1466, le cardinal Guillaume d'Estouteville occupa brièvement le prieuré avant de le céder à son frère, mais les religieux élurent dom Anselme Dumay qui conserva le prieuré après contestation. En 1612, la moitié du clocher et un côté droit de la nef s'écroulèrent par manque d'entretien des commendataires ; Olivier Mallet restaura une petite chapelle puis procéda à des réparations. La mise en commende entraîna désaffection et relâchement des mœurs, et en 1666 le prieuré rejoignit la congrégation de Saint-Maur. Un incendie en 1689 détruisit toutes les maisons du bourg sauf l'église. À la mort de Mgr Le Bouthillier en 1731, le duc d'Orléans réunit la mense prieurale à la mense conventuelle pour doter un collège dont dom Jacques Veytard devint le supérieur. L'acte d'érection du collège du 15 septembre 1741 engage la congrégation de Saint-Maur à recevoir six gentilshommes choisis par le duc, âgés de 7 à 17 ans. En 1776, le collège devint une école royale militaire ; le marquis Pierre‑Simon de Laplace y fut élève et professeur, et en 1782 l'établissement comptait 216 pensionnaires. En 1791, le dernier prieur rendit compte à l'administration du district ; les religieux furent remplacés par des laïcs pour une période de dix‑huit mois. L'église a perdu une partie de sa nef et n'en conserve qu'une travée ; la tour centrale du transept est surmontée d'une pyramide en ardoise et comporte des fenêtres en plein cintre partiellement murées. Deux des quatre piliers paraissent refaits au XVe siècle, tandis que les voûtes du transept datent de la fin du XVe ou du XVIe siècle. Le transept présente à chacune de ses extrémités de grandes fenêtres flamboyantes ; ses murs et le chœur sont en partie du XIIIe siècle, le chœur se compose de trois travées surmontées d'un triforium. Sur le chevet droit s'ouvre une vaste fenêtre à cinq baies, probablement du XVIIe siècle, et à l'extérieur du transept nord subsiste une arcature trilobée du XIIIe siècle. La nef partiellement démolie servait autrefois d'église paroissiale sous l'invocation de Saint‑Sauveur. L'église est partiellement inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 31 octobre 1975 : sont notamment mentionnés la façade sud, la façade ouest, l'église Saint‑Sauveur, la nef, la porte du transept nord, la pierre tombale de Robert Bertran, le chœur des moines devenu église paroissiale et l'arcature trilobée du XIIIe siècle.