Origine et histoire de l'Église Saint-Sauveur
L'église Saint-Sauveur est l'église paroissiale catholique de Bellême (Orne, Normandie). Elle succède à une chapelle mentionnée au XIe siècle et ses fondations remontent au XVe siècle. Détruite lors des guerres de Religion par les troupes de l'amiral de Coligny en 1562 et 1572, elle fut presque entièrement rebâtie à la fin du XVIe siècle. Des campagnes de reconstruction et d'aménagement se sont poursuivies aux XVIIe et au début du XVIIIe siècle, la tour-porche portant la date de 1678. Jean Palastre est attesté comme « maître maçon » en 1622 et Léonard Manguin a réalisé plusieurs chapelles au cours du XVIIe siècle (1658, 1661). La sacristie et les galeries qui l'entourent, ainsi que l'essentiel du décor intérieur, datent de la seconde moitié du XIXe siècle. L'édifice présente un plan classique : clocher-porche à l'ouest, nef unique flanquée de quatre chapelles de chaque côté et chœur prolongé par une abside à cinq pans. La façade occidentale, construite en 1678, relève de l'inspiration classique et s'appuie sur quatre contreforts dont les deux extrêmes sont surmontés de pots à feu. Le second registre de la tour rassemble les ornements : niches abritant les Évangélistes, cul-de-lampe sculptés de feuillages et niche centrale portant un Christ bénissant en fonte ; un troisième registre offre des mascarons et des rinceaux. Le clocher associe des éléments classiques à une architecture encore marquée par la tradition gothique, avec pilastres et chapiteaux corinthiens. La nef, large et éclairée par des fenêtres étroites, est couverte d'une charpente en carène renversée recouverte d'un lambris peint ; certaines chapelles méridionales ont été construites au XVIIe siècle. Le chœur, surélevé d'une marche, est entouré d'une sacristie et de galeries basses disposées en fer à cheval derrière le chevet. Les boiseries du chœur proviennent de la chartreuse de Val-Dieu et datent du XVIIIe siècle ; au-dessus des portes des galeries figurent deux toiles de 1768, elles aussi issues de la chartreuse. Le maître-autel, en marbre noir, bois polychrome et doré, est daté de 1712 ; son coffre peint et sculpté porte un agneau pascal et deux bas-reliefs représentant la Cène et le lavement des pieds, et le tableau central du retable, La Transfiguration, fut exécuté par Jacques Oudry en 1705 et installé en 1706. Les fonts baptismaux, réalisés en 1684 par le sculpteur Durand, présentent une vasque en calcaire et un retable en trois panneaux illustrant le baptême du Christ ; des angelots originaux ont été volés dans les années 1970. Les huit chapelles latérales sont richement décorées : autels néo-classiques, tableaux anciens ou copies, monuments funéraires (notamment le tombeau de Louis Petitgars, mort en 1669) et vitraux, dont une fenêtre du XVe siècle et un vitrail réalisé par Louis Barillet et Jacques Le Chevallier entre 1920 et 1925. La tour a été inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1936 et l'église entière le fut le 6 novembre 1987 ; plusieurs éléments mobiliers (statuaires, tableaux, boiseries, mobilier) font également l'objet d'une protection. Souvent appelée « église de Bellême » en raison de son statut d'unique église survivante de la ville, Saint-Sauveur dépend du diocèse de Sées et accueille toujours le culte dominical, des célébrations paroissiales et des concerts. En 1789, l'assemblée des trois ordres de la province du Perche s'y réunit pour une messe solennelle avant de délibérer lors de la convocation des États généraux.