Origine et histoire de l'Église Saint-Sauveur
L'église Saint‑Sauveur, située à Saorge dans les Alpes‑Maritimes, occupe l'emplacement d'une église antérieure dédiée à saint Antoine, détruite par un grand incendie en 1465. Vers 1500, les villageois reconstruisent l'édifice et le dédient au Saint‑Sauveur ; il a aussi servi de lieu de réunion pour le parlement des chefs de famille. La chapelle des Pénitents blancs, dite aussi chapelle de Saint‑Jacques, a été élevée au début du XVIIe siècle au‑dessus de la travée nord du collatéral à la demande de la famille Carabalona. L'église a connu des travaux et réparations aux XVIIe et XVIIIe siècles : le dallage a été refait en 1613, plusieurs autels datent de cette période et la voûte a été refaite en 1717‑1718. Le maître autel, réalisé par un artisan de San Remo, a été consacré en 1732 ; à la même époque des colonnes en pierre noire sont enduites de stuc rouge et Jules César Osenda offre un bénitier en pierre noire. La sacristie a été agrandie au XVIIIe siècle (les sources indiquent 1762 et 1782). Le clocher carré, construit en 1812, est coiffé d'une petite coupole en bulbe couverte de tuiles polychromes et abrite un carillon de quatre cloches fondues à Nice en 1803 et 1834. Le portail principal est encadré par deux pilastres et surmonté d'un linteau représentant l'agneau pascal ; le tympan porte une peinture aux symboles de la papauté. La façade occidentale de la chapelle des Pénitents blancs présente un portail encadré de pilastres, surmonté d'un tympan sous lequel s'ouvre un oculus, et un clocher de type baroque flanque son côté sud. Une inscription romaine est encastrée dans le parement extérieur du mur latéral, près de la porte latérale. L'église conserve plusieurs autels anciens, notamment l'autel Saint‑Joseph fondé en 1639 par Thomas Toesca, surmonté de l'ancien tabernacle daté de 1539. On y trouve un tableau de Gaspard Toesca, dit "il pittore", intitulé La Sainte‑Trinité et destiné à l'autel fondé par la famille Valla. L'autel des saints François d'Assise et François Xavier, fondé avant 1610 par la famille Bonfante, et l'autel dédié à Saint‑Antoine‑de‑Padoue, fondé au XVIIe siècle par la famille Bottone, figurent parmi les autres ensembles liturgiques. L'autel de saint Éloi, patron des muletiers saorgiens, existait déjà en 1642 et porte un tableau du XVIIIe siècle représentant la Vierge et l'Enfant entre saint Antoine et saint Éloi. L'orgue actuel, construit par les frères Lingiardi à Pavie, a été installé en 1847 et succède à un instrument antérieur présent dès 1739. Les travaux d'acquisition et de montage ont eu lieu entre 1844 et 1847 : l'orgue est arrivé par bateau à Nice, enregistré à l'octroi le 16 août 1847, puis transporté par mulets jusqu'à Saorge et réceptionné le 20 septembre 1847. L'instrument possède un clavier de 54 notes avec première octave courte, un pédalier de 19 touches pour 12 notes chromatiques, un Ripieno de 13 registres et 18 registres de concert ; ses accessoires comprennent notamment la "rollante" et des campanelli, et ses jeux incluent diverses flûtes, cornets, trompettes, contrebasses, fagotto, violoncello et timpani, ce qui lui permet d'aborder un large répertoire allant de la polyphonie baroque aux airs de théâtre. L'orgue a été classé au titre des Monuments historiques en 1973, restauré dans les années 1920 puis en 1978‑1979 par Philippe Hartmann et inauguré en 1979 par René Saorgin. L'édifice a été inscrit au titre des Monuments historiques le 17 mai 1974 puis classé le 25 novembre 1981.