Origine et histoire de l'Église Saint-Sépulcre
L'église Saint‑Sépulcre de Montdidier, située en centre‑ville, trouve son origine dans les croisades. Payen de Montdidier, présenté comme l'un des fondateurs de l'ordre des Templiers (à ne pas confondre avec Hugues de Payns), participa avec Hugues Ier de Vermandois au siège de Jérusalem en 1099 ; à leur retour, ils offrirent à la commune deux fragments de la Vraie Croix, ce qui provoqua la construction d'une église dédiée au Saint‑Sépulcre pour les conserver. Un premier édifice fut édifié en 1146 mais se trouvait en dehors des remparts élevés sur l'ordre du roi Philippe Auguste. L'église fut détruite en 1411 puis reconstruite en 1419 à l'intérieur des remparts; jugée trop petite, elle fut remplacée par une nouvelle construction entreprise de 1510 à 1519, qui fut ensuite détruite par l'artillerie de Charles Quint en 1523. Gravement endommagée en 1918 pendant la Première Guerre mondiale, l'édifice fit l'objet d'une restauration pendant l'entre‑deux‑guerres : le gros œuvre s'acheva en 1935 et les vitraux furent posés en 1939. Classée monument historique en 1920, l'église subit encore des dommages en 1940 lors de la bataille de France et ne rouvrit au public qu'en 1960; ses vitraux furent restaurés dans les années 1970.
Construite en pierre, l'église présente un style gothique flamboyant et adopte un plan basilical traditionnel avec nef, transept et chœur. La nef, élancée, n'est pas éclairée par des verrières hautes mais par les baies des bas‑côtés. Le chœur et les bas‑côtés sont ornés de vitraux de style Art déco, conçus entre les deux guerres par le maître‑verrier Jacques Gruber : dix‑huit grandes verrières évoquent le Saint‑Sépulcre, traitant dans le chœur de l'histoire du peuple hébreu et de la Passion du Christ, et dans le transept et les bas‑côtés de l'histoire de la Vraie Croix et des croisades. Dans le chœur, des statues des apôtres reposent sur des consoles sculptées représentant notamment deux démons — peut‑être en rapport avec la légende de saint Jacques le Majeur et d'Hermogène — ainsi que des scènes ou attributs comme Jésus et les apôtres (console de saint Jean l'Évangéliste), l'arrestation, les clés de saint Pierre, Jésus chez Marthe et Marie de Béthanie, un martyre d'apôtre et des chrétiens martyrisés; les boiseries du chœur datent du XVIIIe siècle.
Dans l'absidiole sud, une mise au tombeau du XVIe siècle, réalisée entre 1549 et 1582 par la famille de Baillon, est surmontée d'une sculpture du Christ aux liens classée au titre d'objet, et un retable de la Vierge du XVIIIe siècle y est également présent. Six tapisseries de Bruxelles du XVIIe siècle, classées au titre des monuments historiques en 1904 et exposées dans la nef depuis 1970, illustrent des épisodes de l'Ancien Testament tels que le passage de la mer Rouge, l'adoration du veau d'or, Moïse frappant le rocher d'Horeb et le Cantique de Moïse. Dans le bas‑côté nord, la chapelle des fonts baptismaux conserve un bas‑relief du XVIe siècle représentant la Vierge entourée des litanies. Trois cloches sont suspendues dans le clocher; en 1940 l'une d'elles, dite « Denise‑Michelle », fut descendue pour être fondue par les Allemands mais déposée au fond de l'église et remontée le 29 mars 1997.