Origine et histoire de l'Église Saint-Sernin d'Artigues
L'église Saint‑Sernin d'Artigues, située sur la commune de Foulayronnes en Lot‑et‑Garonne (Nouvelle‑Aquitaine), se dresse au nord du village d'Artigues, sur une éminence, avec son cimetière attenant. D'origine romane, elle date du XIIe siècle ; de cette époque subsistent principalement l'abside et le sanctuaire. L'abside, plus étroite que la nef, est séparée de celle‑ci par un arc triomphal d'une largeur telle qu'il forme presque une petite travée. Les sommiers de cet arc sont cantonnés de douze colonnettes, groupées par trois à chaque angle, entre lesquelles une petite arcature est tendue. Le sanctuaire est divisé en deux niveaux par un cordon composé de trois rangs de billettes, et un second cordon de billettes et de lobes marque la naissance des voûtes. L'abside présente neuf arcatures en plein cintre, portées par des colonnes ; à la hauteur du cordon, les supports semi‑circulaires forment un bourrelet puis changent de module pour se transformer en colonnettes. Les chapiteaux sont sculptés de feuillages ou de sujets historiés — lions affrontés, dragons, animaux fantastiques attaquant un homme, et deux colombes buvant au même calice. Un clocher roman de plan rectangulaire s'élève à l'ouest ; le portail appartient à la fin de l'époque gothique. En 1235, l'évêque d'Agen Raoul de Peyrines, le prieur Hélies de l'abbaye Saint‑Caprais et le chapitre cathédral conclurent un accord portant sur l'abandon de certaines dîmes dans les paroisses de Foulayronnes (Fonte latronum) et d'Artigues (de Artigiis). Le pape Clément V, originaire du voisinage et lié au prieuré de Deffez et à la cathédrale Saint‑Caprais, fit, dans son testament de 1312 et son codicille de 1314, plusieurs dons aux habitants, notamment pour constituer la dot de trente jeunes filles d'Artigues. Au début du XVIIIe siècle, la paroisse comptait trois confréries : celle du Saint‑Sacrement (statuts approuvés en 1702), celle de Notre‑Dame, établie dans la chapelle de la Purification, et celle de Saint‑Clair, qui possédait un autel consacré à ce saint ; un troisième autel était dédié à sainte Redegonde. La paroisse détenait de nombreuses reliques. Selon Georges Tholin, la chapelle voûtée en croisée d'ogives faisant face au nord et le portail orné de moulures prismatiques sont des additions de la fin de la période gothique, et un écusson servant de clé de voûte porte la date 1507. Des réparations sont décidées le 11 septembre 1882 ; en 1883 l'architecte Bouilhet conduisit des restaurations : une nouvelle chapelle fut bâtie au sud, la nef voûtée, le portail refait et le clocher rebâti et surmonté d'une flèche. L'église a été inscrite dans son ensemble au titre des monuments historiques par arrêté du 8 décembre 1941. Des vitraux réalisés par le maître‑verrier Gustave Pierre Dagrant en 1900 décorent les chapelles nord et sud ; le vitrail de l'abside porte le blason de la famille d'Artigues et plusieurs verrières représentent notamment la Sainte Famille et la Visite de Marie au temple, certaines comportant la signature du maître. L'élévation extérieure, le portail occidental, le chevet et la nef conservent ainsi des éléments remarquables de l'architecture romane et des interventions gothiques et modernes.
