Origine et histoire de l'Église Saint-Sernin de Cupserviès
Ancienne église Saint-Sernin de Cupserviès.
Située sur la commune de Labastide-Esparbairenque (Aude, Languedoc-Roussillon), l'ancienne église Saint-Sernin de Cupserviès est un édifice roman daté du XIe siècle. Elle présente un plan comparable à celui des églises wisigothiques de la région, avec une nef unique et un chœur quadrangulaire légèrement trapézoïdal. La voûte couvre l'ensemble de l'édifice; le vaisseau et l'arc central forment un berceau légèrement brisé, de même que l'arc triomphal qui sépare la nef du chœur. Sur la façade sud, deux fenêtres romanes s'évasent vers l'intérieur; une troisième, plus récente, a été ouverte dans l'ancienne porte romane murée et reçoit un vitrail représentant le martyre de Saint Sernin. Une autre fenêtre romane occupe le centre du mur du chevet. Le toit, couvert d'ardoise, est surmonté d'un clocheton. Un petit cimetière toujours en usage jouxte l'édifice.
La maçonnerie, assez grossière, est renforcée par des piliers qui semblent marquer le raccordement entre parties anciennes et agrandies, l'extension vers l'ouest étant plus récente. Ce dispositif indique qu'initialement la toiture devait être charpentée, l'absence de renforts muraux rendant nécessaire un changement du système de couverture. La voûte actuelle paraît résulter d'une restauration romane qui a nécessité des piliers, notamment sur la façade nord où certains sont rapportés et non liés à la maçonnerie. Un léger décalage dans l'ordonnance des pierres à partir du niveau inférieur des fenêtres romanes confirme cette reprise. Entre un contrefort et l'arc triomphal, une fresque probablement romane est encore visible. Dans le chœur, l'autel a été aménagé à partir d'un cippe gallo-romain dédié à Diane, portant l'inscription DIANAI.
L'église dépendait d'un ancien prieuré uni au chapitre Saint-Nazaire de Carcassonne. Elle est citée sous le nom de Sancti Saturnini de Querioserverio en 1269 dans la déclaration des droits et revenus de l'évêché de Carcassonne, et pourrait correspondre à la Sancti Saturnini de Vales en Cabardès mentionnée dès 1133. Les fouilles menées lors de la restauration de 1974 ont mis au jour des éléments attestant des origines antiques du site et la réutilisation du cippe suggère la présence d'un temple gallo-romain à proximité. Il est également probable qu'une église paléochrétienne ait précédé l'édifice roman, pouvant se trouver sous la nef actuelle.
Au début du XVIIe siècle, l'édifice fut partiellement détruit lors des guerres de religion, puis reconstruit au XVIIIe siècle, la bénédiction après remise en état ayant eu lieu le 9 octobre 1740 en présence du seigneur local et des autorités religieuses. Par la suite, l'église a été abandonnée en raison de l'exode rural et se trouvait en ruine en 1970. La restauration entreprise en 1974 a permis de la sauvegarder. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1976.
Située à environ 800 mètres d'altitude dans une clairière du massif forestier du Sambrès, elle se trouve près du hameau de Cupserviès (également écrit Cubserviès, commune de Roquefère). On y accède depuis Roquefère par une route étroite et sinueuse de 6 km jusqu'à Cupserviès puis par une piste forestière de 1,5 km, ou par la route départementale 1009 reliant la D118 aux environs de Pradelles-Cabardès. Restaurée, elle constitue aujourd'hui l'une des plus belles petites églises rurales d'art roman du département de l'Aude, intégrant des éléments préromans et des traces d'occupations successives.