Église Saint-Seurin de Gabarnac en Gironde

Patrimoine classé Clocher-mur Eglise romane

Église Saint-Seurin de Gabarnac

  • 1-40 Frappe-Peyrot
  • 33410 Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Église Saint-Seurin de Gabarnac
Crédit photo : Henry SALOMÉ - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

Moyen Âge central
Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1100
1200
1300
1400
1800
1900
2000
XIe siècle
Construction initiale
Fin XIIe - début XIIIe siècle
Construction du portail
1899
Restauration du portail
1925
Classement du portail
1934
Restauration de la façade
2006
Restauration du clocher
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Le portail occidental : inscription par arrêté du 21 novembre 1925

Origine et histoire de l'Église Saint-Seurin

L'église Saint-Seurin de Gabarnac, en Gironde, se situe dans la partie nord du lieu-dit appelé "le Bourg", le long de la route communale qui traverse le village vers Loupiac et vers une voie entre Sainte-Croix-du-Mont et Mourens. L'édifice, d'apparence homogène, est daté par les auteurs soit du XIe siècle soit de la limite des XIIe et XIIIe siècles ; la sacristie a été bâtie au XVIIIe siècle. C'est un petit sanctuaire surplombant la vallée de la Garonne, à nef unique, chœur carré voûté en berceau brisé et chevet plat. La façade occidentale est coiffée d'un clocher-mur rectangulaire à trois baies ; en dehors de cette façade, l'édifice est presque dépourvu de décoration sculptée. L'église abrite une Pietà du XVIe siècle, classée au titre des Monuments historiques depuis 1971. L'édifice est inscrit pour son portail par arrêté du 21 novembre 1925 ; le portail, peut‑être de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, a été restauré en 1899. La façade occidentale a été restaurée en 1934 et le clocher‑mur en 2006. Le portail présente un faible ébrasement et quatre voussures — une fine sur imposte et trois larges en ressaut — qui retombent sur huit chapiteaux. Le répertoire ornemental des voussures (damiers, losanges, perles, etc.) est très abondant et dépasse en surface le programme figuré. Curieusement, la façade ne comporte aucun symbole chrétien ni référence biblique. L'archivolte extérieure se compose d'une frise en neuf épisodes entièrement profanes dont les descriptions alignées forment un synopsis proche du roman courtois, genre très en vogue à l'époque de la construction. Trois chapiteaux historiés subsistent et sont en lien direct avec les scènes de l'archivolte, ce qui suggère que les chapiteaux aujourd'hui disparus et un chapiteau géométrique remployé faisaient à l'origine partie du même programme narratif. L'emploi de textes et d'images profanes en langue d'oc ou d'oïl dans un lieu sacralisé était alors une innovation ; les sculptures de Gabarnac datent du premier quart du XIIe siècle. Les grandes œuvres littéraires de l'époque — Flamenca, Tristan et Iseut, Fénice et Cligès, le Roman de la Rose, le Roman d'Alexandre et la légende arthurienne — sont citées comme succès contemporains, mais le récit ayant inspiré les sculptures de Gabarnac demeure inconnu. Les sculptures des chapiteaux existants paraissent frustes, issues d'un atelier secondaire ou du travail d'apprentis. Côté nord, un chapiteau montre deux oiseaux efflanqués encadrant et picorant une pomme de pin, le tailloir étant orné de rouelles à six quartiers ; un autre représente quatre guerriers en file indienne dont les corps sont dissimulés derrière des écus pointus aux motifs différents, le troisième exhibant un objet cylindrique enroulé, peut‑être un étendard, tandis que les premiers claveaux géométriques sont des remplois tardifs. Côté sud, un chapiteau combine avarice et luxure : un personnage nu, à grosse tête, touche ses parties génitales pendant que deux grands serpents lui chuchotent, le tailloir étant décoré de rouelles ; un autre chapiteau sud, au décor purement géométrique de volutes et de rouelles et au tailloir à tiges feuillues entrelacées, présente un style d'inspiration XIe siècle mais une exécution de moindre qualité, ce qui laisse penser qu'il remplace une corbeille historiée d'origine. Les deux premières voussures sont non figurées ; sur le plat de la troisième, au claveau central, une femme nue touche sa vulve de la main gauche ; la sculpture est érodée et a peut‑être été martelée. Ce type d'image, jugé obscène au XIXe siècle, appartient à une typologie récurrente dans l'iconographie romane de l'arc atlantique et véhiculait un message moralisateur. L'archivolte raconte en neuf scènes une suite profane et moralisatrice souvent résumée comme "la chevauchée des amoureux qui se termine mal" ; au début de l'arc, des claveaux disparates à décor d'entrelacs et de damiers proviennent de réparations tardives. Dans les premières scènes, on voit un homme ithyphallique nu tenant un rouleau et une tige ou un serpent tandis qu'un long serpent commence à s'enrouler autour de sa jambe, puis un couple habillé couché l'un sur l'autre, et un deuxième homme ithyphallique avançant la jambe gauche, saluant peut‑être le couple et portant une tige feuillue à trois fruits, ses bottines gisant au sol. Le couple réapparaît en promenade main dans la main, la femme au visage partiellement martelé montrant de petits seins et un bandeau au poignet, le chevalier tenant son destrier harnaché comme à la fin du XIe siècle, puis un veneur à pied sonnant du cor tandis qu'un cerf est aux abois, association littéraire fréquente entre amour et chasse. Suivent deux animaux indéterminés à croupe haute aux cous entrelacés, puis des échassiers affrontés en haut et des volatiles processionnant en bas. Enfin, une scène montre l'exécution d'un homme présenté de face, tenant un objet rectangulaire pendant que le bourreau lève son cou pour la décapitation et qu'un troisième personnage tient la tête, et la dernière scène représente la pendaison d'une femme, un homme passant une corde autour de son cou comme pour un nœud coulant. L'ensemble de la façade forme un "sermon en pierre" dénonçant la luxure, l'avarice, l'amour interdit et leurs conséquences, et l'intrusion de la littérature profane dans cette petite église rurale de l'Entre‑deux‑Mers est particulièrement remarquable.

Liens externes