Origine et histoire de l'Église Saint-Sulpice
L'église Saint-Sulpice de Béthancourt-en-Valois (Oise, Hauts-de-France) domine le village depuis le bord du plateau qui surplombe la vallée de l'Automne et se situe rue de l'Église, côté sud d'une pente abrupte. L'édifice comprend une nef basilicale non voûtée de cinq travées précédée d'un portail occidental à pignon et six voussures, un chœur de deux travées voûté d'ogives avec collatéraux et un chevet plat, ainsi qu'un clocher ajouré implanté au nord, dont la base romanique subsiste. La nef, longue et dépouillée, conserve des grandes arcades en tiers-point retombant sur des piliers rectangulaires aux angles abattus et des fenêtres hautes aujourd'hui bouchées ; elle a reçu au XVIe siècle une fausse voûte en berceau en bois plâtré. Le chœur, d'une facture plus recherchée, présente des voûtes ogivales sur un système de supports dit « chartrain », inspiré des cathédrales d'Amiens et de Chartres et rare dans le Valois, ainsi que des grandes arcades et un remplage gothique rayonnant à la baie du chevet. Les bas-côtés ont été remaniés à l'époque moderne : le bas-côté nord a été reconstruit au XVIe siècle et le bas-côté sud au XVIIe siècle ; ils partagent toutefois une toiture commune avec la nef. Le clocher, dont la souche est antérieure aux transformations, comporte des baies en plein cintre à la base et un étage de beffroi ajouré en arc brisé ; ses cadrans d'horloge ont été posés lors de la restauration des années 1990. Extérieurement, l'édifice est appareillé en pierre de taille ; le portail occidental et le clocher constituent les éléments d'intérêt les plus remarqués, tandis que les élévations sont globalement sobres. L'intérieur offre des éléments sculptés variés : chapiteaux des grandes arcades ornés de feuillages striés, culots et bases simples, ainsi que des consoles et décharges sculptées de style flamboyant dans les bas-côtés. Les collatéraux reprennent le parti des voûtes et présentent des arcatures plaquées et des culots décorés, ainsi qu'une polychromie architecturale résiduelle sur les nervures des voûtes. Le mobilier est riche et largement protégé : vingt-quatre éléments sont classés ou inscrits au titre des objets, parmi lesquels un lutrin en forme d'aigle (fin XVe-début XVIe siècle), plusieurs bras-reliquaires et divers bancs, bénitiers, la chaire à prêcher et le maître-autel avec tabernacle. L'église conserve aussi de nombreuses statues polychromes, principalement des XVe et XVIe siècles — saint Jean-Baptiste, saint Antoine, saint Étienne, une Vierge à l'Enfant du XIVe siècle, une Vierge de douleur et une Pietà — dont plusieurs sont déposées ou exposées au musée de l'Archerie et du Valois à Crépy-en-Valois. La verrière du chevet rassemble des fragments du XIIIe siècle (médaillons représentant l'Agneau mystique, un Christ bénissant et l'Adoration des mages) ainsi que des éléments du XVIe siècle. Le mobilier peint comprend une frise de la Passion sur une poutre peinte et sculptée, des panneaux de retable des XVIIe et XVIIe siècles et trois grands tableaux datés de 1645. Parmi les pièces funéraires figurent plusieurs dalles et plaques de fondation, notamment les dalles de Raymond de Toustain (1606) et de Jehanne de Cornouailles (1611). Donnée à l'abbaye de Morienval au milieu du XIIe siècle, l'église a fait l'objet de campagnes de construction successives — la nef basilicale et la façade occidentale tardive, la reconstruction du chœur au tournant des XIIe‑XIIIe siècles selon les auteurs, puis des réparations et réfections aux XVIe et XVIIe siècles — et d'une restauration à la fin du XXe siècle. Inscrite aux monuments historiques par arrêté du 22 février 1949, l'église reste un lieu de culte paroissial affilié à la paroisse de la vallée de l'Automne, où des messes dominicales y sont célébrées environ tous les deux mois.