Origine et histoire de l'Église Saint-Sulpice
L'église Saint-Sulpice est une église paroissiale catholique du VIe arrondissement située place Saint‑Sulpice à Paris, au 2 rue Palatine, desservie par les stations de métro Saint‑Sulpice, Saint‑Germain‑des‑Prés, Odéon et Mabillon. Elle est dédiée à Sulpice le Pieux et classée au titre des monuments historiques depuis le 20 mai 1915. L'origine d'un lieu de culte à cet emplacement est ancienne mais imprécise : un oratoire est déjà cité en 807 et des fouilles ont mis au jour une pierre tombale du Xe siècle, tandis qu'une première église est attestée autour du XIIe siècle. La paroisse a longtemps été liée au domaine de l'abbaye de Saint‑Germain‑des‑Prés, puis s'est développée au fil des siècles, rendant nécessaire l'édification d'un bâtiment beaucoup plus vaste. À partir du XVIIe siècle, la reconstruction et l'agrandissement ont mobilisé successivement Christophe Gamard, Louis Le Vau, Daniel Gittard, Gilles‑Marie Oppenord, Giovanni Servandoni, Oudot de Maclaurin et Jean‑François Chalgrin ; la construction, interrompue à plusieurs reprises, s'étend sur plus d'un siècle. Le plan général reprend le modèle jésuite adapté à la liturgie post‑tridentine : nef unique bordée de chapelles communicantes, transept peu saillant et coupole à la croisée. La façade occidentale, conçue par Servandoni, oppose un péristyle néoclassique et deux tours inégales, résultat d'interventions successives et d'un achèvement échelonné entre le XVIIIe et le XIXe siècle, qui confère à l'édifice une apparente dissymétrie. Le décor du péristyle comprend sept bas‑reliefs sculptés par Michel‑Ange Slodtz et deux statues de saint Pierre et saint Paul réalisées par Émile Thomas. À l'intérieur, le chœur présente des statues d'Edmé Bouchardon et une importante série de chapelles ornées de peintures et fresques, dont les célèbres compositions d'Eugène Delacroix dans la chapelle des Saints‑Anges et la coupole peinte par Lemoyne dans la chapelle de la Vierge. L'édifice conserve aussi une Vierge de Jean‑Baptiste Pigalle, des boiseries, des peintures de divers artistes et un riche mobilier liturgique. Le grand orgue, issu d'un instrument de Clicquot et reconstruit par Aristide Cavaillé‑Coll, est l'un des plus importants de Paris ; l'église possède également un orgue de chœur construit par Cavaillé‑Coll. Le transept abrite un gnomon installé au XVIIIe siècle par des scientifiques de l'Observatoire de Paris pour déterminer précisément le méridien et la date de l'équinoxe de mars. La crypte a accueilli de nombreuses sépultures et monuments funéraires désormais disparus ; l'organiste Charles‑Marie Widor repose toutefois encore dans la crypte. Saint‑Sulpice a été le cadre de mariages et de funérailles de personnalités, et a accueilli en 2019, en raison de l'incendie de Notre‑Dame, certaines cérémonies diocésaines et les funérailles nationales de Jacques Chirac. L'église a subi un incendie criminel le 17 mars 2019 qui a endommagé notamment une verrière du transept sud et le portail sud, et a fait l'objet de campagnes de restauration au XXe et XXIe siècles, parmi lesquelles la remise en état de la tour nord entre 2006 et 2011 avec un budget important, ainsi que la restauration progressive des verrières, sculptures et décors peints depuis 2016. Des travaux ponctuels ont aussi porté sur les couvertures, la sécurité incendie et le réseau électrique, et des protections (filets) ont été posées en 2023 pour prévenir la chute de pierres. L'église demeure un lieu vivant de culte, de patrimoine et de culture, fréquentée pour ses œuvres d'art, son architecture et ses grandes orgues, et elle conserve la mémoire de son long chantier et de son rôle marqué dans l'histoire religieuse et sociale de Paris.
--paris-3eme.jpg)
