Origine et histoire de l'Église Saint-Sulpice
L'église Saint-Sulpice de Pierrefonds (Oise) est une église catholique paroissiale, ouverte quotidiennement de 9h à 19h et rattachée à la paroisse Notre‑Dame‑de‑Neuffontaine de la vallée de l'Aisne. Située rue Louis‑d'Orléans (RD 335), elle est implantée au sud de l'ancien établissement thermal et du jardin botanique; la façade septentrionale longe la route tandis que la façade occidentale est précédée d'une placette donnant sur l'avenue du Rocher. Une porte fortifiée jouxte la façade occidentale et constitue un vestige du prieuré dépendant autrefois de l'abbaye de Marmoutier, dont ne subsistent que rares vestiges. De style gothique, l'édifice associe un chœur avec deux collatéraux du XIIIe siècle à une double nef flamboyante de la fin du Moyen Âge. L'église est toutefois d'origine beaucoup plus ancienne que ne le suggèrent ses parties gothiques : les travaux auraient commencé dès les années 1060 et le chœur de la première église romane paraît achevé au début du XIIe siècle, tandis que certaines mentions évoquent une fondation par le seigneur Nivelon vers 1160. Les éléments romans visibles sont notamment les trois arcades qui font communiquer les vaisseaux du chœur avec les nefs et la crypte sous le chœur, qui abrite la tombe de Nivelon et la source thermale ayant donné son nom à Pierrefonds. La crypte, composée de trois vaisseaux se terminant chacun par une abside en hémicycle, conserve neuf chapiteaux romans de facture comparable à ceux des arcades et comprend deux sépultures ; elle n'est accessible que par deux escaliers issus des anciens bas‑côtés, dont seul celui du sud reste praticable. Cette crypte répondait vraisemblablement au pèlerinage attiré par la source et non uniquement au relief du site ; elle a été partiellement comblée puis dégagée lors des travaux de reconstruction du XXe siècle. La nef romane, probablement de plan basilical avec bas‑côtés, a été remplacée à l'époque flamboyante par une double nef construite rapidement, d'où une certaine inadéquation entre les nefs et le chœur primitif. L'intérieur est spacieux et lumineux : les nefs sont éclairées directement par dix fenêtres et présentent des voûtes en berceau plâtrées, sans décor, tandis que les charpentes en carène renversée du chœur constituent un élément esthétique important. Les grandes arcades brisées séparant les deux nefs sont larges et bien moulurées, mais la nudité des murs et l'absence de voûtement contrastent avec la richesse sculptée des portails. Le raccordement entre les nefs et le chœur repose sur trois arcades romanes en plein cintre retombant sur des colonnes engagées et des chapiteaux dont certains sont d'origine et d'autres ont été fortement restaurés. Le clocher-tour présente une base et un premier étage de caractère gothique, tandis que l'étage de beffroi, de style Renaissance et daté de 1557, marque l'élément le plus récent par son décor soigné, ses ouvertures abat‑son et son lanternon. Les trois portails, de style flamboyant, comprennent un portail septentrional richement orné de dais et de statues (dont celles de saint Pierre et saint Paul, partiellement restaurées) et deux portails occidentaux aux traitements différents ; certaines sculptures ont été atteintes par le vandalisme révolutionnaire. L'extérieur, en grande partie fonctionnel, met en valeur le remplage des fenêtres, la partie supérieure du clocher et les portails, tandis que les murs gouttereaux et les contreforts présentent des finitions variables selon les côtés. Classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1862, l'église a fait l'objet de reclassements et de protections ultérieures, le clocher et le reste de l'édifice relevant d'arrêtés distincts. La Première Guerre mondiale a causé de lourds dégâts, en particulier au chœur, qui a été reconstruit en grande partie à l'identique à partir de 1926 sous la direction successive des architectes André Collin puis Armand Guéritte ; certaines parties soi‑disant romanes du mur méridional sont en réalité des reconstitutions. Lors de ces travaux la crypte a été déblayée, puis a fait l'objet à partir de 1948 d'une restauration partielle menée par l'architecte en chef Jean‑Pierre Paquet, comprenant le remplacement d'environ 30 m² de pierres et des reprises en sous‑œuvre ; plusieurs interventions prévues sont toutefois restées inachevées. Le mobilier comprend des pièces classées, dont une porte de tabernacle sculptée et peinte du XVIIe siècle représentant la Résurrection et une cloche en bronze de 1574 ornée de bas‑reliefs, ainsi que deux statues colossales flanquant le portail méridional. Enfin, la configuration liturgique historique combine une fonction paroissiale et prieurale : la nef était réservée aux fidèles, le chœur aux moines, et la cure était exercée par un curé laïc sous le patronage de l'évêché de Soissons.