Origine et histoire de l'Église Saint-Sulpice
L'église Saint-Sulpice de Roussines, située dans la commune de Roussines (Indre, Centre-Val de Loire) en Boischaut Sud, dépend de l'archidiocèse de Bourges, du doyenné du Val de Creuse et de la paroisse de Saint-Benoît-du-Sault. L'édifice, dédié à saint Sulpice, date globalement des XIIIe au XVe siècles ; il s'ouvre par un portail gothique en granit de la fin du XIIIe siècle. La façade occidentale, protégée par deux forts contreforts, est surmontée d'un très petit clocher couvert de bardeaux. La nef unique compte quatre travées et se termine par un chevet plat ; les nervures de la voûte retombent sur des colonnes engagées soutenues par des chapiteaux ornés de gros boutons fleuris ou de masques. L'entrée s'effectue par un portail à trois voussures formant un arc brisé et reposant sur des chapiteaux à crochets. Les baies, de dimensions modestes, sont garnies de vitraux datant de la fin du XIXe siècle provenant des ateliers Lobin, Fournier et Jurie. Classée au titre des monuments historiques le 21 juillet 1967, l'église a bénéficié de travaux et de restaurations documentés par des archives locales.
Les décors peints intérieurs sont particulièrement remarquables et couvrent plusieurs campagnes chronologiques. On y trouve des fresques du XIVe siècle ainsi que des peintures traditionnellement datées du XVe siècle, une inscription peinte portant la date "1472" apparaissant sur la voûte. Dans la dernière travée orientale, la voûte présente un Christ en majesté entouré du tétramorphe ; le lion et le bœuf sont visibles à ses pieds tandis que l'aigle et l'ange sont très effacés. Trois anges musiciens, jouant de la harpe, de la sacqueboute et du rebec, subsistent sur d'autres compartiments de la voûte. Sur les murs de la nef figurent d'autres scènes, interprétées malgré leur mauvais état comme le miracle de saint Nicolas et le martyre de saint Étienne.
La singularité de Roussines tient surtout à la "cavalcade" des sept péchés capitaux, une représentation originale déjà signalée par des historiens de l'art. La scène, qui occupe les voûtains de la troisième travée et se lit en sens sinistrogyre à partir d'une figure de clerc tonsuré, associe chaque péché à un cavalier monté sur un animal symbolique. L'Orgueil apparaît sous les traits d'un gentilhomme à poulaines, coiffé d'un chapeau conique et tenant un faucon sur un cheval blanc ; l'Avarice, au vêtement proche du précédent, soulève une coupe débordant de pièces et est monté sur un lion ; la Luxure chevauche un bouc ; la Gloutonnerie, au visage joufflu, tient un gigot et un gobelet et est à califourchon sur un loup probable ; la Colère s'enfonce une épée dans la poitrine tandis que sa monture, un sanglier, poursuit sa course ; la Paresse, coiffée d'un capuchon et tenant une marotte, est juchée sur un âne ; enfin l'Envie, en houppelande bourgeoise, serre une bourse et est accompagnée d'un lévrier au pelage jaune. Le clerc introducteur, tourné vers la gauche et comptant sur ses doigts, renvoie à la méthode scolastique et suggère que la série peinte illustre un sermon ou une admonestation adressée aux fidèles par un religieux, probablement d'un ordre mendiant. Les traits souvent caricaturaux et le dispositif circulaire confèrent à la scène un aspect carnavalesque et didactique à la fois.