Origine et histoire de l'Église Saint-Sulpice
L'église Saint-Sulpice de Seraincourt, dans le Val-d'Oise, est une paroissiale catholique dont l'aspect extérieur hétérogène masque une lecture interne nécessaire pour comprendre ses différentes campagnes. Les parties les plus anciennes sont le chœur voûté en berceau, la base du clocher et le clocher lui‑même, qui présentent des chapiteaux romans archaïques et se situent stylistiquement vers 1110-1125. La mouluration des doubleaux et le type de clocher en bâtière avec colonnettes d'angle font de l'édifice un témoin précoce dans le Vexin français. Après l'installation des chanoines réguliers de Prémontré, l'église a reçu un croisillon nord et une chapelle latérale nord de style gothique primitif, et le voûtement d'ogives semble avoir été réalisé au début du XIIIe siècle. Au premier tiers du XIVe siècle fut édifiée au sud du sanctuaire une vaste chapelle de deux travées, de style rayonnant tardif et d'exécution soignée. La nef actuelle date de 1863 : elle a été reconstruite en réutilisant de nombreux blocs sculptés, colonnettes et matériaux de l'ancienne nef, et déplacée de 80 cm pour s'aligner sur l'axe du clocher. La fenêtre flamboyante du chevet n'est pas antérieure à la fin du XVe siècle et atteste d'un remaniement tardif du chevet. L'église dépendait des chanoines prémontrés de 1175 à 1791 et, sous l'Ancien Régime, la paroisse relevait de l'archidiocèse de Rouen, de l'archidiaconé du Vexin et du doyenné de Meulan. Vers 1170-1176 la paroisse fut donnée à l'abbaye Saint-Josse de Dommartin, maison des Prémontrés, qui y établit un prieuré-cure, lien qui perdura jusqu'à la Révolution. La Révolution entraîna la suppression de l'abbaye et la vente comme biens nationaux du prieuré Saint-Pierre, de la chapelle Saint-Jean et du presbytère ; le culte fut interdit pendant la Terreur puis rétabli progressivement sous le Concordat. Le cimetière autour de l'église fut transféré hors du bourg en 1884, provoquant exhumations et travaux sur les niveaux de sol. L'édifice a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1926 puis classé par arrêté du 7 janvier 1930. Après la création du département du Val-d'Oise et du diocèse de Pontoise, Seraincourt demeura exceptionnellement dans le diocèse de Versailles jusqu'au 1er septembre 2017, date à laquelle la commune rejoignit le diocèse de Pontoise et la paroisse Avernes et Marines ; les messes dominicales y sont toujours célébrées quatre fois par an. Les campagnes de restauration sont nombreuses : travaux de couverture en 1824, reconstruction et réception de la nef en 1863, voûte de la base du clocher refaite à l'identique en 1867 et vitraux remplacés la même année. Des restaurations ont suivi l'inscription de 1930 (1931-1935), des réparations furent entreprises après les dégâts de la Seconde Guerre mondiale en 1944, des vitraux furent posés en 1953-54 et des travaux de toiture et de soubassement ont été menés entre 1995 et 1998 sous la direction de l'architecte en chef des monuments historiques. L'église subit des dommages importants lors des combats d'août 1944 : tous les vitraux furent détruits ou endommagés et une clochette de 1790, classée au titre objet, fut volée en 1946 pendant les restaurations. Orientée régulièrement, l'église se compose d'une nef de trois travées, d'une base du clocher qui forme la croisée du transept, d'un chœur d'une travée, d'un croisillon nord profond, d'une chapelle nord accolée et d'une chapelle sud de deux travées ; les chevets sont plats et alignés. L'intérieur conserve la voûte en berceau du chœur attribuée à la phase romane, de nombreux chapiteaux romans dans la base du clocher et des voûtes d'ogives dans le croisillon et les chapelles ; la nef reconstruite en 1863 présente trois voûtes d'arêtes en briques creuses. Le clocher, de plan carré et de dimensions restreintes, offre doubleaux et colonnettes à chapiteaux, tailloirs et une corniche à modillons ; il est considéré comme un prototype des clochers romans à colonnettes d'angle du Vexin. Le répertoire sculpté des chapiteaux de la base du clocher — volutes, masques, godrons, feuilles d'acanthe — permet des comparaisons régionales et confirme la datation ancienne. La chapelle sud se distingue par ses grandes fenêtres à remplages, ses meneaux chanfreinés, ses formerets toriques, ses ogives et ses faisceaux de colonnettes, traits qui annoncent par certains aspects la période flamboyante. Le croisillon et la chapelle nord montrent des voûtes d'ogives retombant sur des colonnettes en délit et des chapiteaux à crochets, avec des dispositions intérieures révélant des adaptations successives. Le mobilier, appauvri par la Révolution et la guerre, comprend néanmoins une statue de saint Sulpice en bois polychrome classée au titre objet, une cloche de 1877, le maître-autel du XVIIIe siècle en chêne sculpté, l'ancien autel de la Vierge et divers tableaux et ex-voto. Implantée au centre du bourg, dans la vallée de l'Aubette de Meulan, l'église est dégagée et accessible, avec une pelouse sur son flanc méridional, un espace de stationnement devant la façade et la mairie à proximité.
