Origine et histoire de l'Église Saint-Sylvain
L'église Saint-Sylvain d'Ahun, en Creuse, associe un chevet et une crypte romane au milieu du XIIe siècle à une nef reconstruite au XVIIIe siècle. Le chevet, de style limousin, présente six larges fenêtres en plein cintre à mouluration, séparées par des contreforts-colonnes dont les chapiteaux sont sculptés d'animaux fantastiques et de motifs végétaux ; un deuxième niveau d'arcatures, d'inspiration berrichonne, couronne l'ensemble. L'absidiole sud a fait l'objet d'une restauration en 1932 par E. Harot. La reconstruction de la nef fut engagée après 1770 et confiée à Joseph Brousseau, qui proposa un vaisseau voûté en berceau d'anse de panier revêtu de plâtre sur lattis, éclairé par de hautes fenêtres et élargi par deux chapelles à trois pans formant les bras du transept ; le clocher octogonal en façade reprend l'esprit du clocher primitif placé à la croisée. La présence d'une crypte et d'un chœur primitif est attestée; la plus ancienne mention connue remonte à 1141, lorsque l'évêque de Limoges reconnut la propriété de l'abbaye de Moutier-d'Ahun, reconnaissance confirmée en 1182 par le pape Lucius III. Les archives municipales signalent des réparations après les guerres de religion en 1598 et des dégâts causés par la foudre au clocher en 1665. En 1770 l'édifice fut mis en interdit en raison du délabrement ; un devis de travaux présenté le 6 avril 1777 par Joseph Brousseau fut accepté et l'église fut rendue au culte le 26 novembre 1781. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1992.
Selon le procès-verbal de réouverture, il ne subsiste de l'église primitive que le chœur semi-circulaire situé derrière l'arc triomphal et l'absidiole méridionale ; l'absidiole septentrionale a disparu et le style de construction correspond au milieu du XIIe siècle. L'abside est éclairée par cinq fenêtres et s'articule en deux étages séparés par un cordon torique : l'étage inférieur présente, entre les baies, des colonnes aux chapiteaux ornés d'animaux adossés ou de palmettes, tandis que l'étage supérieur est rythmé par des arcatures aveugles en plein cintre montées sur des colonnettes cylindriques, un dispositif proche de certaines abside du Berry. Sous le chœur et l'absidiole s'ouvre une crypte, accessible par une porte latérale sans doute moderne, dont l'architecture pourrait remonter au XIe siècle ; elle se compose de deux salles en hémicycle, la salle sous le chœur étant divisée en trois vaisseaux voûtés d'arêtes reposant sur deux rangées de colonnes monolithes aux chapiteaux non sculptés. Des colonnes contraints au mur encadrent deux arcatures en plein cintre et, du côté occidental, trois fenestrellæ aujourd'hui bouchées apportaient autrefois la lumière à l'église haute. Le chevet est éclairé par trois fenêtres en plein cintre qui donnent sur un autel de pierre nu ; un tombeau destiné à renfermer des reliques, situé derrière l'autel, paraît antérieur à la crypte.
Le mobilier comprend des boiseries du chœur réalisées en 1689 par Jean Pavillon, composées d'un entablement circulaire reposant sur des colonnes sculptées de pampres et d'animaux, avec des bustes d'anges aux extrémités ; deux niches latérales abritent les statues de saint Gilles et de saint Sylvain en dalmatique, tenant livre et palme. L'église possède également une chaire, des stalles dans l'avant-choeur disposées en rangées doubles, un autel de chapelle surmonté d'un tableau, un second autel avec une statue de saint et une chaire de prédication, ainsi qu'un retable en bois doré du XVIIe siècle. À l'entrée se trouve une cuve baptismale du XIIe siècle et, dans l'une des chapelles d'accueil, une Vierge de Pitié en ronde-bosse du XVIe siècle entourée de saint Jean, de sainte Madeleine et de deux saintes femmes.